Site icon La Revue Internationale

Après le 25-Mai, la France affaiblie…

Parler de « tsunami » ou de « séisme » comme en Une du Figaro, conférer au FN le rang de « Premier parti de France », c’est reprendre les éléments de langage privilégiés par Marine Le Pen et ses acolytes, c’est faire le jeu du Front National.

Les digues ont cédé…

Le 25 mai 2014 est déjà entré dans l’histoire comme le jour où, pour la première fois, le Front National est arrivé en tête d’une élection nationale en France, comme le jour où un quart de la moitié des citoyens français, ceux qui se sont déplacés pour voter, ont fait le choix du Front National…

A la différence d’un certain 21-Avril, nous avions été prévenus. Au-delà même des sondages, les signes avant-coureurs s’étaient accumulés, depuis juin 2012, de législatives partielles en législatives partielles, puis lors des municipales de mars. Combien sont-ils aujourd’hui en France à  avoir, par conviction ou par dépit, déposé dans l’urne, au moins une fois, un bulletin siglé de la flamme tricolore ? Et qu’adviendrait-il si tous, en même temps, récidivaient ?

Les digues ont cette fois-ci cédé. Elles emportent avec elles le bipartisme, cette organisation manichéenne du jeu politique entre la droite et la gauche et mettent en évidence – une fois de plus, une fois de trop – l’obsolescence des institutions de la Vème République, pourtant réputées si solides.

Des conséquences, il y en aura forcément. Certains évoquent, à mots couverts, de possibles « recompositions » – mais sans doute faudra-t-il attendre, attendre que le FN progresse encore, comme s’il n’avait pas déjà démontré qu’il pouvait remporter d’autres scrutins que ceux organisés à la proportionnelle…

Le rang de la France en Europe est menacé…

Le jour d’après… Réunion de crise à l’Élysée ce lundi matin. Une réunion qui porte bien son nom. C’est une crise, une crise grave que traversent François Hollande, son gouvernement, sa majorité… sa France, la France.

Oui, c’est bien de la France dont il s’agit et, notamment, de son rang, de son rang en Europe. Mardi 27 mai, le président de la République retrouvera ses collègues, chefs d’État et de gouvernement du Conseil européen, à l’occasion d’un dîner de travail à Bruxelles.

Les résultats du 25-mai l’affaiblissent davantage. De quoi aura-t-il l’air face à une Angela Merkel, gagnante haut-la-main du même scrutin dans son pays, qui magnanime, à n’en pas douter, le soutiendra comme la corde soutient le pendu… Osera-t-il invoquer la crise face à l’Espagnol Mariano Rajoy, conforté, ou encore l’Italien Matteo Renzi, dont le Parti démocrate obtient le score surprenant de 33% avec dix points d’avance sur le Mouvement 5 étoiles du populiste Beppe Grillo… Sans doute réclamera-t-il un changement de politique à l’échelle européenne mais comment pourrait-il faire, aujourd’hui, ce qu’il n’a pas eu le courage d’engager au lendemain de son élection ?

La France affaiblie, c’est aussi la France au Parlement européen, représentée par 25 députés FN, des députés assurés de ne pas obtenir des postes d’influence dans les commissions, des députés qui, pendant 5 ans, mèneront une opposition farouche à l’ambition européenne et, par là-même, aux ambitions de la France en Europe.

Les appels au rebond ne manqueront pas, mais les conditions du sursaut sont encore incertaines – et si c’est un séisme, il ne faudra pas oublier de se préparer aux répliques.

Quitter la version mobile