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Européennes: Cannabis sans frontières cherche candidates en herbe

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Le mouvement « Cannabis sans frontière » lance un appel pour les élections européennes (shutterstock.com)

Aux Européennes de 2009, le mouvement « Cannabis sans frontière » avait déjà conduit une liste anti-prohibition. Dans la région Île-de-France, il avait recueilli 3988 voix, soit un score de 0,14% des suffrages exprimées. En 2014 il veut renouveler l’expérience avec la liste « Cannabis sans frontières – Stop la prohibition ».

JOL Press : Pour quelles raisons présentez-vous une liste aux élections européennes ?

Michel Sitbon : Nous voulons être présents aux élections européennes pour que la question du cannabis soit débattue lors de la campagne électorale et que les électeurs aient l’occasion de se prononcer sur la question. Les fumeurs sont nombreux et beaucoup de Français estiment que la consommation de cannabis devrait être dépénalisée au lieu d’être persécutée comme c’est  le cas aujourd’hui. Nous avons choisi les élections européennes parce que la question du cannabis est une question qui ne concerne pas que les Français et parce que les européennes sont des élections durant lesquelles on peut se permettre d’aborder des sujets de société de ce type.

JOL Press : Que proposez-vous concrètement ?

Michel Sitbon : Nous proposons de changer de politique, d’arrêter de persécuter bêtement les gens pour des motifs qui ne sont pas bons et de prendre en compte très sérieusement la question du cannabis thérapeutique. On sait que le cannabis est un remède très utile pour un grand nombre de maladies et c’est un scandale que les malades soient privés de remèdes et de soulagement alors que les traitements existent. Au moins pour cette raison-là, il y a urgence. Mais la dépénalisation permettrait aussi que les prisons soient moins pleines et que les jeunes soient moins en conflit avec le reste de la société.

JOL Press : Combien de listes présentez-vous ?

Michel Sitbon : A l’heure où nous parlons, nous attendons toujours des candidatures pour pouvoir boucler deux listes : nous manquons cruellement de candidatures féminines. Avant vendredi 2 mai, à 14 heures, nous recueillons toutes les candidatures et il nous faudrait une dizaine de candidatures féminines pour pouvoir nous lancer pour les européennes. Nous attendons donc toutes celles qui le désireraient au 38 rue Keller, dans le XIe arrondissement, à Paris, avant 14 heures, ce vendredi.

JOL Press : Au-delà de la question du cannabis, avez-vous d’autres grandes lignes de programme ?

Michel Sitbon : Nous ne restons pas enfermés dans la question du cannabis. Nous nous opposons à la prohibition, pas seulement du cannabis mais de l’ensemble des drogues qui devraient être mieux prises en compte. Nous ne croyons pas en l’efficacité de la répression aveugle qui ne fait pas de distinction entre les drogues et qui fait, au final, beaucoup plus de mal qu’une politique adaptée. Et au-delà de la question des drogues, de manière générale c’est la question des libertés qui se pose à nous. Nous vivons dans un Etat extrêmement policier et c’est contre ces contrôles permanents que nous nous battons.

Nous défendons toutes sortes de liberté : nous sommes solidaires des libertés de circuler des sans-papier, des libertés sociales revendiquées par les intermittents aujourd’hui et par toutes les forces de progrès. Cependant, nous tenons à spécialiser notre discours sur notre domaine de compétences, sur la politique des drogues et du cannabis en particulier.

JOL Press : Comment envisagez-vous la prévention des drogues auprès des plus jeunes ?

Michel Sitbon : C’est tout le problème aujourd’hui : la politique de prohibition n’organise pas de prévention, elle ne fait qu’envoyer la police là où il y aurait besoin d’information. Il faudrait organiser les choses de manière intelligente afin de prévenir les excès. La prohibition ne s’adapte pas aux dangers particuliers de certaines drogues. Chaque drogue a ses qualités et ses défauts et demande à être traitée différemment. Autant nous souhaitons une libéralisation générale en matière de cannabis, autant nous avons conscience qu’il ne faudrait pas mettre en place les mêmes règles pour les autres drogues. Le même niveau de libéralisme ne s’impose pas pour toutes les substances.

JOL Press : La forte consommation de cannabis chez des adolescents de plus en plus jeunes ne vous préoccupe-t-elle pas ?

Michel Sitbon : Nous pensons que cette augmentation de la consommation du cannabis est une conséquence de la prohibition en France. C’est effectivement préoccupant. J’avoue que ce n’est pas ce qui m’alarme le plus – le cannabis n’est pas aussi dangereux que le prétend la police – mais je ne souhaite pas pour autant voir des jeunes consommer de plus en plus tôt de la marijuana. La politique de la prohibition qui interdit tout et ne veut rien savoir est à l’origine de ce phénomène. Les jeunes ne veulent pas croire le discours officiel et adoptent des comportements transgressifs.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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