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Crise politique en Tunisie: le dialogue national voué à l’échec?

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La Tunisie va-t-elle sortir un jour de la profonde crise politique dans laquelle elle est plongée depuis plus de deux ans, et qui s’est aggravée ces derniers mois suite à l’assassinat de deux opposants politiques ? Pour l’heure, il est difficile d’entrevoir une issue – du moins rapide – à cette crise.

Nouvelle étape le 4 décembre

Lundi 2 décembre, le syndicat UGTT (Union générale tunisienne du travail), qui parraine le dialogue national entre le parti islamiste et l’opposition, devait faire une annonce importante concernant la reprise du dialogue, suspendu depuis le 5 novembre.

Mais le secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi, a de nouveau repoussé l’échéance de la reprise du dialogue national après sa rencontre, lundi, avec le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi. L’annonce de la reprise du dialogue national devrait donc avoir lieu mercredi 4 décembre.

Mais dans le cas où cette annonce serait une fois de plus compromise  scénario probable –, l’UGTT dévoilera alors « les tenants et les aboutissants » de l’échec du dialogue national et donnera le nom des responsables de cet échec, a expliqué Houcine Abassi lundi soir.

Absence de consensus

Les discussions entre le parti au pouvoir et l’opposition visent à mettre fin à l’impasse politique dans laquelle se trouve la Tunisie. Les pourparlers lancés fin octobre devaient permettre la nomination d’un nouveau Premier ministre pour succéder à Ali Larayedh.

Mais l’incapacité des deux parties à s’accorder sur un nom a obligé l’UGTT à suspendre le dialogue national quelques jours après. « Nous ne sommes pas arrivés à un consensus sur la personnalité qui dirigera le gouvernement, nous avons essayé de résoudre les difficultés mais il n’y a pas eu de consensus », avait alors déclaré Houcine Abassi.

Ennahdha « prêt au dialogue »

Lundi soir, le syndicaliste s’est pourtant montré optimiste, affirmant que « nous commencions à nous rapprocher d’un compromis ».

Du côté d’Ennahdha aussi, l’optimiste semble de rigueur. Le président du mouvement islamiste Rached Ghannouchi a d’ailleurs confié dans une interview accordée au Parisien la semaine dernière qu’il était « prêt au dialogue », faisant fi des accusations, par l’opposition, d’être responsable du blocage de la situation.

« S’il n’y a pas de consensus autour de notre candidat Ahmed Mestiri, on soutiendra celui qui fera l’unanimité pour en finir avec la crise », a par ailleurs déclaré un responsable d’Ennahdha au Parisien.fr.

Flou sur le nom des candidats

De nouveaux noms ont été proposés pour occuper le poste de chef du gouvernement. Outre le candidat Ahmed Mestiri (88 ans), soutenu par Ennahdha mais rejeté par l’opposition, d’autres noms sont entrés en lice pour les candidats d’opposition, comme Jelloul Ayed (64 ans), ex-ministre des Finances sous le gouvernement Essebsi et actuel leader de l’opposition, mais qui ne bénéficie pas du soutien de tous les partis d’opposition.

Le nom de Chawki Tabib, ancien bâtonnier des avocats, a également été évoqué par certains médias tunisiens. Pourtant, début novembre, l’opposition semblait s’accorder sur le nom de Mohammed Ennaceur, ancien ministre des Affaires sociales. Une absence de consensus qui enlise un peu plus la classe politique dans la crise.

Une crise sécuritaire et économique

Fin juillet, l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, imputé aux islamistes, avait envenimé la situation. La démission de l’actuel Premier ministre, qui aurait dû être effective à la mi-novembre, sera donc encore retardée en fonction du jour où le dialogue national arrivera à un accord sur le nom du futur chef du gouvernement.

Les récents attentats terroristes attribués aux djihadistes, qui ont touché deux sites touristiques fin octobre en Tunisie, ont par ailleurs accru la crise sécuritaire du pays, déjà morose d’un point de vue économique. Le Fonds monétaire international (FMI) a d’ailleurs estimé début décembre que la Tunisie devrait encore attendre pour bénéficier de nouveaux prêts.

Malgré un progrès notable des discussions avec le FMI, celui-ci a notamment pointé du doigt la trop longue gestation du processus de transition politique, près de trois ans après la chute de Ben Ali, et les incidents sécuritaires, qui ont eu un impact négatif sur la confiance dans l’économie tunisienne.

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