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Comment les Palestiniens se souviennent-ils d’Ariel Sharon?

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Il est resté dans le coma près de huit ans avant de décéder samedi 11 janvier 2014. 

En Israël, l’ambiance est au deuil. Partout, non… pas dans les territoires palestiniens. Là, comme au Liban, l’heure est au souvenir, au souvenir des victimes du soldat Sharon. 

L’homme des massacres de Sabra et Chatila

L’ancien général Ariel Sharon a été à la tête du gouvernement israélien de 2001 à 2006. Elu alors qu’il faisait partie du Likoud, parti de l’actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu, il a ensuite été le fondateur du parti de centre-droit Kadima.

Avant d’être au pouvoir, il s’est notamment illustré lors des guerres israélo-arabes de 1948-1949, durant la crise du Canal de Suez en 1956 puis pendant la Guerre des Six Jours en 1967 et la Guerre du Kippour en 1973.

C’est également lui qui, en 1982, a mené l’invasion du Liban. Cette année-là, il était ministre de la Défense et il sera plus tard jugé responsable des massacres survenus dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, qui ont fait entre 700 et 3 500 morts selon les sources, ce qui le conduira à la démission. Il a néanmoins été élu à la tête du gouvernement à deux reprises après cela.

Le récit qui se transmet chez les Palestiniens

C’est dans le quotidien palestinien Al Manar que le ressentiment contre Ariel Sharon est le plus visible lorsqu’il s’agit de ces deux massacres.

« C’était en 1982, à l’entrée du camp de Sabra et Chatila. Ariel Sharon qui était alors ministre de la Guerre était venu sur place pour voir de ses propres yeux l’exécution de son plan : le massacre », relate le quotidien. « Il ne restait plus […] que des femmes et des enfants, les hommes ayant été abattus quelques jours plus tôt par les alliés libanais d’Israël : les Forces libanaises ».

L’article poursuit alors, « tout à coup, Sharon se détacha de ses hommes, se dirigea vers certains enfants âgés de deux et trois ans qui étaient en train de jouer. De sang-froid il tua le premier, puis le second ».

Le quotidien cite alors le réalisateur Georges Sluizer, dans un documentaire présenté au festival international des documentaires d’Amsterdam. « Sharon n’a exprimé aucune sentiment de bouleversement, il paraissait très calme, indifférent à notre présence, il ne semblait même pas craindre que cette scène puisse être transmise au monde entier », cite encore le journal, selon des propos attribués à Georges Sluizer.

Un homme ambitieux et brutal

« Nous sommes tous tenus de ne pas oublier ses victimes, ses innombrables morts, blessés et déplacés tout en rappelant au monde entier que cet homme n’était pas un héros ; c’était un criminel ». Ces mots ne sont pas palestiniens ni libanais mais bien israéliens. Miko Peled est un activiste pacifiste et dans un éditorial daté du 9 janvier, ce dernier revient également sur la carrière d’Ariel Sharon.

« J’ai toujours jugé aberrant que les gens puissent se réjouir de la mort de quelqu’un », commence-t-il en introduction de son article avant de poursuivre, « toutefois, j’estime important et urgent de faire une mise au point et de rétablir les faits au sujet de cet homme avant que ne commencent les torrents écœurants des condoléances, débordants d’hypocrisie et de mensonges qui suivront sa mort ».

« Ariel Sharon était un homme ambitieux. Il était brutal, avide, intransigeant et malhonnête. Il avait une soif insatiable de pouvoir, de gloire et de fortune », estime encore Miko Peled avant de conclure, « malgré tout ce qu’il a été dit sur lui, l’appellation ‘homme de paix’ est certainement la chose la plus absurde et la plus ridicule jamais dite sur Sharon ».

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