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Les conséquences inattendues du Printemps arabe

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Les vagues de révolutions arabes qui se sont succédées depuis la fin de l’année 2010 ont permis aux populations de nombreux pays de sortir dans la rue pour exprimer leur colère, une colère qui s’est traduite par la chute des dirigeants. Quelques mois ou quelques années plus tard, force est de constater que des maux en ont remplacé d’autres. Un journaliste de la BBC s’est efforcé de dresser la liste des dix événements inattendus et « tristes » qui ont succédé à ces révoltes populaires.

Trois ans plus tard, retour au point de départ ?

Lorsqu’ils sont sortis dans la rue, à Sidi Bouzid en Tunisie, ou encore place Tahrir en Egypte, les révolutionnaires du Printemps arabes étaient plein d’espérance et les médias du monde entier se faisaient le relais de messages de liberté et de démocratie. Près de trois ans plus tard, alors que les manifestations n’ont, dans la plupart des cas, pas cessé, ces espoirs ont fait place à une multitude désordres politiques.

Une révolution ne se fait pas en quelques jours et le retour à l’ordre constitutionnel et à l’unité nationale est douloureux. En Tunisie, le monde politique est plus que jamais divisé et les libéraux font face aux forces islamistes d’Ennahda. En Egypte, après un an de pouvoir des Frères musulmans, les libéraux sont parvenus, avec l’aide de l’armée, à faire tomber le président Mohamed Morsi. Quelques mois plus tard, l’armée règne de nouveau en maître. En Libye, pays souvent qualifié de bon élève du Printemps arabe, le territoire est plus que jamais divisé et les revendications sécessionnistes mettent à mal l’unité nationale.

Ailleurs, comme au Yémen ou au Maroc, les Printemps arabes ont été étouffé avant de sortir véritablement dans la rue laissant dans chaque pays des restes de revendications qui menacent encore les pouvoirs.

Pour la BBC, les révolutions arabes ont laissé place à de grandes et « tristes » conséquences qu’il convient de lister.

Les femmes, ces grandes perdantes

S’il est une conséquence qui a souvent été traitée ces derniers mois, c’est bien la situation des femmes dans les pays qui ressuscitent des Printemps arabes. En Egypte particulièrement, les femmes ont été les victimes de nombreuses exactions. En Tunisie, pays leader au Maghreb dans les droits des femmes, leur situation s’est largement détériorée, notamment en raison de la forte poussée des islamistes dans la vie politique.

Alors qu’elles étaient dans la rue, au même titre que les hommes, pour demander plus de libertés, les femmes ont été reléguées au second plan et subissent aujourd’hui les nouvelles sociétés en construction.

Les gagnants sont devenus perdants

La BBC pointe ici du doigt les difficiles processus démocratiques qui entourent le retour à l’ordre constitutionnel postrévolutionnaire, en Egypte notamment.

Lorsque les premières élections législatives libres du pays ont été organisées, durant l’hiver 2011-2012, les Egyptiens ont découvert le multipartisme. Or les Frères musulmans, au sein du Parti de la Justice et de la Liberté représentaient en fait la seule organisation solide dans le pays. Fort d’un maillage important dans les régions rurales, la confrérie a gagné sans difficultés le scrutin et a  ravi la majorité des places au Parlement.

Quelques mois plus tard, ce score a été confirmé par l’élection de Mohamed Morsi à la présidence. Mais en un an, les Frères musulmans ont sans doute voulu aller trop vite en besogne et après plusieurs décennies passées dans l’ombre du régime, ils sont devenus la bête noire des laïcs et des libéraux qui ont tôt fait de descendre dans la rue. C’est ainsi que le 3 juillet dernier, l’armée est intervenue pour défaire le chef d’Etat.

Les réseaux sociaux, l’illusion des révolutions arabes

« Au début des mouvements de protestation, l’Occident a observé avec intérêt le rôle que jouaient les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook », rappelle la BBC. « Notamment parce que les journalistes eux-mêmes sont très actifs sur ces sites ».

Cependant, rappelle encore la BBC, si ces réseaux sociaux ont donné l’apparence d’être au cœur de l’organisation des manifestations, il n’en n’est en fait rien. « Leur usage a été exclusivement réservé à une catégorie sociale élevée et influente (et souvent bilingue), une élite libérale dont les opinions ont sans doute été surmédiatisée ».

Les urnes l’ont en effet montré. Ces libéraux n’ont pas réuni de majorité autour d’eux lors des différentes élections.

L’Occident n’a pas contrôlé la suite de ses interventions

C’est en Libye que se vérifier cette affirmation de la BBC. En effet, lorsque la France et la Grande-Bretagne, sous mandat de l’ONU, sont intervenues en Libye pour « protéger les civils de Benghazi » ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que la Libye ne prennent pas le chemin tout tracé par l’Occident de la démocratie.

Il faut du temps pour que les gouvernements se relèvent, c’est la morale que semble vouloir tirer la BBC.

« Une vieille leçon – que le monde réapprend – est que les révolutions sont imprévisibles et il peut se passer de nombreuses années avant que les conséquences ne soient perceptibles ».

> Lu sur la BBC

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