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Annexion de la Crimée: la Russie sous pression américaine

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En déplacement aux Pays-Bas à l’occasion du sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye, Barack Obama a confirmé, mardi 25 mars, que des sanctions économiques contre la Russie, menées en coordination avec les pays européens, étaient en préparation. Elles devraient toucher les secteurs de « l’énergie, la finance, des ventes d’armes ou du commerce », a-t-il annoncé en clôture du sommet.

« Nous [les États-Unis] avons une influence considérable sur nos voisins. Dans l’ensemble, nous n’avons pas besoin de les envahir pour nouer une bonne relation de coopération avec eux », a-t-il déclaré, pressant la Russie « d’agir de manière responsable et de montrer de nouveau qu’elle souhaite respecter les règles internationales. Et si elle ne le fait pas, cela aura un coût », a-t-il prévenu.

La Russie exclue du G8

La veille au soir, en marge du sommet, le président américain avait convoqué les membres du nouveau G7 avec qui il a convenu d’annuler la prochaine réunion du G8 avec la Russie, qui aurait dû avoir lieu à Sotchi en juin prochain.

Si cette éviction est surtout symbolique, « elle est ennuyeuse d’un point de vue économique » pour la Russie, estime Philippe Moreau-Defarges, chercheur spécialiste de l’Europe à l’Institut français des relations internationales, interrogé par JOL Press. « La mise à l’écart de ce club induit que Moscou ne respecte pas certaines règles. C’est donc handicapant pour son image, notamment auprès de partenaires commerciaux ».

« Les États-Unis et l’Europe sont solidaires »

Mercredi, lors du sommet Europe-États-Unis à Bruxelles, Barack Obama a une nouvelle fois fait pression sur la Russie. Alors que le dernier chef d’État américain à s’être rendu en visite auprès des institutions européennes était George W. Bush en 2005, le locataire de la Maison Blanche semble avoir pris conscience que face à Moscou, son seul allié reste l’Europe.

À l’issue de ce sommet, Barack Obama a ainsi déclaré que le monde était « plus sûr et plus juste quand l’Europe et les États-Unis sont solidaires », ajoutant que « les États-Unis et l’Europe sont unis » dans la crise ukrainienne et que « la Russie est seule ». « Avec le temps, et tant que nous restons unis, le peuple russe se rendra compte qu’il ne peut pas obtenir la sécurité, la prospérité et le statut qu’il recherche par la force brute », a-t-il assuré.

La Russie isolée ?

Les sanctions déjà prises à l’encontre de la Russie – interdictions de visas de personnalités proches du Kremlin et gels ciblés d’avoirs – risquent d’isoler la Russie. Isolement qui pourrait encore être renforcé si le « niveau 3 » des sanctions économiques est pris conjointement par les États-Unis et l’Union européenne.

La Banque mondiale a déjà reconnu, dans un rapport rendu public mercredi 26 mars, que la croissance économique russe, qui a diminué en 2013, pourrait se contracter en 2014 si les tensions entre Moscou et l’Occident persistaient. Les investisseurs pourraient retirer 150 milliards de dollars du pays, indique le communiqué.

Selon l’agence russe RIA Novosti, qui rapporte les propos du vice-ministre russe du Développement économique, Andreï Klepatch, la détérioration des relations entre Moscou et les pays occidentaux a accéléré la fuite nette des capitaux de Russie, qui devrait s’établir à 65-70 milliards de dollars au premier trimestre 2014. « Le refroidissement des relations [avec l’Occident] s’avère être un facteur négatif conséquent pour la croissance économique qui influe sur la fuite des capitaux », a souligné M. Klepatch.

Des sanctions « piqures de moustique »

Pour d’autres experts, ces sanctions pourraient toutefois avoir un résultat inverse de celui attendu : « les sanctions décrétées contre Moscou par l’Occident constituent une chance pour l’avenir de la Russie, car elles forceront le pays à reconquérir sa souveraineté économique », a par exemple estimé l’économiste Alexandre Aïvazov dans une interview accordée à l’agence de presse russe.

« Les deux premiers niveaux de sanctions sont en cours, mais ce sont des piqures de moustique contre Poutine et son entourage. L’Occident ne comprend pas la psychologie de Poutine en cherchant à l’atteindre via son « premier cercle ». La réaction sera aux antipodes de celle escomptée : ses amis se rapprocheront de lui car ils comprennent que sans le soutien de Poutine, leurs capitaux se trouvant à l’ouest seront confisqués », estime l’économiste.

Les Etats-Unis ouvrent le robinet de gaz

Devant la possibilité dune coupure de gaz par la Russie, les Etats-Unis ont pris les devants : Barack Obama a autorisé les exportations de gaz naturel américain à destination de lEurope.

« La situation en Ukraine prouve la nécessité de renforcer la sécurité énergétique européenne et nous réfléchissons à de nouveaux efforts conjugués pour atteindre cet objectif », ont notamment souligné Barack Obama, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy dans un communiqué commun.

« Nous saluons la perspective d’exportations de gaz naturel liquéfié américain à l’avenir car une augmentation de l’offre mondiale bénéficiera à l’Europe et à d’autres partenaires stratégiques », écrivent encore le président américain, le président de la Commission européenne et celui du Conseil européen. L’Union européenne, qui en 2013 a acheté 133 milliards de mètres cubes de gaz à la Russie, pourrait ainsi compter sur l’aide américaine pour se fournir en énergie. 

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