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Pourquoi l’Iran tient-il un discours si contesté sur l’Holocauste?

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Peu de temps après, le ministre des Affaires étrangères, M. Javad Zarif, a fait part de vœux similaires, auxquels Christine Pelosi, fille de Nancy Pelosi – la chef de file du parti démocrate américain – a répondu : « le Nouvel An serait encore plus doux si l’Iran cessait de nier l’Holocauste. » À ces propos, M. Zarif a réagi en soutenant : « l’Iran ne l’a jamais nié. L’homme qui était responsable de ce déni n’est plus présent aujourd’hui. » Dans les semaines qui ont suivi ces publications, M. Rohani a également reconnu l’Holocauste, bien que de manière nuancée, dans le cadre d’entretiens sur la chaîne CNN.

Après huit années d’hostilité sans répit de la part de l’ancien président iranien, ces paroles augurent d’un changement de cap bienvenu.

La campagne présidentielle de M. Rohani promettait aux Iraniens une relation nouvelle et moins conflictuelle avec l’Occident. Avides d’une réforme de grande échelle, fatigués de l’isolation du pays sur la scène internationale et des sanctions de la communauté internationale, les Iraniens ont élu leur nouveau président avec enthousiasme.

L’Ayatollah Khamenei victime d’une erreur de traduction ?

Il ne fait aucun doute que M. Rohani cherche à créer un lien avec l’Occident – et particulièrement avec la communauté juive – avec des méthodes jusqu’ici jamais vues. Pourtant, bien qu’assisté par M. Zarif, il doit composer avec l’Ayatollah Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, le corps des Gardiens de la révolution islamique, et un groupe de partisans de la tendance dure. C’est pourquoi, en explorant de nouveaux moyens de communication, le président iranien et son gouvernement naviguent avec précaution.<!–jolstore–>

Lors d’un entretien pour CNN avec Christiane Amanpour, M. Rohani a décrit l’Holocauste comme « un crime que les nazis ont commis contre les juifs » qui est « répréhensible et condamnable ». Mais il a également affirmé qu’il revenait aux historiens d’en juger « l’ampleur ». Pour certains observateurs indignés, cette affirmation suggère que l’horreur de l’Holocauste aurait été exagérée.

Quelques jours plus tard, sur l’émission « This Week » de la chaine ABC, M. Zarif a affirmé que l’Holocauste n’était pas un mythe et que le texte sur le site web de l’Ayatollah Khamenei indiquant le contraire n’était autre qu’une une erreur de traduction. Il a poursuivi : « Nous condamnons le meurtre de personnes innocentes, que ce soit dans l’Allemagne nazi… ou en Palestine. » Le ministre des Affaires étrangères a reconnu le génocide des juifs européens par les nazis, mais il a aussi fait allusion à la critique de l’Iran selon laquelle Israël s’est servi de son Histoire pour minimiser le traitement infligé aux Palestiniens. 

Il importe de garder à l’esprit que le Guide suprême comme les Gardiens révolutionnaires sont l’un comme l’autre peu enclins à la reconnaissance de l’Holocauste.

Parvenir à la création de deux Etats souverains, un Etat d’Israël sûr et une Palestine viable

Remettre en question l’énormité de l’Holocauste continuera d’entraver les efforts de normalisation avec l’Occident. Mais l’invocation de l’Holocauste par certains dirigeants israéliens pour justifier l’occupation continuelle de la Cisjordanie est tout au mieux inutile. Jusqu’à présent, en ce qui concerne la situation critique de la Palestine et la réparation des relations avec la Cisjordanie, les dirigeants iraniens ne peuvent pas mieux faire que d’accepter les efforts de l’administration du président Obama visant un accord global, qui aboutirait à deux Etats souverains, un Etat d’Israël sûr et une Palestine viable, vivant côte à côte et en paix.

Avec leurs messages pour l’Occident, M. Rohani et M. Zarif s’engagent sur des chemins inconnus, et avec précaution. Cela se comprend car ils s’adressent à des publics hétérogènes, chacun avec leurs intérêts propres. Alors qu’ils doivent faire face à ces pressions, nous, nous devons chercher à entendre les mots conciliants, quand il y en a.

Il revient également aux Etats-Unis, à Israël et à la communauté internationale, de parler et d’agir de manière à aider le gouvernement iranien et son peuple à réussir une réconciliation avec son voisin, et avec le reste du monde. Alors que les discussions sur le programme nucléaire iranien débutent cette semaine, le moment ne pouvait être mieux choisi.

En tant que juif américain, je remercie M. Rohani et M. Zafir de leurs voeux de Roch Hachana sur Tweeter. Et, avec l’espoir de la réconciliation et de la paix, à l’occasion de la fête d’Aïd al-Adha, je leur dit, à eux ainsi qu’au peuple iranien, Aïd Mubarak (joyeuse fête).

* Michael Felsen est juriste et président du Workmen’s Circle de Boston, une organisation communale existant depuis plus de 110 ans, consacrée à l’éducation juive laïque, à la culture et à la justice sociale.

Article écrit pour Common Ground News Service (CGNews).

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