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«La Pologne est le plus europhile des pays européens»

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La Pologne est le premier bénéficiaire net des fonds d’aide européens (Photo: Shutterstock.com)

 
JOL Press : A quel niveau de mobilisation s’attend-on ? 
 

Georges Mink : Comme un peu partout en Europe, l’intérêt des Polonais pour ce scrutin est assez faible. Le taux de participation ne devrait pas dépasser 50%. Les électeurs devront faire leur choix parmi une quinzaine de listes, ce qui conduit à un certain éclatement du spectre politique. De plus, ceux qui s’intéressent à ce scrutin savent déjà pour qui ils voteront le 25 mai. 

JOL Press : Comment les Polonais perçoivent-ils l’Union européenne ? 
 

Georges Mink : Il faut préciser que la Pologne est dans une situation particulière : premier bénéficiaire net des fonds d’aide européens, le pays a touché plus de 85 milliards d’euros entre 2004 (l’année de son adhésion à l’UE) et aujourd’hui. Résultats : la transition agricole s’est faite beaucoup plus doucement que prévu et une classe moyenne polonaise a pu émerger.

Globalement, les indicateurs économiques sont au vert : production industrielle, balance commerciale, PIB (la croissance polonaise pour 2014 a récemment été revue à la hausse à 2,8%, ndlr) etc. Une grande majorité des Polonais sont satisfaits de l’entrée de leur pays dans l’UE. La Pologne est sans doute le plus europhile des pays membres de l’Europe. 

JOL Press : Quelles sont les forces en présence ? A quels résultats s’attend-on ?
 

Georges Mink : Depuis le début des années 2000, la Pologne a produit un système politique binaire plutôt orienté à droite.

D’un côté, on trouve la Plateforme civique (PO), le parti de centre-droit, libéral et europhile du Premier ministre Donald Tusk. D’un autre côté, on trouve le parti Droit et justice (PiS), social-conservateur, catholique, eurosceptique et étatiste. Ces deux formations sont au coude-à-coude et sont créditées de 25 à 30% des intentions de vote chacune.

La gauche, très morcelée, et de nombreux petits partis se partagent le reste des voix. A souligner que le Parti paysan polonais (PSL), agrarien et membre de la coalition au pouvoir, est crédité d’environ 6% des voix. Cette formation entend profiter de ce scrutin pour peser sur les décisions agricoles prises au sein de l’Union européenne. 

JOL Press : Quid des partis d’extrême droite ? Pourraient-ils effectuer une percée lors de ce scrutin ? 
 

Georges Mink : Longtemps en marge de la vie politique institutionnelle, l’extrême droite polonaise se lance dans la course au Parlement européen. La Pologne solidaire (SP), issue du parti Droit et justice, mène une campagne anti-immigration et s’oppose à une Europe fédérale.

La Nouvelle droite est une formation davantage comparable au Front national : c’est un parti qui veut entrer au Parlement européen pour détruire l’UE de l’intérieur. Son discours souverainiste lui a récemment permis une timide envolée dans les sondages (entre 5 et 7% des voix).

Cette montée du populisme et de l’euroscepticisme est un phénomène nouveau qu’il faut relativiser par rapport aux autres pays européens. Comme je l’indiquais plus tôt, l’intégration de la Pologne dans l’Europe est un succès. De plus, le système politique binaire du pays n’est pas encore usé. La preuve : la PO et le PiS vont se partager l’essentiel des 51 eurodéputés polonais. 

JOL Press : Quels sont les thèmes qui occupent les débats ? 
 

Georges Mink : Avec la politique agricole, la crise en Ukraine est au cœur de ces élections. Pour les Polonais, la question est : quelle est la position des candidats sur les sanctions envers la Russie ? A cause de la proximité géographique et de l’importance des échanges commerciaux entre Moscou et Varsovie, les électeurs sont focalisés sur cet enjeu de politique étrangère.

A noter que la majorité de l’échiquier politique se prononce en faveur d’un alourdissement des sanctions contre la Russie.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

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