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L’Afghanistan peut-il vivre sans les soldats de l’OTAN ?

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Deux militaires de l’ISAF (Force internationale d’assistance et de sécurité) ont été abattus ce jeudi par des hommes portant l’uniforme des forces nationales afghanes. Néanmoins, cette attaque a immédiatement été revendiquée par les Talibans, via leur porte-parole Zabiullah Mujahid. Au grand dam des autorités afghanes, qui préfèrent pour l’instant avancer l’hypothèse d’un acte isolé, aux motivations personnelles.

L’affaire est évidemment gênante pour le gouvernement d’Hamid Karzaï. Les autorités afghanes ont en effet officiellement libéré, ce même jour, 65 prisonniers soupçonnés d’être des Talibans, ce qu’aucune preuve n’a pu corroborer.

L’attitude trouble d’Hamid Karzaï

Ces deux événements interviennent au beau milieu d’une phase intense et avancée de négociations entre Washington et Kaboul. Au cœur du débat, le retrait total et définitif des troupes de…l’OTAN ! Pourtant, d’après Karim Pakzad, chercheur à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, « cet incident n’aura aucune importance – ou influence – sur les actuelles négociations entre Washington et Kaboul sur le retrait des forces de l’OTAN. »

Les obstacles à un accord se situent plus sur l’attitude d’Hamid Karzaï. « Il veut absolument que les États-Unis engagent, concrètement, des négociations avec les Talibans » selon ce spécialiste des questions afghanes. « En définitive, Karzaï va signer cet accord. Il ne voudra pas rester dans l’Histoire comme le Président-marionnette des Américains. C’est très important pour lui. Mais il le signera après les élections ». Son fils est candidat à sa succession à la Présidence…

Les Talibans encore honnis

Washington ne parait pas prêt à négocier avec les Talibans. Des groupes fondamentalistes qui demeurent globalement détestés, par une grande partie de la population afghane. Au sein-même de son camp politique et de son gouvernement, Hamid Karzaï ne peut pas vraiment compter enthousiasmer ses conseillers par une indulgence pro-talibane.

« Les Talibans sont toujours en mesure, aujourd’hui, de saboter la « paix » et d’installer un lourd climat d’insécurité en perpétrant des attentats-suicides, en intensifiant la guérilla… Néanmoins ils n’ont de mainmise politique sur le pays ou les processus décisionnel. Ils ne pourraient en avoir qu’avec la complicité des partis du gouvernement afghan ». Une complicité loin d’être acquise, selon Karim Pakzad. Le chercheur annonce même une deuxième guerre, « si Ahmid Karzaï – ou son successeur – franchit le pas et tend la main aux Talibans ».

D’autant plus que « les Talibans sont toujours en mesure, aujourd’hui, de saboter la « paix » et d’installer un lourd climat d’insécurité en perpétrant des attentats-suicides, en intensifiant la guérilla ».

Un terrorisme omniprésent, la vie normale réduite au néant

Il y a douze ans, les forces américaines lançaient une intervention militaire d’envergure sur le territoire afghan. Plus d’une décennie après, les Talibans ont reculé. Oussama Ben Laden est mort. Hamid Karzaï termine son deuxième mandat présidentiel. Les troupes étrangères se retirent peu à peu, laissant l’apparence de lendemains qui chantent…

Mais la réalité est toute autre. Les Afghans vivent dans la peur. Si les forces militaires étrangères ne leur ont pas instauré la paix, leur départ ne fera sans doute qu’aggraver les choses. « Il n’y a aucune vie normale en Afghanistan. Les Afghans vivent dans une insécurité patente : les routes sont constamment coupées par les Talibans ou les bandits, les bus sont systématiquement arrêtés, les attentats sont fréquents. La vie s’est un peu améliorée, mais la société civile reste constamment en alerte », insiste Karim Pakzad. Et ce, en dépit des moyens considérables mis en œuvre pour pacifier et contrôler le territoire afghan : « Les Américains ont, à eux seuls, dépensé pas moins de 100 milliards de dollars pour la vie civile. Et c’est sans compter les dépenses militaires… ».

Et l’armée afghane ? Malgré un « progrès notable dans le maintien de la paix et de la sécurité », elle n’est pas suffisante.

« A quelques mois de la fin de la présence militaire étrangère, les conditions de sécurité ne sont absolument pas satisfaisantes «, conclut Karim Pazkad. Un constat inquiétant à quelques mois d’une échéance électorale sous haute tension, sur laquelle plane l’ombre menaçante des Talibans.

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