Site icon La Revue Internationale

Foot: les Iraniennes auront-elles bientôt le droit d’entrer dans un stade?

[image:1,l]

L’association Fitnah, qui défend l’égalité des sexes et appelle à la fin des lois misogynes en Iran, vient de lancer une pétition pour que le gouvernement iranien lève enfin l’interdiction des stades de football pour les femmes dans le pays.

Mettre fin à 34 ans d’interdiction

« Les Iraniens et les Iraniennes sont fous de football, mais les femmes sont interdites d’entrer dans les stades de foot. Certaines détournent la loi en s’habillant en hommes pour pouvoir entrer. Celles qui se font prendre sont harcelées, condamnées à une amende et emprisonnées », écrit l’association dans sa campagne lancée cette semaine sur Internet.

« Suite à d’importantes manifestations, le président de la FIFA a abordé la question des femmes lors des matchs de foot. Dans le contexte de la coupe du monde de la FIFA de juin 2014, nous appelons à l’ouverture des stades de foot pour tous et toutes », exhorte l’association. « Il faut mettre fin à 34 ans d’interdiction par le régime islamique d’Iran pour les supportrices ! ».

Le président de la FIFA, Sepp Blatter, avait en effet plaidé début novembre à Téhéran, la capitale iranienne, pour mettre fin à cette interdiction ; une « loi culturelle » qui selon lui freine le développement du sport féminin.

Protéger les femmes des jurons

En 1970, soit neuf ans avant la révolution islamique, la première équipe officielle de football féminin naissait en Iran. Mais la révolution de 1979, qui rendit obligatoire le port du voile islamique pour les femmes, leur ôta en même temps le ballon rond des mains. Il faudra attendre quatorze ans pour qu’une première compétition officielle de foot féminin soit organisée par l’Université Alzahra, l’université de femmes de Téhéran.

Des équipes de foot formées par les étudiantes émergent et, en 1997, les clubs de foot obtiennent l’autorisation de former des équipes féminines – à condition qu’elles s’exercent dans des salles fermées, surveillées par des hommes.

En 2004, les footballeuses obtiennent finalement la permission de jouer dans des stades ouverts, mais doivent porter le voile. La mixité n’est cependant toujours pas autorisée dans les stades. Il s’agit, selon les autorités iraniennes, de protéger les femmes des jurons proférés par les hommes.

Le président de la FIFA fait pression

C’est cette interdiction qui a poussé le réalisateur iranien Jafar Panahi à réaliser, en 2006, le film Offside (Hors-jeu en français), récompensé au Festival de Berlin la même année. Il y dénonce la place de la femme dans la société iranienne en montrant l’interdiction faite aux femmes d’assister à un match sportif dans un stade. Le film retrace lhistoire dune jeune femme qui se déguise en homme pour tenter de pénétrer dans un stade lors d’un match entre l’Iran et Bahreïn.

Alors qu’il effectuait une visite de plusieurs jours en Iran début novembre, le président de la FIFA s’est entretenu avec la vice-présidente iranienne Massoumeh Ebtekar (chargée de l’Environnement et défenseure des droits des femmes), lui demandant si le gouvernement pouvait changer cette loi controversée. « Je l’ai également répété au président du Parlement et il a dit qu’il allait faire remonter cette demande », expliquait alors Sepp Blatter.

La fin de cette interdiction « est en faveur du football féminin qui se développe si bien ici et je dois dire que les femmes devraient pouvoir aller au stade », estimait-il, assurant cependant qu’il nétait pas venu en Iran « pour faire changer » la loi.

Quitter la version mobile