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La «guerre de manipulation» de Poutine

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Des manifestants avec la photo de la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2006. Crédit : Shutterstock

JOL Press : Que pensez-vous de ces condamnations ?

Olga Kokorina : Je ne pense pas que la condition de la démocratie aujourd’hui en Russie permette d’espérer connaître un jour la vérité sur cette affaire. C’est une sorte de manipulation de deux peuples l’un contre l’autre. On condamne quatre Tchétchènes dans ce procès et on manipule l’opinion publique russe.

Les Tchétchènes que j’ai eu l’occasion de rencontrer considèrent Politkovskaïa comme le symbole du combat pour la liberté d’expression et ils ont énormément de respect pour elle. Le fait est que les peuples russe et tchétchène n’ont jamais été ennemis. C’est une guerre de manipulation comme ce qu’il se passe actuellement entre les Ukrainiens et les Russes.

JOL Press : Quelle est la situation actuelle pour les journalistes et les opposants politiques en Russie ?

Olga Kokorina : En général la situation des droits humains s’est beaucoup dégradée ces dernières années. En particulier après l’adoption de lois qui mettent en danger la liberté d’expression, le droit de manifester et d’écrire. Il y a beaucoup de sites internet, de magazines ou de journaux qui ferment. Ou alors on leur impose une direction pro-gouvernementale.

C’est depuis 2011 et les grands mouvements citoyens contre les falsifications aux élections législatives puis présidentielles. Il y avait des milliers de personnes dans les rues, ce qu’on avait plus vu depuis près de vingt ans en Russie. Je pense que cet éveil de conscience civil chez les citoyens a provoqué une peur chez le gouvernement, qui a réagi d’une façon extrêmement violente en durcissant les lois et en mettant la pression sur les opposants politiques, les militants civils ainsi que les journalistes.

Aujourd’hui, les médias sont utilisés comme un outil de propagande.

JOL Press : Quelles sont les actions que vous menez chez Russie Libertés ?

Olga Kokorina : On essaie de sensibiliser l’opinion publique internationale et de soutenir l’éveil de conscience civique chez nos compatriotes. Nous organisons beaucoup de conférences, de forums et de manifestations. Nous avons fait un rapport sur la corruption en Russie que nous présentons ce mercredi 21 mai à l’Assemblée nationale.

Nous pouvons tous faire quelque chose parce que nous sommes responsables les uns des autres. Peu importe le pays dans lequel on se trouve, il faut se mobiliser parce que la démocratie et les droits humains sont le combat du peuple.

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