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Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés

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Si certains, en Europe, brandissent des menaces de sanctions ciblées contre la Russie, aucune décision n’a encore été prise. Car Moscou possède une arme de taille : un quart du gaz consommé au sein de l’UE provient de Russie, et 60% transite par l’Ukraine. Il s’agit d’un moyen de pression sur les 28, dont certains sont très, voire entièrement, dépendants du gaz russe (pays baltes 100%, Pologne 80%, France 15%).

Pétrole, diamants, coltan, uranium… Les ressources naturelles peuvent motiver des conflits, les financer, ou rendre plus compliquée leur résolution. Dans un article publié en 2012, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) estimait que, depuis 1948, «25% des opérations de maintien de la paix (17 opérations) ont eu lieu dans des zones où les ressources naturelles ont joué un rôle important».

Pétrole : L’or noir, matière hautement stratégique, est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du XXe siècle.

En 1967, le Biafra, région orientale du Nigeria, fait sécession et s’auto-proclame République du Biafra. Suit une guerre civile sanglante (achevée en 1970), dégénérant en crise humanitaire sur fond de rivalités internationales entre les pays partisans du gouvernement fédéral (Royaume-Uni notamment) et les autres (dont la France). A noter que le Biafra renferme les deux tiers des réserves pétrolières du Nigeria, premier producteur africain.

Le Soudan connaît depuis toujours une guerre larvée ou ouverte à caractère ethnico-religieux. Lorsque le pays est devenu producteur de pétrole, cette rivalité s’est intensifiée, d’autant plus que le sud, moins peuplé, en produit les trois quarts. En avril 2011, la sécession est consommée, notamment sous la pression des Etats-Unis, principal acheteur du brut soudanais avec la Chine.

Le Moyen Orient reste une véritable poudrière. La région, qui concentre bien sûr d’importants conflits religieux, referme aussi plus de 60% des réserves mondiales de pétrole. Longtemps, les responsables américains l’ont affirmé : l’invasion de l’Irak, en 2003, n’était pas destinée à s’emparer de l’or noir du pays. Pourtant, des documents déclassifiés racontent une toute autre histoire.

Diamants : Sierra Leone, Angola, République démocratique du Congo (RDC), Côté d’Ivoire, Liberia. Des pays dont le seul nom évoque des guerres civiles et des massacres. Dans ces conflits, «les diamants du sang» ont joué un rôle très important, puisqu’ils ont servi aux seigneurs de guerre et aux rebelles à acheter des armes.

Selon Amnesty International, 3,7 millions de personnes sont mortes en Sierra Leone, en Angola, en RDC et au Liberia dans des guerres financées par ces pierres précieuses. Pour la seule Sierra Leone, entre 1991 et 1999, le Front révolutionnaire uni aurait vendu entre 25 et 125 millions de dollars de diamants par an pour se financer. La guerre civile qui a déchiré le pays jusqu’en 2002 a fait entre 100 000 et 200 000 morts.

L’industrie du diamant, les gouvernements de 81 pays et des associations représentant la société civile sont à l’initiative du système de certification appelé le processus de Kimberley, destiné à empêcher que des «diamants de la guerre» se retrouvent dans les circuits du commerce international licite.

Coltan : Plusieurs ONG affirment que les violences en République démocratique du Congo sont en partie financées grâce au trafic du coltan, un minerai qui entre dans la fabrication des téléphones portables.

Uranium : Pour certains, l’intervention française au Mali vise en grande partie à garantir l’alimentation de nos centrales nucléaires. Le pays est en effet voisin du Niger, où Areva tire plus du tiers de sa production mondiale d’uranium. Une possible extension du conflit dans le nord du Niger aurait un impact grave sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la France.

Ce qui explique aussi pourquoi, malgré les risques de prises d’otages – quatre des cinq français salariés d’Areva et Vinci enlevés en septembre 2010 à Arlit sont toujours retenus au Sahel par Aqmi – le leader mondial de l’énergie nucléaire entend rester dans la région.

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