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11 février 1979: le jour où l’Iran tombait entre les mains des ayatollahs

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Comme chaque année depuis 35 ans, les Iraniens célèbrent le jour anniversaire de la révolution islamique. Le 11 février 1979, l’ayatollah Khomeney annonçait la chute officielle du Shah d’Iran et la création de la République islamique.

Les jours de la chute du Shah

En 1979, cela fait plusieurs années déjà que le régime monarchique du shah d’Iran subit la pression du peuple. La contestation, largement menée par le clergé, conduit à de vastes manifestations largement réprimées dans la violence.

A la veille du coup d’Etat, les Iraniens se comptent par millions dans les rues des villes manifestantes et malgré l’engagement de nouvelles réformes, le peuple iranien réclame la mise en place d’une monarchie constitutionnelle quand il ne réclame pas tout simplement la chute du régime.

Après avoir nommé un nouveau Premier ministre, Shapour Bakhtiar, le couple impérial choisit de fuir l’Iran pour tenter une ultime fois de calmer les esprits. En exil en France, l’ayatollah Rouhollah Khomeney dirige pendant ce temps, et depuis plusieurs années, la contestation avant de revenir en Iran au début du mois de février 1979.

Immédiatement, il livre son programme pour l’Iran et les Iraniens et est suivi par une grande partie des opposants au régime.

Un coup d’Etat mené en quelques jours

De retour sur la scène politique iranienne, l’ayatollah Khomeney s’attaque alors au gouvernement en place et condamne celui de Shapour Bakhtiar qu’il considère comme illégitime. Il nomme alors son propre gouvernement à la tête duquel il nomme Mehdi Bazargan comme Premier ministre.

S’établit alors en Iran une rivalité entre deux clans. D’un côté les partisans du Premier ministre Bakhtiar, de l’autre, ceux de l’ayatollah. Au cœur de ce duel, le rôle de l’armée sera décisif. En effet, si certains sous-officiers, notamment les cadets de l’armée de l’air, ont déjà rejoint les rangs de la révolution, les chefs de l’armée restent fidèles au régime impérial.

Quelques jours seulement séparent le retour de Khomeney en Iran et la chute de l’empire. La nuit du 10 février sera notamment décisive puisque l’armée décidera finalement de rester neutre dans le duel iranien et cette neutralité permettra alors à l’ayatollah d’annoncer, par radio, la victoire de la révolution islamique, le 11 février 1979. Une date qui marque alors la fin de l’Empire d’Iran, la chute du gouvernement de Shapkour Bakhtiar

La rhétorique anti-américaine naît en Iran

Une date qui marque également la fin des relations diplomatiques de la République islamique avec les Etats-Unis.

Depuis plusieurs années, l’Iran est un allié de taille pour les Américains au Moyen-Orient. Le Shah a reçu à de nombreuses reprises le soutien des Américains qui l’avaient d’ailleurs porté au pouvoir en 1953. Cependant, le soutien américain, plus théorique que pratique durant cette révolution, n’aura pas permis au régime impérial de rester en place.

Du côté des révolutionnaires iraniens, les Etats-Unis sont devenus une cible dès lors qu’ils ont accepté d’assurer leur soutien au shah, notamment en l’accueillant sur leur territoire pour que ce dernier se fasse soigner de son cancer.

La rhétorique anti-américaine qui est depuis devenue un élément de langage traditionnel chez les autorités iraniennes est née de la bouche même de Khomeney qui exhorte les Iraniens à manifester contre « le Grand Satan », ou encore « les ennemis de la Révolution ».

A l’appel du Guide de la Révolution, titre que Khomeney vient de s’attribuer, les manifestants iraniens s’en prennent à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran et prennent ses occupants en otage. Les Américains enfermés dans l’ambassade resteront enfermés dans le bâtiment pendant 444 jours.

Iraniens et Américains, bientôt prêts à tirer un trait sur la révolution ?

35 ans plus tard, de nombreux élément sont restés inchangés en Iran. La rhétorique anti-américaine a été un des axes principaux du langage international des présidents qui se sont succédé, au moins jusqu’à Mahmoud Ahmadinejad, qui a cédé sa place en juin dernier.

Pour diriger l’Iran désormais, l’ayatollah Ali Khamenei en Guide suprême de la révolution et le président Hassan Rohani. Ce dernier, élu à la plus grande surprise des observateurs, pourrait bien être celui qui, au terme de plusieurs décennies de vide diplomatique, renoue le contact avec les Etats-Unis.

Premier président à montrer des signes d’ouverture vers l’Occident, Hassan Rohani semble être l’artisan du règlement du dossier nucléaire iranien. Depuis plusieurs mois, les rencontres internationales se succèdent et le groupe des 5+1, composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie, de la Chine et de l’Allemagne a commencé à lever les sanctions internationales qui pèsent contre la République islamique, en échange de la fin de l’enrichissement d’uranium à des fins militaires.

En septembre dernier, lors de l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU, Hassan Rohani a prononcé son premier discours en tant que président. Ce jour-là à New York, une rencontre inédite aurait pu avoir lieu, celle de Barack Obama et de son homologue iranien. Faute de temps, les deux hommes ont repoussé l’échéance mais après plus de trente ans de vide diplomatique, les relations américano-iraniennes pourraient être amenées à tirer un trait sur les souvenirs de cette révolution.

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