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Les ex-pays de l’URSS, satellites de Moscou ou affranchis désenchantés?

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« La chute de l’URSS est la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle ». La déclaration est signée Vladimir Poutine. Depuis le 8 décembre 1991 et les accords dits de Minsk, l’URSS n’est plus qu’un souvenir, fantasmé pour certains, honni pour d’autres. Mais, dans la foulée de cet éclatement, la Communauté des États indépendants (CEI) est créée le 21 décembre 1991. En dépit des objectifs de partenariat, l’unité reste bancale entre la Russie et ses anciennes annexes.

Pour autant, la situation diverge selon les États. Aux Républiques vassales du Caucase ou de l’Asie centrale, répondent les pays affranchis très tôt, et aujourd’hui intégrés dans les institutions européennes.

Les Républiques vassales

L’ambition de Moscou, clairement affichée par le tandem Poutine-Medvedev, est simple : il s’agit, grosso modo, de dissuader les anciennes Républiques soviétiques de se rapprocher d’autres entités, telles que l’Union européenne (UE). A terme, le but est de (re)créer une puissance russe multipolaire. Pour ce faire, Moscou utilise le bâton et la carotte. Dans les faits, le bâton des sanctions économiques et / ou énergétiques et le plus souvent employé, car plus efficace. Il permet de faire de ces pays les vassaux de la nébuleuse russe.

Au premier rang de ces « Républiques vassales » se trouve évidemment l’Ukraine. Dirigé par Viktor Ianoukovitch, considéré comme pro-russe, le pays ne s’est pas vraiment affranchi de Moscou, dont il est totalement dépendant dans sa demande énergétique. Les accords signés ce mardi avec Vladimir Poutine ne sont donc guère surprenants, et s’inscrivent dans une géopolitique ukrainienne russo-centrée.

Le second exemple frappant réside dans les pays du Caucase, ou a fortiori ceux d’Asie centrale. La Géorgie illustre parfaitement le rapport compliqué qu’entretiennent les composantes de l’ex-URSS avec la Russie. Le Russe conçoit le Géorgien comme « l’étranger proche ». Autrement dit un étranger, mais sur lequel la Russie a un droit de regard. Ainsi, les ambitions européennes – éloignées – de la Géorgie, de la Moldavie ou de l’Ukraine sont peu envisageables en l’état. Moscou tient à ses satellites.

Quant aux États d’Asie centrale, ils ont toujours été une sorte de fardeau, de boulet économique dont la Russie est plutôt satisfaite de s’être débarrassée. Néanmoins, leur rêve d’affranchissement via le mythe fondateur et unificateur de Gengis Khan ne peut rien occulter. Enclavés géographiquement, faibles politiquement, ils ont un besoin vital de la Russie.

Les affranchis

Lors de l’éclatement de l’URSS, certains États, déjà indépendants par le passé, se sont vite libérés du modèle russe. C’est le cas des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie). Leur indépendance vis-à-vis de Moscou tient à leur rapidité, dans les années 1990, à évoluer. Sortis du système soviétique de planification centrale, ils sont passés rapidement à une économie de marché. Pendant ce temps, le Caucase apprenait douloureusement la transition post-soviétique, peu préparé au libéralisme économique.

L’Azerbaïdjan a également bien mené sa sortie de l’URSS, en ayant une politique pro-occidentale efficace, sans pour autant se fâcher avec la Russie.

Finalement, la désillusion des ex-républiques soviétiques peut être endiguée. L’affranchissement d’avec la Russie est paradoxalement au prix de relations étroites avec elle. Les républiques baltes, l’Ukraine, la Biélorussie sont plus ou moins affranchies de Moscou, mais ne peuvent se passer des matières premières russes. A contrario, l’État russe a besoin de ses pays frontaliers, pour exporter ses matières premières.

L’Ukraine est le symbole de cette interdépendance – énergétique – avec Moscou. Il est entendu que Kiev ne peut se passer des Russes. Les accords de cette semaine démontrent aussi que la Russie a peut-être plus besoin de l’Ukraine qu’elle ne veut l’admettre. 

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