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Pourquoi La Manif pour tous renonce aux élections européennes

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Après la charte des municipales, c’est cette fois aux élections européennes que s’attaque la Manif pour tous.

JOL Press : Vous avez finalement décidé de ne pas présenter de candidats à l’élection du 25 mai prochain. Pour quelles raisons ?

Ludovine de la Rochère : Nous avions dit que nous nous laissions la possibilité de décider de nous lancer et puis, après réflexion, nous avons préféré ne pas y aller. Nous préférons rester en dehors de toute échéance électorale. Nous sommes un mouvement citoyen, spontané et populaire et nous souhaitons garder cet ADN. Nous avons, par ailleurs, un grand nombre d’actions à mener et, surtout, nous souhaitons pouvoir continuer à nous adresser à toute la société française et à tous les partis politiques. Nous souhaitons toucher tous les secteurs de la société, comme l’éducation ou la culture et pas seulement la politique. Nous ne voulons pas être un parti parmi d’autres.

JOL Press : Aviez-vous déjà constitué des listes ?

Ludovine de la Rochère : On avait l’équipe qu’il fallait, on pouvait se lancer très vite si on le souhaitait, mais les listes n’étaient pas encore constituées.

JOL Press : Vous aviez lancé une charte, à l’occasion des municipales, pour les candidats qui affirmaient vouloir protéger la famille. 2000 élus l’ont signée. Est-ce une réussite selon vous ?

Ludovine de la Rochère : Cette charte a été un succès dans la mesure où c’était une première à cette échelle. Par ailleurs, le site Internet sur lequel nous avons publié les noms des signataires a été extrêmement consulté et nous avons constaté que la signature de cette charte a eu un impact réel sur les résultats des élections : 85% des têtes de liste signataires ont été élus et pour beaucoup dès le premier tour. Deux porte-paroles de La Manif pour tous, Philippe Brillault (maire UMP du Chesnay) et Franck Meyer (maire MoDem de Sotteville-sous-le-Val, en Seine-Maritime), qui étaient maires depuis de nombreuses années, ont été réélus dès le premier tour et très largement.

Cette initiative nous a fait comprendre que les sujets de société sont des sujets importants pour les électeurs et que les candidats qui osent défendre des positions claires sur ces sujets sont appréciés des candidats. Les Français sont en attente de candidats prêts à assumer leurs convictions.

JOL Press : A l’occasion des européennes, ferez-vous signer la même charte aux candidats ?

Ludovine de la Rochère : Ce sera tout à fait différent parce que cette fois-ci il s’agira d’un questionnaire qui permettra encore davantage le dialogue et l’échange avec les candidats. Nous rendrons publiques les réponses des candidats, question par question, sur un site Internet qui sera lancé dans quelques jours.

JOL Press : Sur quoi ces questions vont-elles porter ?

Ludovine de la Rochère : Ces questions porteront sur la famille, sur le mariage et sur l’enfant, né d’un homme et d’une femme, qui a le droit d’être élevé par son père et sa mère ou, s’il est privé de ses parents d’origine, par un père et une mère adoptifs. Nous considérons que personne ne peut priver délibérément un enfant de ce droit.

Nos questions porteront aussi sur le fait que l’enfant n’est la propriété de personne et qu’il ne peut donc être l’objet d’aucun commerce ou d’aucun don, ni avant, ni après sa conception : les instances européennes se doivent de condamner toute atteinte à ce principe. Elles porteront aussi sur la liberté d’éducation, sur la politique familiale, à l’égard de laquelle l’Union européenne doit respecter le principe de subsidiarité – les peuples sont souverains dans ce domaine – sur le devoir de respect, solidarité, secours et assistance que parents et enfants se doivent  et sur le fait que l’Europe doit respecter ce principe et à en favoriser la mise en œuvre.

Nous interrogerons les candidats sur la lutte contre les discrimination qui doit être menée au nom du principe de dignité de toute personne et qui, selon nous, ne peut être utilisée au profit d’une politique instaurant ou promouvant l’identité de genre, qui est une perception subjective et relativiste que l’individu a de lui-même, alors que l’identité sexuelle est une réalité objective et essentielle à toute l’humanité. Enfin nous demanderons au candidat s’il est prêt, une fois élu, à participer à un intergroupe au Parlement européen pour défendre ces enjeux de la famille et de l’enfant.

JOL Press : Vous semblez craindre que l’Europe porte atteinte à votre conception de la famille…

Ludovine de la Rochère : Oui l’Europe est à craindre. Elle ne cesse de prendre des initiatives dont certaines deviennent contraignantes sur les questions de genre. Je pense notamment à l’enseignement du genre dans les écoles. Je pense notamment à la feuille de route LGBT (ou rapport Lunacek) qui a été voté par le Parlement européen. Depuis des années le lobby LGBT, qui est un lobby ultra-minoritaire et qui ne représente pas les personnes homosexuelles dans leur ensemble, parvient à faire passer ses revendications les unes après les autres, revendications qui piétinent véritablement l’intérêt supérieur de l’enfant et qui ne sont pas conformes à l’intérêt général. On ne peut plus laisser passer cela sans agir.

JOL Press : Que pensez-vous de la nouvelle secrétaire d’Etat à la Famille, Laurence Rossignol ?

Ludovine de la Rochère : La nouvelle secrétaire d’Etat à la Famille, qui a un parcours très militant en tant que féministe radicale mais aussi en tant qu’adhérente à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), a cependant proclamé son souhait d’apaisement. A ce souhait, nous avons répondu par une demande de rendez-vous parfaitement officielle lundi dernier et, à ce jour, nous n’avons pas reçu de réponse.

JOL Press : Prévoyez-vous de nouvelles manifestations dans les mois à venir ?

Ludovine de la Rochère : Nous sommes extrêmement mobilisés et vigilants sur les questions du genre mais aussi de la famille. L’ABCD de l’égalité, qui veut lutter contre les stéréotypes de genre, considère que les identités sexuelles sont fondées sur des stéréotypes, ce qui laisserait entendre que les différences hommes-femmes viennent du social et du culturel. C’est vrai en partie, mais les différences hommes-femmes viennent aussi de différentes dimensions biologiques qu’on ne peut pas nier. Cet ABCD de l’égalité nous le contestons et nous préparons des actions pour obtenir son retrait. Si nous ne l’obtenons pas au printemps, nous envisagerons des mobilisations très importantes à la rentrée scolaire – ce programme devant être généralisé à toutes les écoles à la rentrée.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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