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Femmes dévoilées, hommes voilés: en Iran, le voile divise le web

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Lancée le 3 mai dernier, la page Facebook « My Stealthy Freedom » (« Moments furtifs de liberté ») a déjà recueilli des centaines de photos et plus de 400 000 « like » depuis un mois.

Sur la page, administrée par la journaliste iranienne Masih Alinejad, qui vit au Royaume-Uni, les femmes iraniennes sont invitées à poster des photos d’elles dévoilées, sur la plage ou dans la rue, revendiquant ainsi leur droit de ne pas se plier à l’obligation de porter le hijab, le voile islamique.

« Juste pour rire »

L’initiative, largement relayée sur la Toile et surtout sur Twitter avec le hashtag #MyStealthyFreedom, a fait des émules. Recueillant de nombreux messages de soutien, elle a notamment inspiré certains Iraniens qui se sont amusés à se photographier avec un « voile » sur la tête et à poster leur photo sur la page Facebook baptisée « Moments furtifs de liberté des hommes ».

Draps, foulards, serviettes, couvertures… Les dizaines de photos publiées par ces hommes parodient les codes de décence islamiques, « juste pour rire », précise la page Facebook.

Une autre page Facebook intitulée « La vraie liberté des femmes iraniennes », prône au contraire le port du voile comme protection. Plusieurs photos de jeunes femmes portant le hijab accompagnées dun message expliquant ce choix, déjà diffusées le 1er février, journée internationale du hijab, ont été republiées sur cette page Facebook.

Violentes réactions

Mais l’initiative des femmes sans voile a également suscité de violentes réactions sur le web. Ainsi, selon le site des Observateurs de France 24, une image circulerait depuis plusieurs semaines sur les téléphones portables iraniens, représentant le visage tuméfié d’une jeune femme, accompagnée d’un message indiquant que la femme a été violée parce qu’elle ne portait pas le voile.

« La question de la légitimation du viol des femmes non voilées réapparait régulièrement en Iran. Quelques semaines avant le début de la campagne de SMS, des discussions enflammées avaient déjà eu lieu sur Internet autour du message d’un internaute posté sur Google +. Ce dernier affirmait que « les hommes qui violent des femmes qui ne portent pas de hijab ne doivent pas être poursuivis en justice » », indique le site des Observateurs.

Selon le site américain Bloomberg, une page Facebook anonyme, intitulée « Identifier les partisans de la débauche dans le cyberespace », demande même aux internautes d’identifier les femmes ne portant pas de voile sur les photos, et indique que celles-ci doivent être fouettées et emprisonnées.

Le voile, symbole de la République islamique d’Iran

En Iran, le port du voile est devenu obligatoire peu de temps après la victoire de la Révolution islamique en 1979, d’abord pour les femmes qui travaillaient puis pour l’ensemble de la population féminine à partir de neuf ans. Pour celles qui ne respectent par l’obligation, une peine d’emprisonnement est prévue et les femmes considérées comme « mal-voilées » doivent payer une amende.

Selon Azadeh Kian, sociologue spécialiste de l’Iran interrogée par JOL Press, malgré les quelques pas faits par le président iranien Hassan Rohani, qui a critiqué ceux « qui pensent que la femme représente une menace pour la société » et affirmé que « les femmes doivent pouvoir profiter des mêmes possibilités, et jouir de la même protection et des mêmes droits civils que les hommes », les voiles ne sont pas près de tomber en Iran.

« Je crois même que ce sera la dernière chose qui tombera en Iran car la symbolique du voile pour les conservateurs est vraiment très importante », indique la sociologue, qui rappelle que le port du voile symbolise, outre la pureté de la femme ou le sang des martyrs, la République islamique elle-même.

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