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Graffiti: les artistes égyptiens se mobilisent pour le droit des femmes

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JOL Press: Comment est né le projet Women On Walls ? Quel est son objectif ?
 

Angie Balata: Tout a commencé en 2012. Nous voulions utiliser le graffiti et le street art dans le cadre d’une campagne nationale qui mette l’accent sur l’autonomisation des femmes. L’idée vient de l’auteure et photographe, journaliste et auteure suédoise Mia Grondahl qui a écrit l’ouvrage Révolution Graffiti: Street Art de la Nouvelle Egypte. Pendant un an et demi, elle a suivi des artistes- graffeurs égyptiens qui dessinaient l’histoire de la Révolution sur les murs de l’Egypte.

Une  proposition a ensuite été soumise au Centre pour la Culture et le Développement du Danemark: au bout de quelques semaines, le financement a été approuvé. Nous avons passé la plupart du mois de janvier et février 2013 à rechercher des artistes de différentes villes et issus de différents domaines pour qu’ils se joignent à nous.

La première phase de WOW s’est déroulée en avril-mai 2013. Plus de 40 artistes ont participé au projet dans quatre villes égyptiennes :  Mansoura, Alex, Louxor et Le Caire. Ils ont réalisé des graffitis sur 6 grands murs, ainsi que sur un garage entier dans le centre du Caire. La deuxième phase de WOW a eu lieu du 6 au 14 février dernier : 20 graffeurs ont peint un grand mur et un autre garage tout, avec un total de 25 à 30 pièces individuelles réalisées.

JOL Press: En quoi le graffiti peut-il faire avancer le droit des femmes ?
 

Angie Balata : Je pense que le graffiti est un outil efficace pour révéler, dans l’espace public, les problèmes auxquels les femmes sont confrontées. L’impact de ces dessins est fort. Pour atteindre le plus grand nombre, nous avons essayé, autant que possible, de réaliser des oeuvres dans des endroits accessibles au public.

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JOL Press: Vous fixez-vous des limites dans vos travaux ?
 

Angie Balata : Nous essayons de rester le plus ouvert possible pour discuter et décider des sujets que nous allons aborder. Mais nous prenons également soin de toujours travailler dans l’espace public et de respecter ce que nous partageons avec cet espace. Nous sommes aussi conscients qu’il y a des limites culturelles et religieuses à respecter. La philosophie de notre approche est que nous voulons repousser les limites de nos discussions, mais dans le même temps sur la communauté dans laquelle nous travaillons. Mais, nous sommes toujours prêts à trouver des moyens créatifs de discuter des problèmes qui peuvent provoquer des conflits. Ainsi, parfois, le travail est très indirect mais les messages sont là.

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JOL Press: L’Egypte a été désignée comme le pire pays pour les femmes dans le monde arabe. Quelles sont les conditions des femmes aujourd’hui ? Quelles sont les principales difficultés qu’elles rencontrent ?
 

Angie Balata:  Il faut rester prudent avec ce genre d’affirmation…L’Egypte est certes un mauvais élève en matière de droits des femmes, mais ce n’est pas le pire pays, lorsqu’on se penche les problèmes que rencontrent les femmes dans d’autres pays.

Les conditions des femmes en Egypte sont problématiques. Les principaux problèmes que nous rencontrons sont la violence et l’absence d’égalité juridique. Cette situation est liée aux années de colonialisme, à l’ingérence de l’Occident dans les affaires locales du pays, et du fait que l’Egypte est une nation qui est en train de se reconstruire et qui essaie de trouver sa propre identité depuis le début de la révolution.

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JOL Press: Depuis la révolution, avez-vous observé une évolution pour le droit des femmes en Egypte?
 

Angie Balata: Oui, il y a de en plus de discussions et de sensibilisation sur les droits et les problèmes des femmes dans l’espace public. Il y a également eu une augmentation de la participation des femmes dans tous les domaines de la société. Au sein d’organisations, elles organisent des programmes de travail sur les questions relatives aux femmes. Il y a aujourd’hui une véritable volonté de combattre les injustices.

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JOL Press: La création d’organisations et de structures pour les femmes est-elle de plus en plus courante en Egypte ?
 

Angie Balata: Il existe en effet plusieurs organisations qui travaillent pour ​​le droit des femmes. Women On Walls travaille par exemple avec deux partenaires : Nazra pour des études féministes,  créée en 2007 au Caire, et l’ONG  HarassMap, qui dénonce la banalisation des violences sexuelles. Des initiatives se développent un peu partout en Egypte, dans différentes villes différentes, et travaillent sur diverses questions concernant l’autonomisation des femmes.

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