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À l’approche du scrutin présidentiel, mystère sur la santé de Bouteflika

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Encore une fois, les rumeurs concernant la santé d’Abdelaziz Bouteflika vont bon train alors que ce dernier est hospitalisé depuis plusieurs jours à Paris. Une visite de routine, selon les communiqués transmis par le gouvernement, mais les Algériens ne veulent plus être dupes et à quelques semaines de l’élection présidentielle, ces derniers aimeraient bien en savoir plus sur le réel état de santé du chef de l’Etat, âgé de 76 ans.

Les Algériens soupçonnent le gouvernement de leur mentir

Selon le communiqué du gouvernement, l’hospitalisation du chef de l’Etat algérien s’effectue « dans le cadre d’une visite médicale routinière de contrôle » et durera « jusqu’au vendredi 17 janvier ». Jusqu’ici, rien d’alarmant, si ce n’est que de nombreux détails viennent semer le doute parmi l’opinion publique algérienne.

Premier élément : cette visite s’effectue à la suite d’un premier contrôle réalisé à Alger. Or selon certaines rumeurs, qui circulent sur les sites algériens depuis le début de la semaine, Abdelaziz Bouteflika aurait été transféré dès dimanche 12 janvier, et non le lendemain, et en urgence, des informations qui viennent contredire les thèses officielles.

Autre élément étrange : la présence de la famille du président à Paris. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, les proches du chef de l’Etat seraient également arrivés dans la journée de dimanche et séjourneraient à l’hôtel George V. Cette présence pourrait témoigner de la gravité de l’état de santé du patient.

Pourquoi tant d’urgence ?

L’agenda de cette consultation n’est pas non plus anodin. En effet, l’élection présidentielle doit se dérouler mi-avril et afin que ce délai soit respecté, le corps électoral doit être réuni 90 jours avant le scrutin, soit maintenant, entre le jeudi 16 et le vendredi 17 janvier.

La communication officielle du gouvernement indique que le président pourrait être de retour sur le sol algérien dès vendredi. « Abdelaziz Bouteflika va-t-il convoquer à temps le corps électoral ? », s’interroge alors El Watan, dans un article paru jeudi. « La question reste sans réponse », ajoute le quotidien pour qui « une simple publication d’un décret, qui serait déjà signé avant son départ pour la France, suffit largement pour dépasser cet écueil ».

Le communiqué du gouvernement à ce propos prête d’ailleurs à confusion. Dans une dépêche publiée avant l’annonce officielle de l’hospitalisation du président, le gouvernement indiquait que « sauf cas de force majeure », Abdelaziz Bouteflika « procèdera […] à la convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle de 2014 entre les 16 et 17 janvier en cours, conformément aux délais impartis par le code électoral ».

Mais alors, s’interrogent les Algériens, « puisque le déplacement n’est pas dicté par l’urgence, pourquoi alors l’entreprendre à la veille de la convocation du corps électoral ? La présidence ne peut-elle pas l’avancer ou le retarder ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas annoncé depuis longtemps ou, du moins, le jour même du déplacement, soit lundi ? », peut-on lire dans El Watan.

Pourquoi ne pas avoir prévenu les Algériens ?

Le mystère plane et dans cette affaire, les Algériens ont l’impression de n’être que le cadet des soucis du gouvernement.

« Les mêmes qui mettent en images et en mots la communication d’Abdelaziz Bouteflika auraient pu préparer l’opinion depuis quelques jours, en annonçant que cette « visite médicale routinière de contrôle » allait avoir lieu. Mais non ! », s’indigne ainsi le site TSA.

En outre, et d’une manière générale, l’opinion publique est de plus en plus agacée par les communiqués du gouvernement. « Bouteflika de nouveau à l’hôpital du Val-de-Grâce : Cache-t-on la vérité ? », titrait ainsi El Watan, mercredi 15 janvier. « Une fois encore, on met les Algériens devant le fait accompli contribuant en cela à un émoi sur les réseaux sociaux qui, en attendant le communiqué de la présidence, bruissaient de rumeurs toutes plus alarmantes sur la santé du Président, voire son décès », souligne encore le site TSA qui s’interroge : « Quel est réellement l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika ? ».

Abdelaziz Bouteflika se présentera-t-il à la présidence ?

La rumeur est d’autant plus inquiétante que le chef de l’Etat n’a toujours pas fait état de ses ambitions électorales. Muet sur sa volonté à se présenter de nouveau à la magistrature suprême, le chef de l’Etat a, selon le code électoral algérien, jusqu’à 45 jours avant le scrutin pour faire état de sa candidature.

« À trois mois de l’élection présidentielle, annoncée pour le mois d’avril, les déclarations et rumeurs vont bon train sur un éventuel quatrième mandat du chef de l’État », explique ainsi l’hebdomadaire Jeune Afrique. « Malgré son état de santé préoccupant, ses partisans au sein du Front de Libération nationale (FLN) affirment qu’il demeure leur meilleur candidat ».

Son entourage le pousse à rester, « alors que tout le monde sait que le président est malade, incapable de gérer le pays », déplorait ainsi Sofiane Djilali, président du parti Jil Jadid, lors d’une réunion des formations d’opposition à Alger.

Mais un élément de taille aurait depuis poussé le président à ne pas raccrocher si vite : la candidature à la magistrature suprême d’Ali Benflis, un ancien Premier ministre du président sortant et devenu son ennemi juré depuis qu’il s’est présenté contre lui en 2004. Adversaire de taille, Ali Benflis aurait toutes ses chances lors de ce scrutin.

Or selon les propos d’un ancien ministre, révélés par El Watan, « passer les clés du palais d’El Mouradia à son pire ennemi serait insupportable, voire inacceptable pour Bouteflika ».

Une affaire de haute politique à laquelle les électeurs algériens ne semblent pas être conviés. « Une fois encore, Abdelaziz Bouteflika laisse les Algériens dans l’expectative, sans dire qu’il les prend en otage », conclut ainsi le site TSA.

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