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Algérie: Yasmina Khadra, l’écrivain vedette qui se rêve président

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Les candidats ne se pressent pas à la porte de l’élection présidentielle algérienne. La succession d’Abdelaziz Bouteflika est entourée de mystère et nul ne sait comment se déroulera cette campagne présidentielle.

« Je suis un Algérien inquiet pour mon pays »

Pourtant, il est un Algérien mondialement connu qui vient de se risquer à oser prendre la place du président algérien. L’écrivain Yasmina Khadra, auteur de nombreux romans à succès a annoncé, samedi 2 novembre, qu’il serait candidat à l’élection présidentielle.

« C’est officiel, je suis candidat à la présidentielle de 2014 », a-t-il déclaré, confirmant une rumeur qui circulait depuis plusieurs jours en Algérie.

Dans une interview accordée à France 24, l’Algérien expatrié en France a confié qu’il lui semblait de son devoir de s’engager pour son pays. « Avant d’être un homme de lettres, je suis un Algérien inquiet pour mon pays », a-t-il expliqué. « J’ai attendu avec beaucoup de patience qu’un Algérien honnête, crédible se présente. Mais ce n’est jamais arrivé, alors j’ai décidé d’y aller moi-même », a-t-il poursuivi.

Selon ses propres dires, Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, aurait réfléchi à ce projet depuis plusieurs années.

Un programme tenu au secret

Pour le moment, le programme électoral de ce candidat surprise est encore un mystère. Celui-ci existerait bel et bien, mais restera pour le moment secret.

« Je veux que les choses changent en Algérie. Ce pays a besoin d’un nouveau souffle. Il doit apprendre à rêver et avoir de l’ambition. J’ai décidé d’aller à sa rencontre pour l’aider à accéder à ses aspirations », dit-il simplement à France 24, affirmant que tout programme concret restera « ficelé pour le moment. »

« Les Algériens aspirent à vivre dignement et librement dans leur pays, avec un projet de société enthousiasmant. Je veux aider l’Algérie à se défaire de ses chaînes, c’est aussi simple que ça. Il faut bien que quelqu’un le fasse », ajoute-t-il encore.

Pour le moment, s’il n’est pas le seul en course, l’écrivain qui dirige actuellement le Centre culturel algérien (CCA) de Paris, a néanmoins la voie libre pour mener campagne.

Officier, écrivain, puis président ?

Né dans le Sahara algérien le 10 janvier 1955, Yasmina Khadra – pseudonyme composé des deux prénoms de sa femme – est le fils d’un officier de l’Armée de libération nationale. Comme son père, Mohammed Moulessehoul, se destine tout d’abord à une carrière dans les armes et dès l’âge de neuf ans, il est envoyé en école militaire.

Il sortira officier de ces années d’études et servira en tout durant 36 ans dans l’armée nationale et notamment durant la guerre civile des années 90.

Durant ces années au service de l’Algérie, Mohammed Moulessehoul publie six romans sous son vrai nom. C’est à partir de 1988, année de création du Comité de censure militaire, que cet officier commencera à utiliser divers pseudonymes.

Ce n’est qu’en 1997 que naît Yasmina Khadra, en hommage à sa femme. « Mon épouse m’a soutenu et m’a permis de surmonter toutes les épreuves qui ont jalonné ma vie. En portant ses prénoms comme des lauriers, c’est ma façon de lui rester redevable. Sans elle, j’aurais abandonné. C’est elle qui m’a donné le courage de transgresser les interdits. Lorsque je lui ai parlé de la censure militaire, elle s’est portée volontaire pour signer à ma place mes contrats d’édition et m’a dit cette phrase qui restera biblique pour moi : ‘Tu m’as donné ton nom pour la vie. Je te donne le mien pour la postérité’ », aurait-t-il alors déclaré à l’époque.

Traduit dans 42 pays

Trois ans plus tard, l’officier écrivain, désormais commandant, quitte l’armée pour se consacrer à l’écriture. Il se distingue avec de nombreux romans unanimement salués tels que Morituri, Double Blanc, L’Automne des chimères, mais également Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat ou encore Les Sirènes de Bagdad.

Autant de titres qui reçoivent titres et félicitations pour le nouveau regard que l’auteur permet de porter sur les relations entre l’Orient et l’Occident et sur les problématiques auxquelles font face de nombreux pays du Moyen-Orient.

S’il est élu président algérien, Mohammed Moulessehoul deviendra sans doute un des rares chefs d’Etat à avoir vu ses livres traduits dans 42 pays. Ne reste plus maintenant qu’à récolter les signatures nécessaires à l’officialisation de cette candidature.

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