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Présidentielle: Hamdeen Sabbahi, le candidat de la gauche égyptienne

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Dans un discours prononcé samedi 8 février, le dirigeant socialiste égyptien Hamdeen Sabbahi, qui avait créé la surprise fin mai 2012 en arrivant troisième lors du premier tour des élections présidentielles, a annoncé qu’il se présentait aux prochaines élections. Celles-ci devraient se tenir entre avril et juin 2014.

« Je suis l’un d’entre vous »

Il est présenté comme l’un des rares leaders du soulèvement populaire de janvier 2011 en Égypte – qui avait conduit à la destitution de l’ancien président Hosni Moubarak  dont l’image est restée « indemne »Hamdeen Sabbahi, qui en mai 2012, en pleine campagne présidentielle, s’affichait comme un « homme du peuple » dans ses slogans de campagne, n’hésitait pas à se rendre dans les quartiers défavorisés du Caire pour échanger avec les habitants. « Je suis l’un d’entre vous », pouvait-on alors lire sur ses affiches de campagne placardées sur les murs de ces quartiers.

Socialiste se réclamant héritier de Nasser – le charismatique et influent président égyptien qui mena jusqu’à sa mort en 1970 une politique socialiste et panarabe – Hamdeen Sabbahi espère compter pour les prochaines élections sur un électorat jeune et issu des quartiers populaires, qu’il avait su séduire pendant la révolution de 2011.

« Ma décision personnelle, en tant que citoyen, est de me présenter à la prochaine élection présidentielle », a-t-il annoncé samedi. « J’espère que ma décision va plaire aux jeunes et répondra à leurs demandes », a-t-il ajouté.

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Emprisonné dix-sept fois

Né en 1954 dans la ville côtière de Baltim, au nord de l’Égypte, ce fils de paysan, cadet d’une famille de onze enfants, fait des études de communication à l’Université du Caire, devient rapidement rédacteur en chef du magazine universitaire Les Étudiants, et prend la tête du syndicat étudiant.

En 1977, après le début des « émeutes du pain » en Égypte, lors d’une rencontre entre le président Anouar el-Sadate et les représentants des syndicats étudiants, il dénonce le virage néolibéral du successeur de Nasser. Il exprime ouvertement sa désapprobation des politiques économiques de Sadate et la corruption du gouvernement.

Ses violentes critiques envers le pouvoir et son opposition à la politique de « main tendue » de Sadate avec Israël, de même que ses condamnations des frappes aériennes américaines menées contre l’Irak, vaudront au jeune socialiste d’être emprisonné dix-sept fois sous la présidence de Sadate puis de son successeur Hosni Moubarak.

Soutien à la cause palestinienne

Après avoir obtenu un master de journalisme en 1985, il aide à fonder le Parti nassériste arabe démocratique, qui se réclame de l’héritage de l’ancien président socialiste Gamal Abdel Nasser. Le parti, qui voit le jour en 1992, prône l’unité du monde arabe, rejette le libéralisme et souhaite la fin des privatisations des services publics.

Après des querelles internes, Hamdeen Sabbahi finit par quitter le parti en 1996 et fonde son propre parti, Al Karama (La Dignité) en 1998. Membre actif du Syndicat des journalistes, il est nommé à la tête du comité des médias. En 2000, il est élu député indépendant puis forme, en 2005, le mouvement Kefaya (Assez) avec des intellectuels et militants de gauche.

Il déclare son soutien à la résistance libanaise à Israël en 2006 et se rend dans la bande de Gaza en 2008 où il appuie la cause palestinienne et la position du Hamas contre Israël.

Révolutionnaire

Rédacteur en chef du journal Al Karama, magazine officiel du parti, jusqu’en 2010, il rejoint dès le 25 janvier 2011, premier jour de la révolution égyptienne, les rangs des protestataires dans sa ville natale de Baltim. Il se rend ensuite place Tahrir au Caire et participe aux manifestations de masse contre le président Hosni Moubarak. Après la chute du président, Hamdeen Sabbahi enchaîne les discours et les conférences de presse.

Après son échec à l’élection présidentielle de 2012, il s’oppose régulièrement au président Mohamed Morsi et au pouvoir islamiste, au sein du Front de salut national (FSN) et appelle ensuite à des manifestations de masse en juin 2013 contre le président Morsi, exhortant l’armée à agir « pour faire respecter la volonté du peuple ».

Hamdeen Sabbahi est le premier homme politique de poids à annoncer sa candidature aux prochaines élections. Il devrait être opposé au maréchal Sissi, ministre de la Défense, qui n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature mais qui jouit d’un important soutien populaire depuis qu’il a participé à la destitution de Mohamed Morsi en juillet dernier.

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