Site icon La Revue Internationale

JO: Poutine fait marche arrière en autorisant certaines manifestations

[image:1,l]

Vladimir Poutine tente de redorer son blason. Après avoir gracié l’opposant russe et ancien magnat du pétrole Mikhaïl Kodorkovski, et libéré une trentaine d’écologistes de Greenpeace ainsi que les deux membres du groupe punk féministe Pussy Riot à la veille de noël, le président russe a promulgué un amendement à une loi qui interdisait tout rassemblement ou manifestation pendant les prochains Jeux olympiques de Sotchi, qui auront lieu du 7 au 23 février.

Sous conditions

Désormais, « les rassemblements, réunions, manifestations, défilés et piquets qui ne sont pas directement liés aux Jeux olympiques et paralympiques pourront avoir lieu du 7 janvier au 21 mars après accord avec les autorités locales chargées de la sécurité », a indiqué le Kremlin dans un communiqué publié samedi 4 janvier sur son site.

Cet amendement, qui concerne également la tenue des Jeux paralympiques organisés à Sotchi du 7 au 16 mars, modifie le décret signé en août dernier. C’est notamment sous la pression du Comité international olympique (CIO), présidé par l’Allemand Thomas Bach, que le président russe est revenu sur sa décision.

Les manifestants souhaitant faire entendre leur voix à Sotchi, ville balnéaire située à l’Est de la mer Noire et proche des pistes de ski, pourront donc le faire à condition d’obtenir l’accord préalable des autorités de la ville et des forces de sécurité. Celles-ci devraient cependant cantonner les rassemblements dans une « zone spéciale », qui n’a pas encore été définie.

Sous surveillance

Malgré ce léger assouplissement, les mesures de sécurité entourant les prochains Jeux olympiques d’hiver s’annoncent draconiennes. Les manifestations seront ainsi étroitement contrôlées par les forces de sécurité, qui pourraient limiter le nombre de manifestants.

Les autorités russes ont par ailleurs annoncé avoir déjà déployé plus de 40 000 policiers, 5 000 caméras de surveillance, des drones et deux systèmes de détection des sous-marins par radar à Sotchi. Une enquête publiée par le quotidien britannique The Guardian au début du mois doctobre révélait également que le FSB – l’équivalent russe du FBI américain – avait installé des équipements dans la station balnéaire permettant l’interception de communications téléphoniques et Internet, et l’enregistrement des données des utilisateurs.

Ces mesures pourraient encore être renforcées suite au double attentat terroriste survenu fin décembre dans le sud du pays, dans la ville de Volgograd, qui a provoqué la mort d’une trentaine de personnes. Les deux attaques ont été attribuées par les enquêteurs russes à des kamikazes musulmans venus du Caucase, une région instable de Russie qui fait régulièrement l’objet d’attentats-suicides.

Sous pression

L’organisation des Jeux olympiques de Sotchi et les mesures strictes adoptées par le président russe sont, depuis quelques années et particulièrement ces derniers mois, l’objet de critiques en Russie comme à l’étranger.

L’adoption d’une loi interdisant la « propagande homosexuelle » en Russie avait déjà poussé en août dernier plusieurs ONG à appeler au boycott des JO et à faire pression sur le gouvernement pour garantir plus de libertés aux Russes.

Plusieurs chefs d’État et personnalités politiques ont ainsi décidé de ne pas participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, à l’instar de François Hollande ou du président allemand Joachim Gauck – qui a cependant affirmé que sa décision n’était pas politique – ou encore de la vice-présidente de la Commission européenne, Vivane Reding. Barack Obama, lui, a décidé d’envoyer dans la délégation américaine Billie Jean King, légende du tennis et militante pour les droits des homosexuels.

Quitter la version mobile