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La délicate visite de François Hollande dans une Turquie en crise

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Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan accueille François Hollande pendant deux jours à Ankara et Istanbul. (Crédit : Shutterstock).

C’est la première fois en 22 ans qu’un président français se rend en visite en Turquie. Accueilli par le président Abdullah Gül et par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, François Hollande se rend pendant deux jours entre Ankara et Istanbul. Une visite qui s’annonce d’ores et déjà délicate.

De nombreuses embûches

En effet, les sujets qui fâchent sont nombreux et François Hollande devra manier habileté et diplomatie pour ne froisser personne, à l’instar de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui avait quelque peu agacé les autorités turques en 2011, alors qu’il se prononçait ouvertement contre l’adhésion de la Turquie dans l’Union européenne.

Cette fois-ci, les embûches ne manquent pas dans la mesure ou le président français arrive en pleine crise turque. En effet, depuis plusieurs semaines, le Premier ministre Erdogan et son entourage sont largement accusés de malversations financières. Dix ministres ont déjà été limogés et l’opinion publique, de plus en plus défavorable à son Premier ministre, réclame sa démission.

« Le calendrier aurait mérité d’être accéléré », explique ainsi Laurence Dumont, députée socialiste et vice-présidente du groupe d’amitié France-Turquie pour France 24. « Là, le président est rattrapé par la crise interne turque ».

Français et Turcs réticents devant le processus d’adhésion

Comme lorsqu’un pays européen est en contact avec la Turquie, c’est la délicate question de l’adhésion à l’Union européenne qui se pose également. Sur ce point, François Hollande n’a jamais été très clair, mais alors que ce processus d’adhésion est en cours, les choses mériteront sans doute d’être précisées.

Or côté turc, l’Union européenne en crise semble de moins en moins attrayante pour une Turquie en pleine croissance et qui cherche à jouer sur deux tableaux en tentant de conserver son rôle de puissance régionale au Moyen-Orient.

Dans l’Hexagone, les Français semblent également et massivement opposés à ce processus d’adhésion et selon un sondage Ifop publié par Valeurs Actuelles, 83% des Français seraient opposés à l’adhésion turque. Parmi tous les pays européens, ce score est le plus élevé.

La politique autoritaire d’Erdogan contestée

Il demeure ensuite que depuis ces dernières années, la Turquie et son Premier ministre ont montré une face cachée de leur politique. Outre le scandale financier qui secoue le gouvernement, la Turquie a découvert à la face du monde un visage autoritaire qui a largement surpris.

Au printemps dernier, les principales métropoles du pays étaient secouées par une vaste mobilisation populaire contre la politique de Recep Tayyip Erdogan qui, selon les manifestants, est devenue liberticide. Ces manifestations ont été lourdement réprimées dans la violence.

La Turquie demeure encore aujourd’hui un pays dans lequel la liberté d’expression est plus que jamais surveillée et reste aujourd’hui le deuxième pays au monde pour le nombre de journalistes emprisonnés. De nombreux éléments qui ne font que décrédibiliser la candidature turque à l’Union européenne.

Des partenariats commerciaux potentiels

Au niveau bilatéral cependant, la France a beaucoup à gagner à retisser des liens avec les Trucs. Entre 2009 et 2012, révèle Le Figaro, les parts de marché de la France sont passées de 6% à 3%.

« Or en dépit de ses difficultés actuelles, le pays voit émerger une classe moyenne et, avec elle, s’ouvrir de nouvelles perspectives commerciales », explique encore Le Figaro.

C’est pour cette raison que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a été envoyé en Turquie avant le président, au mois d’octobre.

« L’objectif est de faire de nos relations économiques reconstruites le point de solidité entre nos deux pays, quelles que soient les vicissitudes politiques », avait-il alors déclaré depuis l’université Galatasaray.

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