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Israël: le mariage civil et le mariage gay bientôt reconnus?

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En Israël, seuls les mariages célébrés par un représentant religieux sont autorisés et reconnus juridiquement, qu’ils relèvent de la religion juive, musulmane, chrétienne ou autre. Mais certains partis laïques sont bien décidés à faire bouger les choses.

Récemment, plusieurs projets de loi visant à légaliser le mariage civil en Israël, notamment pour les couples mixtes – de deux religions différentes – ou homosexuels, ont été soumis à l’Assemblée.

Un « statut officiel pour l’union civile »

Dimanche 3 novembre, la ministre de la justice israélienne, Tzipi Livni, conformément à son intention annoncée en juin dernier de reconnaître « l’union domestique » pour les couples homosexuels et le mariage civil pour les couples hétérosexuels, a déposé sa proposition qui vise à créer « un statut officiel pour l’union civile, sans pour autant changer la loi actuelle sur le mariage ».

Le mariage civil, qui n’existe pas en Israël – sauf pour les personnes qui se disent agnostiques ou athées – pousse un certain nombre de couples israéliens à se marier à l’étranger, notamment à Chypre. Lorsqu’ils rentrent en Israël, leur union est alors considérée légale par les autorités religieuses.

Rejet du projet de loi

Lundi, le projet de loi d’union civile pour les homosexuels, soutenu par le parti travailliste (Avoda), a cependant été rejeté par le comité ministériel pour la législation, rapporte i24news.

« Par conséquent, le projet de loi ne recevra pas l’appui officiel de la coalition à sa lecture préliminaire, prévue plus tard cette semaine, et il est fort probable qu’il ne soit pas adopté. Le seul membre du comité qui n’a pas voté contre la proposition a été sa présidente, Tzipi Livni » indique la chaîne israélienne d’information internationale.

« Voir le droit de s’aimer reconnu par l’État »

La semaine dernière, c’est le parti Yesh Atid, dirigé par Yaïr Lapid, qui présentait un projet de loi visant à légaliser le mariage civil en Israël. Le projet de loi recommande notamment l’établissement d’une union civile laïque, qui protègerait juridiquement les couples sans qu’ils n’aient à passer par les institutions religieuses pour se marier.

« Nous n’avons aucun intérêt à contester les institutions religieuses ou les autres partis politiques », a déclaré Yaïr Lapid mardi dernier, ajoutant : « nos propres députés religieux, qui incluent deux rabbins, ont personnellement contribué à la rédaction du projet de loi. Notre seul objectif est de permettre à tous les citoyens israéliens – juifs, non-juifs, gays ou hétérosexuels – de voir leur droit de s’aimer reconnu par leur État ».

« Le but est de permettre aux couples qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se marier religieusement de sceller une union significative sans perdre leurs droits civiques » a ajouté la ministre de l’Éducation, Ruth Calderon.

Le projet a cependant été critiqué par certains membres de la Knesset (l’Assemblée israélienne), notamment des partis ultra-orthodoxes et des rabbins, attachés au mariage religieux.

« Pas une révolution »

Pour la journaliste et romancière israélienne Avirama Golan, malgré les bonnes intentions de ces projets de loi, ceux-ci ne constituent pas une « révolution ». Car « contrairement au PACS français ou à d’autres systèmes similaires dans d’autres pays européens qui ont établi une séparation entre la religion et l’État, ou tout du moins ont distingué le mariage civil du mariage à l’Église dans leur statut juridique, on peut dire que ce que les législateurs israéliens proposent aujourd’hui a en fait disparu, il n’y a donc pas de quoi parler de révolution »

« Les changements qu’ils proposent ont l’air du changement mais sont plus rhétoriques qu’autre chose, tel un jeu d’images sans contester réellement la position de force de la religion dans le pays », ajoute-t-elle, tout en reconnaissant que de cette rhétorique, « dans tout son étroitesse et sa prudence en ce qui concerne l’exercice du droit au mariage et à la famille », il est possible qu’il en sorte « quelque chose de bien »

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