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Qui est Vladimir Poutine en privé?

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Qui est Vladimir Poutine ? (Crédits : shutterstock.com)

Fidèle à ses vieilles méthodes des services secrets, Poutine excelle dans l’art de brouiller les pistes. D’abord agent du KGB dans les années 1970-1980, puis adjoint au maire démocrate de Saint-Pétersbourg, il devient chef des services secrets, choisi pour défendre les intérêts d’Eltsine et de sa famille. Il est ensuite nommé Premier ministre lors de la guerre en Tchétchénie, dans un climat crépusculaire de fin de règne. Habile manœuvrier et jouant adroitement des clans politiques, il s’impose enfin comme successeur inattendu de Boris Eltsine, et affronte les défis majeurs de la Russie du XXIe siècle.

Éclairant les zones d’ombre de ce personnage complexe, Vladimir Fédorovski présente ici cinq visages du maître incontesté de la Russie depuis près de quinze ans, personnalité incontournable de l’échiquier international.

Extraits de Poutine, l’itinéraire secret, de Vladimir Fédorovski (Editions du Rocher- 5 mai 2014)

Poutine affirme haut et clair, découvrant son vrai visage : « Franchement, quand je regarde en arrière, il n’y a pas d’erreur ! » Il n’hésite pas, d’ailleurs, à parler « au premier degré » avec ses interlocuteurs ; il est à l’aise avec son entourage… Quand on lui a demandé s’il avait pris des décisions qu’il aimerait corriger, il a répondu tout de go : « Non. Honnêtement, quand je regarde en arrière, mon bilan devrait me permettre de rester encore au pouvoir ! »

Son ambition est de créer un « état équilibré à tous les niveaux » ; il estime que « des décennies » (!) seront nécessaires pour atteindre cet objectif. Et il n’entend pas lâcher la barre. « J’ai le choix entre deux possibilités : rester au bord et regarder l’eau qui coule, observer comment les choses se désagrègent, ou bien me mêler de la situation. Je préfère m’en mêler », annonce-t- il. Il s’imagine volontiers en agent 007, aspirant à sauver les hommes lorsque les difficultés se présentent…

[image:2,s]Bien loin de son enfance soviétique ordinaire dans un appartement communautaire, ce James Bond plus vrai que nature embarque à présent dans un Zodiac pour chasser la baleine dans l’océan Pacifique ou conduit, en polo et Ray-Ban, son 4×4 sur les routes d’Extrême-Orient ! Les journaux du monde entier reproduisent avec délices les clichés pris par ses photographes officiels : Poutine ceinture noire de judo dans une salle de sport, pêcheur d’amphores au bord de la mer noire, ami des motards à Saint-Pétersbourg ou torse nu (une tenue décontractée qu’il apprécie particulièrement) à cheval dans les montagnes à la frontière avec la Mongolie, en pleine brasse papillon au milieu d’un fleuve en Sibérie, quand il n’est pas lancé au secours de la baleine grise, peu après avoir pris dans ses bras une tigresse.

La pratique du sport est restée primordiale pour Vladimir Poutine. Les premières heures de la journée du président russe sont soigneusement minutées. Il ne se réveille habituellement pas avant 9 heures du matin. Comme autrefois Staline, Poutine reçoit et travaille jusqu’à 2 ou 3 heures du matin et se couche tard. Dans sa datcha, dès qu’il est debout, il se rend à jeun dans la salle de sport, ganté de mitaines en cuir, afin de faire des exercices de musculation. Le chef du Kremlin entretient en effet méticuleusement sa forme. Tous les jours en fin de matinée, il enchaîne d’interminables longueurs dans sa piscine. Il se détend ensuite dans deux Jacuzzi, l’un d’eau chaude, l’autre d’eau froide. Puis assez tard, vers midi, il prend un petit déjeuner : céréales, œufs de caille, le tout accompagné d’un cocktail énergisant très spécial et de légumes fortement assaisonnés d’ail. Ce n’est que vers 13 heures que sa Mercedes blindée l’amène à son bureau, au Kremlin.

La fortune de Poutine

Selon Boris nemtsov, ancien vice-Premier ministre et figure emblématique de l’opposition, « Poutine ne possède rien en son nom propre, mais tout à travers des hommes de paille »… la liste des biens attribués par la presse[1] au président russe se composerait de vingt palais ou villas, de quinze hélicoptères et d’une flotte d’avions, de quatre yachts d’une valeur de 100 millions de dollars, dont l’un, l’Olympiade[2], est doté de cinq ponts. Sans compter sept cents automobiles et une collection de montres de luxe, dont un modèle à 390000 euros de la firme allemande Lange & Söhne, baptisé « Pour le mérite »[3].

Un divorce à l’amiable

En 2008, le magazine Moskovski Reporter a révélé que Poutine avait une jeune maîtresse, de trente ans sa cadette, la très accorte gymnaste Alina Kabaeva, aussitôt devenue députée du parti au pouvoir. Le journal a rapidement dû fermer…

À l’automne 2013, la vie personnelle du président russe a changé. « C’est un divorce à l’amiable », a-t-il affirmé à la chaîne Rossia 24 lors d’une interview dans laquelle se sont confiés les époux, après avoir été vus ensemble à la représentation du ballet Esmeralda au palais du Kremlin. « C’était une décision commune. Notre mariage est fini. Nous ne nous voyons presque pas », a ajouté Poutine avant que Lioudmila ne confirme ses propos: « J’approuve ce que dit Vladimir, il s’agit réellement d’une décision conjointe. »

L’une des raisons principales du divorce semble être le statut et les occupations du président : « Tout mon travail implique d’être une personne publique dont la vie est absolument connue de tous. Cela plaît à certains, mais pas à d’autres. Certaines personnes sont incompatibles avec ça. Lioudmila a quand même tenu pendant huit… ou neuf ans », a expliqué Vladimir Poutine. Ce à quoi cette dernière a de nouveau acquiescé : « Vladimir est complètement immergé dans son travail. Nos enfants ont grandi, ils vivent leur vie… les choses sont telles que désormais chacun a sa vie propre, et moi je n’aime pas du tout être un personnage public. »

Les deux époux ont ensuite insisté sur le fait que leur divorce n’influerait en aucune manière sur leurs relations futures : « Nous allons rester à jamais des gens très proches. Je suis reconnaissante à Vladimir de me soutenir », a souligné Mme Poutine. Et son futur ex-mari de renchérir : « Nos enfants ont reçu leur formation en Russie et vivent ici. Nous garderons de bonnes relations… »

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Diplomate lors des grands bouleversements à l’Est, et auteur de plusieurs best-sellers internationaux, Vladimir Fedorovski est aujourd’hui l’écrivain d’origine russe le plus édité en France.

[1] Voir le Nouvel Observateur du 6 février 2014.

[2] Offert par l’oligarque Roman Abramovitch.

[3] Ses porte-parole précisent que les palais ne lui appartiennent pas « à titre personnel », mais servent de résidences officielles, et que les montres de collection sont des « cadeaux offerts au chef de l’état ».

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