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Accord de paix israélo-palestinien: John Kerry remplira-t-il sa mission?

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John Kerry a été vivement critiqué par Israël pour des propos qu’il aurait tenu concernant un éventuel boycott d’Israël en cas d’échec des négociations. (Crédit : Shutterstock)

Dans un entretien accordé au New York Times, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé être prêt à envisager un retrait israélien de Cisjordanie sur cinq ans après la signature d’un accord de paix.

Les propositions palestiniennes ne convainquent pas Israël

Alors que les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens ont repris en juillet dernier, cette déclaration pourrait être interprétée comme le signe d’une véritable avancée du processus de paix. Cette déclaration marque également un pas palestinien vers l’Etat hébreu dans la mesure où jusqu’ici, la Palestine planifiait un retrait sur une durée de trois ans.

Lors de cet entretien, Mahmoud Abbas a également proposé le déploiement d’une force internationale dans les zones sensibles du territoire cisjordanien. Ces troupes pourraient être déployées « longtemps et partout », selon les termes du chef de l’Autorité palestinienne. « Elle peut rester pour rassurer les Israéliens et nous protéger ».

Signe d’une volonté palestinienne de faire avancer le processus de paix engagé en juillet dernier, cette dernière proposition n’a pas satisfait les Israéliens qui ont immédiatement refusé tout engagement d’une force internationale.

Ces derniers ont également refusé le départ des forces israéliennes dans la vallée du Jourdain et, point plus sensible, ont catégoriquement estimé que les propositions palestiniennes étaient « inapplicables » dans la mesure où ce programme « continue à vouloir expulser 400 000 Israéliens (des colons, ndlr) de leurs foyers », selon les termes utilisés par le ministre du Logement Uri Ariel à la radio militaire israélienne.

Priorité absolue pour John Kerry

Placé sous la houlette du secrétaire d’Etat américain, le processus de paix israélo-palestinien fait face à une nouvelle embûche. Un écueil qui ne devrait pourtant pas effrayer John Kerry qui, depuis qu’il a été nommé par le président Barack Obama il y a un an, a fait de ce dossier sa priorité.

En juillet dernier, et alors qu’il effectuait son sixième voyage au Proche-Orient depuis son arrivée à la tête du secrétariat d’Etat américain, John Kerry profitait d’une entrevue avec le roi Abdallah II de Jordanie pour affirmer que les négociations étaient en bonne voie. Il n’avait alors pas hésité à affirmer qu’Israéliens et Palestiniens s’étaient rapprochés.

Alors que la précédente secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’avait que peu posé les yeux sur cette région, John Kerry veut définitivement faire du deuxième mandat de Barack Obama le temps de la paix au Proche Orient.

Et pour parvenir à ses fins, tous les moyens sont bons. Au mois de mai dernier, lors du Forum économique mondial réuni autour du Quartet pour le Proche Orient (États-Unis, Nations Unies, Union Européenne et Russie), John Kerry a joué la carte économique de son plan de bataille.

La mise en place d’un véritable « Plan Marshall » de 4 milliards de dollars pour la Palestine a ainsi été confiée à l’ancien ministre britannique Tony Blair.

« Négocier avec un revolver sur la tempe »

Après autant d’années et d’échec des négociations, un accord de paix est-il plus envisageable aujourd’hui que par le passé ? Force est de constater toutefois que quelques mois après la relance de ces négociations, si la Palestine fait des propositions, Israël n’a pas montré de signes de bonne volonté.

Les Israéliens n’ont que très peu apprécié les déclarations de John Kerry lors de la conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Munich entre samedi 1er et dimanche 2 février. Ce dernier avait en effet laissé entendre que les Etats-Unis ne seraient pas hostiles à un boycott d’Israël en cas d’échec des négociations en cours.

Youval Steinitz, ministre chargé des Renseignements a notamment qualifié les propos de John Kerry « d’offensants, injustes et intolérables ». « Il n’est pas possible de forcer l’État d’Israël à négocier avec un revolver sur la tempe alors que nous discutons de nos intérêts de sécurité nationale les plus cruciaux », a ajouté celui qui est souvent considéré comme le porte-parole de Benjamin Netanyahu.

Israël en position de faiblesse

Pourtant, le temps ne joue pas à la faveur des Israéliens. En effet, si l’Etat hébreu pouvait jusqu’à récemment faire bloc avec les Etats-Unis dans la région, les changements géopolitiques récents ne tournent pas en sa faveur.

La question du nucléaire iranien, cheval de bataille israélien depuis des années, est théoriquement en passe d’être réglée. Les sanctions internationales qui pesaient sur le pays se lèvent au fur et à mesure et, fait inédit depuis 34 ans, la scène internationale assiste à un possible rapprochement des Américains avec les Iraniens. Les deux présidents ont d’ailleurs failli se rencontrer en septembre dernier lors de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Pour Thierry Coville, spécialiste de la région à l’Institut des relations internationales et stratégiques, Israël est véritablement un des acteurs de la région qui souffrira le plus de cette possible ouverture.

« Lors des négociations sur le nucléaire iranien, Israël ne voulait pas que les Iraniens aient le droit de poursuivre leur enrichissement d’uranium à des fins civiles, or ils ont obtenu cette autorisation, ce qui est inacceptable pour eux », explique cet expert. « Cet accord marque un rapprochement de l’Iran et des Etats-Unis marque aussi un isolement croissant d’Israël dans la région », ajoute-t-il encore.

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