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Révolution: le Yémen peine à sortir de la transition politique

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A Sanaa, les autorités yéménites ont signé pour reculer d’une année l’échéance de la transition politique. (Crédit : Shutterstock)

Depuis la fin officielle du dialogue national yéménite, l’heure est à la conquête territoriale pour les différentes tribus qui composent ce pays qui tente de se relever de sa révolution. Dimanche 2 février, au nord du pays, des rebelles zaïdites ont ainsi fait fuir des membres de la tribu des Hached, pour prendre le contrôle de quelques positions clés.

Les tribus du Yémen plus conquérantes que jamais

L’enjeu est grand pour ces groupes tribaux. En effet, depuis le 25 janvier dernier, l’Etat yéménite est officiellement en cours de partition fédérale. Pour satisfaire aux revendications de certaines régions, notamment du sud indépendantiste, les autorités parrainées par la communauté internationale ont accepté de transformer le pays et de décentraliser le pouvoir afin de donner plus d’autonomie aux régions.

Les frontières de ces régions n’ont pas encore été clairement délimitées et les tribus en profitent donc pour assurer leurs arrières et gagner un maximum de positions possibles pour assurer leur futur territoire.

C’est ainsi qu’au nord, les combats font rage. La puissante tribu des Hached, composée de sunnites, s’opposent à des rebelles zaïdites, une branche du chiisme. Ces derniers sont fortement implantés dans la province actuelle de Saada, au nord, mais tentent de gagner du terrain avant le tracé définitif des frontières.

Le dialogue national yéménite, que toute la communauté internationale a unanimement salué il y a à peine quelques jours tourne mal, en témoigne le nombre de victimes de ces affrontements qui ne fait qu’augmenter depuis ces derniers jours, bien qu’aucun bilan exact ne soit actuellement disponible.

Le monde salue le dialogue national yéménite

Le 25 janvier dernier, lors d’une cérémonie de clôture en grande pompe, le secrétaire général de l’ONU a salué « un jour historique pour le Yémen », dans un message diffusé au cours de la journée. Le président yéménite également, dans un discours prononcé à cette occasion, s’est félicité du succès de ces quelques mois de dialogue qui ont représenté « un tournant dans l’histoire du peuple du Yémen ».

Depuis mars 2013 en effet, ce pays du Printemps arabe était parvenu à réunir les différentes familles politiques du pays, à l’exception des indépendantistes du Sud qui ont préféré boycotter l’exercice, afin de conduire le Yémen vers la reconstruction.

« Les Yéménites ont de quoi être fiers du succès de leur entreprise », a déclaré ce jour-là l’émissaire des Nations Unies au Yémen, Jamal Benomar. « Ce dialogue n’a pas été une promenade, mais une marche forcée qui a été semée d’embûches et de sacrifices […] Mais les Yéménites ont décidé de ne pas reculer et se sont dotés d’une feuille de route précise et détaillée, qui doit aboutir à un Etat de droit, de justice et de démocratie », a encore ajouté l’émissaire.

Al-Qaïda s’implante durablement

On dit souvent du Yémen qu’il est le seul pays du Printemps arabe à avoir achevé sa révolution par une solution négociée. Egalement qualifié « d’espoir » des révolutions arabes, au même titre que la Tunisie, le Yémen est pourtant engouffré dans un marasme politique qui pourrait ne pas tourner à la faveur de la démocratie.

En témoigne les récents événements au nord, en témoigne également les exigences indépendantistes du Sud.

Le Yémen est également un pays qui, depuis la fin de la révolution, voit son pays de plus en plus envahi par des groupes islamistes liés à Al-Qaïda. Un enjeu de taille qui n’est pas ignoré par les autorités et lors de la clôture du dialogue national yéménite, le président Abd Rabbo Mansour Hadi n’a pas voulu oublier les difficultés qui seront celles des prochains mois au Yémen où Al-Qaïda fait « régner la terreur parmi les citoyens au point d’affecter l’économie, tandis que la corruption fait des ravages ».

Dans un an, le Yémen aura achevé sa révolution

« Mais en tant que Yéménites, nous n’avons d’autres choix que de se lancer dans les chantiers de la reconstruction », a encore déclaré Abd Rabbo Mansour Hadi. Un chantier qui aurait dû s’achever en février 2014, selon les projets gouvernementaux décidés lors de la transition au pouvoir entre l’ancien président Ali Abdallah Saleh et l’actuel chef d’Etat.

Alors que le mois de février vient de commencer, force est de constater que la transition yéménite est plus longue que prévue. Elle sera d’ailleurs plus longue d’une année, selon les prévisions.

Dans un an, à compter du 25 janvier dernier, le Yémen devrait définitivement sortir de cette période de transition et selon les termes de l’accord final qui a mis fin au dialogue national, une nouvelle Constitution devrait être adoptée par voie référendaire tandis que des élections devraient également être organisées.

Quant au profil géographique du futur pays, toutes les options sont encore ouvertes. Dans les mois qui viennent, la Commission des régions sera chargée de trancher. Le Yémen sera-t-il un Etat fédéral composé de deux régions, une au nord, une au sud ? De six régions, quatre au nord, deux au sud ? Toutes les options sont encore ouvertes.

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