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Le parti Nouvelle Donne va-t-il créer la surprise aux élections européennes?

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Nouvelle Donne a dévoilé mercredi 23 avril ses listes pour les élections européennes (Crédits: shutterstock.com)

Nouvelle Donne présente sept listes dans toutes les circonscriptions régionales, à l’occasion des élections européennes : Pierre Larrouturou (Ile-de-France), Joseph Boussion (Sud-Ouest), Isabelle Maurer (Grand Est), Emmanuel Poilane (Grand Ouest), Arthur Devriendt (Nord-Ouest), Laurence Danieau (Centre) et Jean-Baptiste Coutelis (Sud-Est).

JOL Press : Pour quelle raison présentez-vous des listes à l’occasion des européennes ?

Pierre Larrouturou : Nous pensons que nous traversons une crise sociale  et politique très grave. Depuis un an, on compte 300 000 chômeurs de plus en France et 400 000 personnes ne sont plus considérées comme chômeurs parce qu’elles sont en fin de droits. Nous avons donc en France 700 000 familles en souffrance. En un an, c’est monstrueux. Par ailleurs, nous constatons sur les questions climatiques que, selon le nouveau rapport du Giec, les scénarios les plus dramatiques prévus pour 2100 vont peut-être se mettre en place dès 2030.

Dans tous les domaines, la France est enfermée dans un cercle vicieux. Le chômage de masse ralentit la consommation des ménages, par exemple : en quatre mois, la consommation alimentaire a gravement diminuée. En Chine, la bulle immobilière est en train d’exploser, on a vu en Espagne ce à quoi ressemblait l’explosion d’une bulle immobilière. Si on ne change pas rapidement notre modèle de développement, on court le risque d’enfermer l’Europe dans une crise encore plus grave. C’est pour toutes ces raisons que Nouvelle Donne lance 20 propositions concrètes afin de proposer aux citoyens de voter pour un nouveau modèle économique et social.

JOL Press : Qu’apportez-vous de différent dans le paysage politique ?

Pierre Larrouturou : Tous les jours les ministres socialistes nous assurent que la croissance revient mais ce n’est pas vrai : la croissance est en baisse depuis des années et il n’y a aucun espoir sérieux de retour de croissance au vu des chiffres du chômage. La croissance du Japon, malgré des plans de relance colossaux, est de 0,7% depuis 20 ans. Donc, miser sur le retour de la croissance, c’est s’enfermer dans une spirale de la mort conduire la France et l’Europe vers un effondrement intellectuel, pour reprendre les mots de Paul Krugman, professeur à l’université de Princeton, chroniqueur du New York Times et Prix Nobel d’économie.

JOL Press : Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?

Pierre Larrouturou : Nous pensons que nous pouvons vraiment changer l’Europe. Nous sommes très nombreux à ne plus vouloir de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui et, en même temps, nous savons bien que la France, toute seule ne pourra pas protéger son modèle social et ne pourra pas faire face à la mondialisation. Notre conception c’est que nous n’y arriverons pas à 28, nous devons revenir à une Europe de huit ou neuf pays afin de reconstruire une Europe plus fidèle à nos valeurs.

Michel Sapin et son homologue allemand Wolfgang Schäuble ont annoncé que la taxe Tobin, ou taxe sur les transactions financières, allait voir le jour, au moins en partie, avant les élections européennes. Or, il y a deux ans, personne n’aurait pensé que l’Allemagne d’Angela Merkel allait mettre en place une telle taxe. Onze pays se sont engagés à leurs côtés. Aujourd’hui, les banquiers sont furieux mais cette taxe verra le jour et c’est une bonne nouvelle. Cela veut dire que les réformes sont possibles.

Nous souhaitons une Europe beaucoup plus démocratique : nous ne voulons pas de nouveaux traités sans référendum. Il y en a marre d’une Europe qui se fait dans le dos des peuples. Après cela, priorité à l’Europe sociale : si on veut lutter contre les délocalisations, il faut mettre en place dans tous les pays un salaire minimum et se donner les moyens de lutter contre le chômage. Pour cela, nous avons rédigé un « traité de convergence sociale », avec l’installation d’un « salaire anti-dumping » pour éviter les délocalisations d’entreprises vers les pays de l’Europe aux revenus plus faibles.

Nous souhaitons aussi une Europe qui taxe les bénéfices. Aux Etats-Unis, le taux d’impôts sur les bénéfices est de 40%, il n’est que de 25% en Europe. Depuis que l’Irlande et l’Angleterre ont intégré l’Europe, c’est à qui baissera le plus l’impôt sur les bénéfices pour attirer les entreprises. Au lieu de geler les retraites et le point d’indice des fonctionnaires et de couper 10 milliards dans l’investissement des collectivités, on devrait avoir une Europe qui nous donne de l’oxygène. Si on créait un « impôt européen sur les bénéfices », au lieu de faire un impôt sur les personnes, si le budget européen, la politique agricole et tout le reste était ainsi financé, la France gagnerait chaque année 21 milliards.

Enfin, nous souhaitons une Europe qui s’engage à sauver le climat, la Banque centrale européenne a trouvé 1000 milliards pour sauver les banques, nous pensons qu’il faut investir 1000 milliards pour sauver le climat sur 20 ans, afin que tous les pays d’Europe puisse lancer des travaux d’isolation pour faire baisser nos facture d’énergie.

JOL Press : Quels sont vos objectifs en termes de sièges ?

Pierre Larrouturou : Le maximum. A chaque élection européenne, un mouvement ou un parti créé la surprise. Nous ne sommes, pour le moment, qu’à 2% dans les sondages mais ce ne sont pas les sondages qui font une élection, ce sont les citoyens. Partout où nous faisons des débats, les salles sont archipleines. Nouvelle Donne a été créé il y a cinq mois et nous sommes déjà 7800 adhérents. Une colère monte dans le pays mais en face il y a aussi une vraie attente de solutions concrètes.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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