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Nucléaire: l’Iran plaide sa cause et repart avec un premier chèque

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A Munich, le secrétaire d’Etat américain a réaffirmé « l’importance pour les deux parties de négocier de bonne foi et pour l’Iran de respecter les engagements ». (Crédit : Shutterstock)

Les autorités iraniennes et américaines se sont rencontrées à Munich, depuis vendredi 31 janvier à l’occasion de la Conférence annuelle sur la sécurité. L’occasion de revenir sur les récents accords signés entre la République islamique et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine et Allemagne) concernant l’abandon, par l’Iran, des ambitions militaires de son programme nucléaire.

Une « bonne foi » mutuelle à Munich

Bien que les relations diplomatiques entre l’Iran et les Etats-Unis soient suspendues depuis plus de trente ans, le secrétaire d’Etat John Kerry s’est entretenu avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, signe d’une bonne volonté commune pour travailler sur le sensible dossier du nucléaire.

C’est d’ailleurs de la « bonne foi » que se sont promis les deux parties. Lors de cet entretien, John Kerry a ainsi réaffirmé « l’importance pour les deux parties de négocier de bonne foi et pour l’Iran de respecter les engagements », selon une porte-parole du département d’Etat.

Le ministre iranien des Affaires étrangères a quant à lui affirmé que l’Iran « a la volonté politique et la bonne foi pour parvenir à une solution » négociée sur le dossier du nucléaire.

Poursuite des discussions de Genève

Cette rencontre succède aux accords historiques signés en novembre dernier à Genève. Au terme de cinq jours de négociations, l’Iran et le monde occidental étaient alors finalement parvenus à un accord dans la nuit du 23 au 24 novembre. Selon cet accord, l’Iran s’est engagé à arrêter d’enrichir de l’uranium au-dessus de 5% ainsi qu’à ne pas construire de nouvelles centrifugeuses. Les responsables iraniens présents lors des négociations avaient également assuré que les stocks d’uranium enrichi à 20% seraient détruits.

Face à ces promesses, la communauté internationale s’était engagée à ne pas imposer de nouvelles sanctions à l’Iran durant les six prochains mois. Le temps pour la République islamique de faire ses preuves.

Au cours de ces négociations, l’Iran avait également réaffirmé son droit à enrichir de l’uranium à des fins civiles. Depuis qu’il a été élu en juin dernier, le président Hassan Rohani l’a maintes fois répété, l’enrichissement est un droit fondamental des Iraniens. C’est également en ces termes que le ministre iranien des Affaires étrangères s’était exprimé à la sortie de ces négociations, affirmant que l’accord contenait une « référence claire selon laquelle l’enrichissement va continuer ».

Des questions « difficiles » restent en suspens

Cette question reste encore sensible et à Munich, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, n’a pas caché que certaines questions restaient « difficiles » et qu’il faudrait notamment résoudre celle sur l’éventuelle dimension militaire du programme nucléaire que l’Iran est accusé de mener dans le plus grand secret.

Cependant, l’Iran repartira de Munich avec de nouvelles preuves de la volonté de coopération internationale. Ainsi, un premier versement de 550 millions de dollars, sur un total de 4,2 milliards d’avoirs gelés appartenant à Téhéran ont été versés sur un compte suisse.

Certaines sanctions sur les exportations pétrochimiques, le commerce de l’or ou l’aéronautique ont également été levées.

Prochaine rencontre à Vienne le 18 février

Malgré tout, les Etats-Unis affichent encore une certaine méfiance et durant son entretien avec le ministre iranien des Affaires étrangères, John Kerry a affirmé que « les Etats-Unis allaient continuer à appliquer les sanctions actuelles ».

Cette question est délicate aux Etats-Unis tant les Américains au Congrès sont partagés sur la question.

En effet, certains membres du Parlement travaillent actuellement à imposer de nouvelles sanctions à la République islamique. Un sujet sur lequel le président Barack Obama est revenu lors de son discours sur l’Etat de l’Union. Ce dernier a affirmé qu’il poserait son véto à toute nouvelle tentative du Congrès pour accabler l’Iran de nouvelles sanctions.

Les négociateurs doivent désormais se réunir de nouveau le 18 février, à Vienne, afin de poursuivre ces discussions. Ce nouveau cycle de rencontre devrait théoriquement permettre la signature d’un accord global, et définitif, sur le programme nucléaire iranien.

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