Site icon La Revue Internationale

Égypte: le nouvel homme fort al-Sissi sévèrement critiqué sur Twitter

al-sissi-graffiti-egypte-insulte.jpgal-sissi-graffiti-egypte-insulte.jpg

[image:1,l]

Alors que l’annonce de sa candidature la semaine dernière avait provoqué une vague de soutiens sur les réseaux sociaux via le hasthag « Je voterai pour Sissi », le maréchal Abdul Fattah al-Sissi, très populaire en Égypte et donné comme grand gagnant pour les prochaines élections présidentielles, doit désormais faire face à une violente campagne d’opposition diffusée sur Twitter et Facebook.

Injure

Le hashtag « intikhbo al-ars » (انتخبوا _العرص#) en arabe (que l’on peut traduire par « vote pour le proxénète ») a déferlé sur Twitter, repris des millions de fois sur le site de micro-blogging. Des portraits du maréchal al-Sissi et des images détournées ont également commencé à couvrir les murs du Caire et dautres villes d’Égypte, accompagnés du même slogan injurieux.

« Responsable de la mort de centaines de manifestants en un seul jour et maintenant il veut être président… » écrit cet internaute sur Twitter, qui accompagne son message du hashtag en arabe.

Un blogueur égyptien, connu sous le pseudonyme de « The Big Pharaon », a déclaré à la BBC que la récente vague de répression des manifestations avait poussé les adversaires de M. Sissi à utiliser ce hashtag insultant. « Le réseau social est la seule arène où ils peuvent exprimer leur opposition, parce qu’il est maintenant extrêmement difficile de manifester en Égypte à cause de toutes les mesures de répression mises en place par la police », indique le blogueur à la chaîne britannique.

La répression contre les Frères musulmans a fait plus de 1000 morts et provoqué l’arrestation de 16 000 personnes depuis l’éviction de Mohamed Morsi, l’ancien président islamiste « renversé » par al-Sissi en juillet dernier, rappelle également la BBC.

Offusqués

Sur les chaînes de télévisions égyptiennes, plusieurs journalistes se sont offusqués face à cette déferlante d’injures, qualifiant cette campagne d’opposition de « diffamation » envers le candidat à la présidence, comme le rapporte le site anglophone Al Arabiya News.

« Suite à la démission du maréchal al-Sissi de son poste de ministre de la Défense et à l’annonce de sa candidature, un hashtag qui disait : « Je voterai pour Sissi » a été créé et retweeté un grand nombre de fois », a déclaré Khairy Ramadan, journaliste pour la chaîne CBC TV, lors d’une émission.

« Mais immédiatement après, un deuxième hashtag est apparu appelant à voter pour « un mot injurieux ». Ce hashtag est numéro 1 sur Twitter maintenant. Pourquoi ? Parce qu’il est soutenu par ces terroristes de Frères musulmans », a-t-il ajouté, rappelant que de telles insultes avaient également été prononcées à l’encontre de l’ancien président Mohamed Morsi avant son éviction.

Le présentateur a également exhorté les campagnes électorales des deux principaux candidats à la présidentielle, al-Sissi et le candidat de gauche Hamdeen Sabbahi, d’employer des experts des médias sociaux pour faire barrage à ce qu’il qualifie de « campagne de dénigrement dirigée par des islamistes ».

Rumeurs

Alors que des rumeurs de blocage de Twitter et d’arrestations des opposants faisant usage du hashtag offensant ont circulé ces derniers jours, celles-ci ont depuis été démenties, rapporte la BBC.

Hisham Qasim, ancien rédacteur du journal égyptien Al-Masry al-Youm et militant des droits humains, a notamment déclaré à Al Arabiya News que les insultes proférées contre le maréchal Sissi sur les médias sociaux « ne pouvaient pas être contrôlées ».

Un tel contrôle des réseaux sociaux, tel que vient de le faire par exemple le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, serait même contre-productif. « Personnellement, je pense que ce qui nuit le plus à Sissi sont les campagnes médiatiques hypocrites qui le soutiennent », estime M. Qasim. « Les campagnes de diffamation et d’insultes vont, il me semble, lui faire plutôt gagner en popularité ».

Al-Sissi président ?

Le maréchal Abdul Fattah al-Sissi, qui vient d’entamer sa campagne officielle à moins d’un mois des élections, s’offrant un bain de foule à vélo dans les rues du Caire, et met un point d’honneur à traquer et arrêter tous les Frères musulmans et partisans du président déchu, quitte à réprimer violemment les manifestations, fait figure de nouvel « homme fort » d’Égypte.

Adulé par une partie de la population qui voit dans l’élection du militaire, ancien ministre de la Défense, la seule issue possible à la crise politique qui secoue le pays depuis trois ans, le maréchal est haï par une autre frange de la population et par les Frères musulmans, qui voient en lui l’auteur du coup d’État contre Morsi, président élu démocratiquement en 2012.

Quitter la version mobile