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Israël: les migrants africains manifestent pour le droit d’asile

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Ils étaient plus de 30 000, ce dimanche 5 janvier, à manifester dans le centre de Tel Aviv. Massés sur la place Yizthak Rabin, ces demandeurs d’asile africains, accompagnés par de nombreux militants israéliens, ont témoigné de leur colère à l’égard des autorités israéliennes.

Ces manifestants dénoncent le refus, par l’Etat hébreu, d’étudier leur dossier de demande d’asile. « Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison », pouvait-on entendre dans les rangs de cette manifestation.

En effet, sans aucun statut si ce n’est celui d’immigré en situation illégale, ces Africains d’origine restent dans une situation précaire devant le refus des autorités de leur accorder un quelconque droit d’asile.

Depuis le 10 décembre dernier, et le vote d’une loi controversée, ces immigrés peuvent également être placée en détention, jusqu’à un an avant la tenue de leur procès.

Qui sont-ils ?

Principalement d’origine soudanaise, sud-soudanaise et érythréenne, les migrants qui arrivent en Israël fuient depuis plusieurs années la guerre qui ravage leur pays.

« Nous avons fui des persécutions, des dictatures, des guerres civiles, des génocides. Le gouvernement israélien doit étudier nos demandes d’asile et nous traiter comme des êtres humains », déclare ainsi un manifestant selon des propos retranscris par Le Nouvel Observateur. « Au lieu de nous considérer comme des réfugiés, le gouvernement israélien nous traite comme des criminels », déplore encore cet Erythréen arrivé clandestinement en Israël quatre ans auparavant.

Combien sont-ils ?

Les autorités israéliennes estiment à 60 000 le nombre d’immigrés d’origine africaine qui seraient entrés illégalement sur leur territoire. Sans politique sur la question des réfugiés, Israël n’aurait donné le statut de réfugié qu’à 160 Africains depuis la création de l’Etat. Or le nombre de migrants n’a cessé d’augmenter ces dernières années et en quatre ans, son nombre a été multiplié par six.

Pour pallier à cet afflux massif, l’Etat hébreu a lancé une vaste campagne d’expulsions, en 2012, conduisant au départ forcé de 3 920 personnes.

Pour freiner l’arrivée de nouveaux immigrés, Israël a également construit une vaste clôture électronique qui suit les 230 km de frontières avec l’Egypte. Achevée, cette frontière ne laisse désormais plus passer qu’un nombre très faible de nouveaux candidats à l’exil.

Que se passe-t-il chez eux ?

Avant l’indépendance du Soudan du Sud et pendant les années de guerre civile, les Soudanais ont été nombreux à traverser le canal de Suez pour trouver la paix en Israël. Or le Soudan d’Omar el Béchir est ennemi juré d’Israël et selon la loi soudanaise, il est interdit de se rendre en territoire hébreu. Cette interdiction est même inscrite sur les passeports soudanais et les ressortissants qui reviennent d’Israël s’exposent à de sévères punitions dans leur pays d’origine.

L’Etat hébreu est en revanche allié du Soudan du Sud de Salva Kiir. En juin 2012, les autorités israéliennes avaient estimé que l’indépendance avait rétabli le calme dans ce pays et que les immigrés pouvaient désormais rentrer chez eux. Le premier avion au départ de Tel Aviv vers Juba est parti le 17 juin 2012. A son bord, 120 Soudanais ayant accepté un départ volontaire. Le billet d’avion des passagers avait été payé par les autorités qui ont également versé l’équivalent de 1 000€ à chaque adulte et 400€ pour chaque enfant.

Les Erythréens sont indépendants depuis 1993. Depuis ce jour, ce pays qui est souvent comparé à la Corée du Nord voit chaque mois 3 000 jeunes quitter le territoire. Depuis 2009, les sanctions économiques étouffent la croissance du pays et les pénuries d’essence ou encore d’électricité se multiplient. Selon l’article 33 de la convention relative au statut des réfugiés, Israël ne peut renvoyer des migrants vers des pays comme le Soudan ou l’Erythrée en raison des menaces qui pèseraient sur leur vie ou leur sécurité.

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