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Turquie: le gouvernement conservateur bloque Youtube

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Le 20 mars dernier, le gouvernement turc annonçait le blocage du réseau social Twitter. Une semaine après, la plateforme de partage de vidéos YouTube subit le même sort. Les serveurs internet et les opérateurs de réseau téléphonique turcs ont été prévenus, et doivent maintenant refuser l’accès au site.

La raison ? Un petit malin a posté jeudi dernier le verbatim d’une conversation entre des membres du gouvernement turc. Selon la retranscription anglaise diffusée via le site de stockage de données Dropbox, la discussion se déroule entre le chef du renseignement Hakan Fidan, le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, ainsi qu’un commandant des forces armées, Yasar Guler.

Une opération secrète planifiée ?

Les trois hommes évoquent la possibilité d’une opération en militaire en Syrie, a priori contre un groupe rebelle appelé L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). La fin – officieuse – de l’opération serait de sécuriser le tombeau de Suleyman Shah, grand-père du fondateur de l’Empire ottoman. La zone avait déjà été le théâtre d’affrontements entre l’EIIL et d’autres groupes, dans la région d’Alep, à l’Est de la frontière turque.

Plus concrètement, Hakan Fidan prévoierait d’envoyer en Syrie une poignée d’hommes, chargés de lancer des missiles dans un terrain vague turc. Le but serait ainsi de justifier une riposte militaire émanant de la Turquie.

L’indignation du pouvoir turc

Face à cette diffusion sauvage, Ahmet Davutoglu ne cachait pas sa colère : « Ces écoutes constituent clairement une déclaration de guerre à l’État et à la nation turque ». Il a d’ailleurs assuré que « la Turquie répondrait de la manière la plus adéquate à cette attaque contre son avenir et sa stabilité ».

Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a pour sa part dénoncé un « acte ignoble, lâche et immoral ». Promettant de poursuivre ses auteurs « jusque dans leurs caves », l’homme politique s’en est ensuite pris au réseau social Twitter, d’après le Daily Dot : « C’est quoi Twitter ? Une entreprise. ET en fait, derrière, il y a YouTube. Ils travaillent avec les avocats de YouTube ».

Une crispation de tous les instants

Quelques jours seulement après celui – finalement avorté – de Twitter pour les mêmes raisons, ce second blocage confirme l’état d’énervement du Premier ministre turc et de son gouvernement, à deux jours d’élections municipales cruciales. Dénonçant des manipulations, les appuis d’Erdogan agitent l’étendard de la colère quant à la mise en cause de leur politique.

En pleine crise de confiance et de plus en plus chahuté, Recep Tayyip Erdogan n’avait sûrement pas besoin d’une polémique sur la restriction numérique.pp

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