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Face au silence de Bouteflika, les Algériens désabusés…

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Les Algériens attendent désormais la date butoire du dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle. (Crédit Shutterstock)

Depuis quelques jours, l’Algérie semble comme en suspens. Les Algériens attendent et regardent avec méfiance la date du 2 mars approcher à grand pas. Ce dimanche 2 mars, tous les potentiels candidats à l’élection présidentielle devront avoir déposé leur candidature. Tous sans exceptions.

Les Algériens abasourdis

Or il est un homme qui n’a toujours pas donné d’indices quant à ses ambitions : le président Abdelaziz Bouteflika lui-même. A 77 ans, et bien que malade et lourdement affaibli, le président seraient, selon certaines rumeurs, prêt à rempiler pour un quatrième mandat à la tête de l’Algérie.

Face à ce silence à la tête de l’Etat, les Algériens semblent de plus en plus abasourdis. Et plus les jours passent, plus l’impatience de connaître la décision du chef de l’Etat se transforme en inquiétude. Alors qu’il n’a cessé de faire des allers retours à Paris pour subir des examens médicaux au Val de Grâce, alors que tout le monde le sait incapable de diriger le pays, Abdelaziz Bouteflika serait-il prêt à paralyser l’élection présidentielle en imposant sa candidature dans le jeu électoral ?

Le mystère Bouteflika a sans doute atteint son paroxysme mardi 18 février au soir. Les programmes de télévision se sont alors interrompus pour laisser place à une allocution présidentielle. Cependant, ce n’est pas Abdelaziz Bouteflika qui s’est présenté aux écrans de télévision mais le ministre des Moudjahidine (anciens combattants), Mohamed Cherif Abbas.

Abdelaziz Bouteflika ne serait-il même plus en mesure de prendre la parole ? Les Algériens ont tout le loisir de le croire, eux qui ne l’ont pas entendu depuis mai 2012.

Twitter s’inquiète

Le 17 avril prochain, jour du scrutin, le sort de l’Algérie sera signé. L’échéance approchant, les Algériens, notamment les jeunes, ne savent plus comment interpréter les signaux envoyés du Sérail c’est souvent le désespoir qui s’empare d’eux face à une situation qui leur échappe.

Twitter se fait l’écho de cette ambiance algérienne et réuni en vrac ceux qui veulent annoncer la candidature du président avant tout le monde, ceux qui prédisent au chef d’Etat une victoire pour quelques mois au pouvoir, compte tenu de son état de santé, ceux qui attendent la fin de l’Algérie si les rumeurs sont confirmées…

 

Facebook milite

Les internautes algériens se retrouvent également sur Facebook où les pages et groupes portant le nom du président se sont multipliés. Le réseau social se partage alors entre les partisans du président au pouvoir depuis 15 ans et leurs farouches adversaires du web.

Une chose est sûre, si Facebook doit être le révélateur d’un sentiment chez les Algériens, c’est d’une certaine indifférence dont il peut se faire l’écho.

Sur la page « 1 million de ‘j’aime’ pour Bouteflika », une page qui entend promouvoir le « projet de société » du président, seules 206 personnes se sont abonnées. Même constat sur la page « 10 millions d’Algériens qui soutiennent Bouteflika », où seules 592 personnes ont répondu à l’appel.

La page « Bouteflika dégage » recueille plus de succès mais celui-ci reste très mitigé puisque 1 390 ont en effet « liké » depuis l’ouverture du groupe en 2011. Plus récent encore, la page « Non à un 4ème mandat de Bouteflika », crée fin 2013, n’a recueilli que 702 abonnés.

La presse engage le mouvement

Sans doute aussi désabusée que les Algériens eux-mêmes, la presse se fait l’écho d’un sentiment d’agacement grandissant au sein de la population. En chef de file de cette mouvance, le quotidien El Watan qui publie régulièrement des éditoriaux qui condamnent la politique paralysante du chef de l’Etat.

Jeudi 20 février, dans un article paru en Une du site du quotidien, le journaliste Hacen Ouali a ainsi voulu mettre en garde contre un quatrième mandat, dans une Algérie qui « a atteint des niveaux de régression inquiétants » et pour un président dont le « règne a fini par achever le plus irréductible des espoirs ».

« Le pays avance à pas sûrs vers l’effondrement généralisé », s’alarme Hacen Ouali citant des « personnalités nationales » qui « n’hésitent plus à qualifier la situation dans laquelle se trouve le pays de ‘négation de la République’ et d’’Etat hors normes’ ».

Revenant sur le message télévisé du président par procuration, le journaliste d’El Watan parle de « blocage historique ». « Abdelaziz persiste dans le déni. Une fuite en avant », estime-t-il. « Dans son message présidentiel, Bouteflika impute les facteurs de la crise à une sordide conspiration venue d’ailleurs et qui viserait la déstabilisation de l’Etat et de ses institutions. Au lieu d’y faire face et d’apporter des réponses justes à une situation de crise annonçant le pire, le Président agite le classique chiffon rouge de «la menace extérieure». Le recours permanent au chantage de l’instabilité et de la peur est la démonstration éclatante de l’incapacité du régime à affronter cette situation ».

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