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Turquie: création du parti Gezi, héritier de la contestation

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Cem Köksal est un guitariste de rock turc âgé de 37 ans. S’il se distingue dans le milieu musical, il joue maintenant sur la scène politique. L’homme, entouré d’un groupe de musiciens et d’artistes turcs, est à l’origine de la création du parti Gezi, officiellement enregistré le 1er octobre auprès du ministère de l’Intérieur turc.

Le parti, héritier direct de la vague de protestation qui a déferlé sur la Turquie il y a cinq mois, entend rassembler les milliers de manifestants ayant lutté pendant des semaines contre le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc.

« Faire disparaître les causes de la révolte »

Initialement mené par des écologistes et des riverains du quartier de Taksim à Istanbul, qui s’opposaient à la destruction du parc Gezi, la contestation s’était étendue pendant tout le mois de juin à la ville toute entière ainsi qu’à la capitale, Ankara, et à d’autres villes de Turquie. Les manifestants s’identifiaient sous le hashtag #OccupyGezi, symbole du mouvement contestataire.

Sur la page Facebook du parti, les fondateurs expliquent ainsi vouloir « faire disparaître les causes de la révolte née dans le parc Gezi et qui a explosé aux quatre coins de la Turquie » avec cinq mots d’ordre : « Liberté, démocratie, droits de l’Homme, indépendance et justice. »

Un parti enraciné dans la contestation

Le logo du parti, un homme « enraciné » portant un grand globe vert sur ses bras – le tout formant un arbre – rappelle à la fois l’origine « écologique » du parti, né de la protestation contre la destruction du parc Gezi, et l’image de « l’homme debout », emblème du mouvement contestataire.

En juin dernier, Erdem Gunduz, chorégraphe d’Istanbul, s’était en effet fixé comme objectif de rester debout, sur la place Taksim, pendant un mois.

« Il est temps d’entrer au Parlement »

« Nous voulons tous vivre dans un pays démocratique. Pour faire valoir nos revendications, nous sommes descendus dans le rues et nous avons perdu des vies. […] Il est temps maintenant d’entrer au Parlement », écrivent les dirigeants du nouveau parti dans un communiqué publié sur leur page Facebook, exhortant les Turcs à les rejoindre.

Si les dirigeants du parti indiquent qu’ils souhaitent entrer au Parlement, notamment pour faire entendre leur voix lors des élections législatives de 2015 et réviser la Constitution afin de la rendre « plus démocratique », ils expliquent cependant qu’ils ne devraient pas se présenter aux prochaines élections municipales de mars 2014 « pour des raisons techniques. »

Le parti préfère se lancer dans une « tournée » à travers le pays, afin d’écouter ce que les Turcs ont à leur dire et de rester en contact avec toutes les provinces turques.

Les braises ne sont pas éteintes

Le mouvement, qui s’était quelque peu essoufflé ces derniers mois, a repris de l’ampleur à la mi-septembre lorsque des milliers de manifestants sont redescendus dans la rue pour protester contre les violences policières, rejetant sur le parti au pouvoir – le parti pour la ustice et le développement, AKP – la responsabilité de la mort d’un manifestant en juin dernier, après avoir reçu une bombe lacrymogène.

Les manifestations de septembre, une fois de plus violemment réprimées par les forces de l’ordre, ont provoqué la mort d’un autre manifestant.

Lundi 22 octobre au soir, de nouveaux affrontements entre les étudiants opposés à la construction d’une route traversant leur campus universitaire à Ankara et la police ont ravivé le feu de la contestation.

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