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Égypte: Un opéra slam sur Asmaa Mahfouz, figure de la révolution

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Présenté le 5 novembre dernier à La Villa Méditerranée, à Marseille, l’opéra slam « 80 millions de vues » retrace l’histoire d’Asmaa Mahfouz, l’une des grandes figures de la révolution égyptienne de 2011.

Hommage à Asmaa Mahfouz

L’opéra slam s’ouvre sur ce fameux 18 janvier 2011, lorsque la militante diffuse une vidéo sur Internet qui sera visionnée 85 millions de fois. Elle y appelle les Egyptiens à manifester place Tahrir contre l’oppression du président Hosni Moubarak. La jeune femme, alors âgée de 26 ans, déconnecte son ordinateur et retourne à ses occupations accompagnée de sa grand-mère, sans se douter qu’au même moment, la toile s’enflamme et que les habitants du Caire se dirigent vers la Place Tahrir…

Un opéra slam sur la place des femmes

Si la blogueuse égyptienne a été le point de départ pour créer l’opéra slam, le spectacle ne se limite pas uniquement à elle. Toute une réflexion sur la place des femmes en Egypte est également posée: « du statut particulier qu’elles occupent dans une lutte  de pouvoir qui ne concerne pas seulement l’Etat, mais aussi et surtout les corps et l’intimité la plus secrète des individus » explique Eli Commins le metteur en scène. La question des « tests de virginité » – des pratiques effectuées par l’armée sous couvert de contrôle médical, qui s’avèrent humiliantes et traumatisantes pour les femmes qui les subissent – est également abordée.

« La place des femmes dans l’opéra du XIXè siècle a toujours été confinée à des rôles et des fins tragiques. Je voulais au contraire lui redonner une place d’héroïne forte, indépendante d’un référent masculin » souligne la directrice artistique de la pièce Nathalie Négro. Pour ce projet, elle a fait appel au compositeur Alexandros Markeas, de Camille Case, et trois slameuses amateures.

Asmaa Mahfouz, lauréate du Prix Sakharov 2011

En se dressant contre le régime répressif de Moubarak dans son blog, Asmaa Mahfouz s’est attirée les foudres des autorités égyptiennes. La jeune femme a été poursuivie pour « incitation à la violence », « trouble à l’ordre public », « diffusion de fausses informations » et « diffamation envers le Conseil suprême des forces armées ».

« Une femme qui ne subit pas et qui de surcroît, mène une révolution. C’était cette histoire emblématique, amplifiée par la puissance des réseaux sociaux qu’il fallait raconter », explique la directrice artistique. La bloggeuse, toujours très active sur Twitter et Facebook, a remporté en 2011 le Prix Sakharov pour la liberté de penser, avec Mohamed Bouazizi, Ahmed al-Senussi, Razan Zeitouneh, Ali Farzat, quatre autres militants du Printemps arabe.

L’appel vidéo d’Asmaa Mahfouz (sous-titré en anglais):

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