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Tunisie: du «breakdance» pour lutter contre l’influence des extrémistes

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C’est à Sidi Ali Ben Aoun, une ville du centre de la Tunisie, qu’est né un groupe de « B-boys » – des danseurs de breakdance – qui se réunit toutes les semaines dans un centre sportif pour les jeunes de cette petite ville de 7000 âmes.

Groupes salafistes

Située à une quarantaine de kilomètres de Sidi Bouzid – la ville d’où était partie le feu de la révolte en Tunisie fin 2010 –, Sidi Ali Ben Aoun est un petit bourg vivant essentiellement de l’agriculture et souffrant d’un important taux de chômage.

La ville est aussi tristement connue pour avoir été le théâtre d’affrontements entre la police tunisienne et un groupe de djihadistes en octobre dernier, ayant fait une dizaine de morts parmi les policiers et les salafistes implantés dans cette région.

Eviter le développement de l’extrémisme religieux

C’est justement pour éviter le développement de l’extrémisme religieux et l’embrigadement de jeunes Tunisiens au sein de ces groupes terroristes que Nidhal Bouallagui, un danseur de hip-hop de 23 ans, a choisi avec d’autres « B-boys » de donner des cours de breakdance dans les locaux sportifs de la ville.

Le jeune danseur explique en effet dans un reportage du New York Times qu’après la révolution tunisienne, des milliers de détenus ont été libérés de prison. Et parmi ceux-ci, un trafiquant de drogue a rapidement attiré autour de lui plusieurs jeunes de son quartier. Trois leaders salafistes, des prédicateurs fondamentalistes sunnites, ont également été libérés de prison, attirant « comme des aimants » les jeunes isolés du quartier, poussant des dizaines de ces jeunes Tunisiens à partir combattre en Syrie.

S’il dit n’avoir « rien contre les salafistes », Nidhal Bouallagui a vu qu’ils pouvaient être influents auprès des jeunes en difficulté, leur demandant parfois d’abandonner la musique, le foot et le breakdance. Pour éloigner les jeunes de l’emprise extrémiste, ces danseurs talentueux ont ainsi décidé de donner des cours de breakdance et d’organiser des concours de dans. « Nous voulons étendre ce phénomène dans toute la Tunisie », explique l’un des danseurs de breakdance, Alla Bouzid, au New York Times. « Nous voulons éradiquer la vieille mentalité des gens […] et vivre comme on l’entend ».

Pas que de la danse

Habillés à la manière des breakdancers américains – baggy, chaussures flashy et casquette de baseball vissée sur la tête – les jeunes danseurs ont plusieurs cordes à leur arc. Car lorsque Nidhal Bouallagui a décidé de créer son association, il n’a pas que lancé des cours de danse.

Il organise aussi des ateliers et des événements sportifs afin d’offrir une alternative aux adolescents désœuvrés de sa ville : « nous faisons de la danse, des sports extrêmes – un cours d’escrime a été lancé – du rap, du graffiti, de la musique, de la photographie, des courts-métrages et du théâtre », explique-t-il, indiquant que s’ils le font, c’est avant tout « pour travailler avec les gens. C’est du volontariat, il n’y a aucun avantage financier. Nous avons juste pour principe de faire quelque chose de nouveau ».

Le jeune danseur raconte en effet avoir remarqué que les jeunes qui avaient un autre objectif dans leur vie étaient capables de résister à l’appel des salafistes, ou pouvaient tout du moins limiter leur implication. Nidhal estime ainsi que « si vous n’avez pas cela, vous devenez un jeune sans rien, aliéné dans la société ».

> Lu sur le New York Times et Slate Afrique

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