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Loi contre la «propagande gay»: la Russie persiste et signe

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Dans un rapport publié mardi 14 janvier et repris en partie par l’agence de presse russe Ria Novosti, la Russie a lancé une offensive diplomatique contre la « propagande homosexuelle », accusant l’Union européenne de tenter d’imposer « une vision étrangère de l’homosexualité et du mariage entre personnes de même sexe comme étant une norme de vie ».

Contre « l’imposition de valeurs néo-libérales »

Publié par le ministère russe des Affaires étrangères, le rapport 2013 sur les droits humains dans l’Union européenne parle même de « propagande agressive de l’amour homosexuel ». La Russie déplore notamment que les États européens diffusent « leurs valeurs néo-libérales comme un mode de vie universel pour tous les autres membres de la communauté internationale ».

Selon le Huffington Post, le compte-rendu russe présente, en guise d’exemple, les manifestations contre le mariage pour tous qui ont eu lieu en France en 2013 : « il y a eu des tentatives d’imposer une vision étrangère de l’homosexualité et du mariage entre personnes de même sexe comme […] une sorte de phénomène naturel qui mérite d’être soutenu par l’État », indique la traduction anglaise – non officielle – du rapport.

« Cette approche a rencontré une certaine résistance dans des pays aux valeurs traditionnelles mais aussi dans les pays qui ont toujours été ouverts avec les « homos » [le terme employé dans la traduction, « queers », est péjoratif]. Il suffit de se rappeler des protestations d’une grande partie de la société française lors de la légalisation de ces mariages ».

Contre la « violation des droits de l’homme »

« Il est intéressant de voir que la plainte envers les violations des droits de l’homme en Europe vient de la Russie, qui l’été dernier a promulgué une loi interdisant ce qu’elle appelle la « propagande homosexuelle » dans des lieux accessibles aux mineurs », note pour sa part le site d’information Advocate.

Outre la question de l’homosexualité, le rapport remarque également « une croissance régulière de la xénophobie, du racisme, du nationalisme violent, du chauvinisme et du néo-nazisme » en Europe, indique Ria Novosti, qui rappelle que ce rapport annuel sur l’état des droits humains est le deuxième du genre publié par le ministère russe des Affaires étrangères.

Le président russe Vladimir Poutine, régulièrement critiqué en Europe pour certaines lois jugées liberticides, nie que les droits des homosexuels soint bafoués en Russie. Mais la contestation nationale et internationale à ce sujet continue de faire front commun contre Poutine, à quelques semaines du lancement des Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi.

27 Prix Nobel écrivent à Poutine

Le président russe a notamment reçu, mardi dernier, une lettre ouverte de 27 lauréats du Prix Nobel, essentiellement du domaine de la science et des arts, qui exigent du président russe l’abrogation de la loi controversée. Publiée par le quotidien britannique The Independent, la lettre a été écrite à l’initiative du chimiste Harry Kroto et de l’acteur Ian McKellen – l’interprète de Gandalf dans Le Seigneur des Anneaux.

Les signataires, dont font partie l’écrivain sud-africain JM Coetzee et l’activiste nord-irlandaise Mairead Maguire, encouragent la Russie « à embrasser les principes démocratiques, politiques, humanitaires du XXIème siècle pour lesquels Mikhaïl Gorbatchev [ancien chef d’Etat russe entre 1985 et 1991] a travaillé si dur ».

L’acteur Ian McKullen refuse de se rendre aux festivals de films en Russie

Harry Kroto fait également part, dans la lettre, de son souhait de se rendre en Russie en 2014 pour demander l’abrogation de la loi et un renforcement de la sécurité de la communauté LGBT.

Ian McKellen explique pour sa part avoir été prévenu, par le ministère des Affaires étrangères britanniques, qu’il « ne pourrait pas parler ouvertement de sa sexualité en Russie, du moins pas devant une personne âgée de moins de 18 ans ». « J’ai donc pensé que je devais refuser les invitations à assister à des festivals de films russes », indique-t-il.

« Nous sommes encouragés de voir que nos sérieuses préoccupations peuvent être prises en compte à travers la libération récente de militants politiques emprisonnés », concluent toutefois les signataires, faisant ici référence à la libération fin décembre par Poutine, de deux membres du groupe de punk féministe Pussy Riot, ainsi que d’activistes Greenpeace et de l’ancien magnat du pétrole Mikhail Khodorkovski.

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