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Sanctions contre la Russie: Londongrad tremble-t-il?

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Parfois surnommée «Londongrad» en raison de sa forte communauté d’oligarques russes, la capitale britannique suit de près la crise ukrainienne. Car «la Grande-Bretagne aurait beaucoup à perdre en cas de sanctions européennes contre la Russie. Un montant considérable d’actifs russes se trouvent dans le pays», explique Franck Margain*, directeur d’une grande banque internationale à Paris.

Gazprom, Loukoïl, MegaFon, Sberbank, Rosneft, Petropavlovsk… «Le London Stock Exchange – première destination à l’étranger des compagnies russes cotées – compte une soixantaine d’entreprises» issues de Russie, poursuit-il. Parmi elles, un grand nombre de géants des matières premières. «La City craint un gel des introductions en Bourse réalisées par les hommes d’affaires russes».

Et cet impact financier ne s’arrête pas aux portes du London Stock Exchange. Restaurants de luxe, biens immobiliers, clubs de foot : «ces oligarques dépensent des sommes folles, en liquide et en investissement, dans l’économie londonienne», et donc dans l’économie britannique, souligne Franck Margain.

Selon une récente étude publiée par le constructeur de jets privés Beechcraft Corporation, les Russes décrochent la médaille d’or des étrangers ayant acheté des biens immobiliers d’une valeur supérieure à un million de livres (1,19 million d’euros) l’an dernier, rapporte l’AFP. 264 d’entre eux ont déboursé au total 650 millions d’euros. De quoi y réfléchir à deux fois avant de faire fuir cette population.

«Le Royaume-Uni ne devrait pas soutenir, pour l’instant, des sanctions commerciales (…) ou fermer aux Russes le centre financier de Londres», peut-on lire sur un document saisi au téléobjectif par un photographe, publié par la BBC et plusieurs journaux. A l’inverse, «le gouvernement envisage une approche plus prudente des restrictions de visas» qui viseraient des personnalités russes, selon le Daily Telegraph.

«Tout ce qui est écrit dans un document entre les mains d’un responsable officiel ne constitue pas nécessairement un exposé des décisions que prendra le gouvernement de Sa Majesté», a réagi le chef de la diplomatie britannique, William Hague. «Nous restons très ouverts aux options» qui permettraient de trouver une issue à la crise ukrainienne, a-t-il assuré.

«Si de nombreux oligarques russes retiraient leurs avoirs de Grande-Bretagne, cela se chiffrerait en milliards d’euros. La restriction de visas est une arme diplomatique qui permet une gestion au cas par cas. Ainsi, Londres montrerait son désaccord vis-à-vis de Moscou, mais les conséquences économiques d’une telle sanction seraient limitées», explique Franck Margain.

Et d’après lui, le malheur des uns pourrait faire le bonheur des autres : «La City a un rôle influent sur le gouvernement britannique, mais la diplomatie anglaise n’est pas à sa botte. Du reste, le London Stock Exchange a toujours su contourner les obstacles pour continuer à faire du business».

*Franck Margain est aussi conseiller régional UMP en Ile-de-France.

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