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Israël: d’origine éthiopienne, son don de sang est refusé

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L’affaire a fait scandale. Lors d’une opération de don du sang organisée par l’organisation Magen David Adom au Parlement israélien à Jérusalem cette semaine, la députée Pnina Tamano-Shata n’a pas pu donner son sang.

« Susceptible de propager des maladies »

Un responsable de l’organisme équivalent de la Croix Rouge, qui a été enregistré et filmé, lui a expliqué que « selon les directives du ministère de la Santé, il n’est pas possible d’accepter le sang spécial d’origine juive éthiopienne ». Selon le ministère de la Santé israélien, le sang provenant de juifs d’origine éthiopienne risquerait en effet d’être contaminé et de propager des maladies comme le sida.

La Magen David Adom refuse également les dons de sang de personnes ayant séjourné en Grande-Bretagne entre 1980 et 1986, période de propagation de la maladie de la vache folle, ainsi que le sang provenant de pays où sévit la malaria.

Un « affront raciste »

« J’ai 32 ans, je suis arrivée à l’âge de trois ans en Israël, j’ai effectué mon service militaire et j’ai deux enfants, il n’y a aucune raison de me traiter de la sorte », s’est indignée la députée, interrogée sur une chaîne de télévision privée, qualifiant ce refus « d’affront fait à toute une communauté en raison de la couleur de sa peau ».

Pnina Tamano-Shata a été la première représentante de la communauté des Falashas [les juifs éthiopiens] à entrer à la Knesset – le Parlement israélien – au sein du parti Yesh Atid dirigé par le centriste Yaïr Lapid.

« Rien n’a changé »

En 1996, alors qu’elle était encore adolescente, la députée s’était déjà insurgée contre ces pratiques jugées racistes envers les juifs éthiopiens lors d’une grande manifestation qui s’était tenue à Jérusalem devant les bureaux du Premier ministre.

Selon les révélations faites par les médias à l’époque, les autorités sanitaires israéliennes se débarrassaient du sang donné par des membres de la minorité falasha. « Depuis cette époque où j’ai moi-même manifesté, rien n’a changé », a déploré la députée.

120 000 juifs d’Ethiopie en Israël

En Israël, plus de 100 000 juifs d’Ethiopie, qui se revendiquent descendants du roi Salomon et de la reine de Saba, ont immigré pendant ces trente dernières années. Ils sont aujourd’hui plus de 120 000, dont 80 000 nés en Afrique, à vivre en Israël.

En vertu de la Loi du retour, les juifs éthiopiens ont pu s’installer en Israël depuis une trentaine d’années, notamment lors des opérations « Moïse », « Joshua » et « Salomon » en 1984, 1986 et 1991, qui révélèrent au monde entier l’existence de ces juifs noirs.

Discriminations

La politique d’intégration israélienne de ces immigrés – « Falasha » signifie d’ailleurs « exilé » ou « immigré » – reste cependant complexe et les juifs d’origine éthiopienne font régulièrement l’objet de discriminations.

Le 28 août dernier, les autorités israéliennes ont par ailleurs décidé de stopper l’émigration des Falashmoras, des Ethiopiens convertis au christianisme mais qui défendent leurs origines juives. Les autorités israéliennes, qui considèrent ces personnes comme chrétiennes, refusent de leur faire bénéficier de la Loi du retour.

Israël considère également que certains de ces Ethiopiens sont des chrétiens « de souche » et chercheraient à prouver leur judéité dans le seul but d’émigrer en Occident.

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