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Street Art à Exarchia: au cœur du quartier contestataire d’Athènes

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Les graffitis défilent sous nos yeux. Accrochée fermement au scooter du journaliste Kostas Kallergis, qui me pointe du doigt les oeuvres à ne pas manquer, j’ai juste le temps de dégainer mon appareil photo pour immortaliser quelques dessins éphèmères qui auront, peut-être, disparu demain.

Nous sommes à Exarcheia, un quartier d’Athènes situé près des universités, fréquenté par les étudiants, artistes et intellectuels. C’est ici qu’Alexandros Grigoropoulos, jeune lycéen de 15 ans, est décédé sous les balles d’un policier, en décembre 2008. Sa mort a déclenché d’immenses manifestations pendant plusieurs jours à travers la ville.

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« The Wake Up Call »: le street art politique à Athènes

Auteur du blog « When the crisis hits the fan », dans lequel il poste régulièrement des billets sur l’impact de la crise économique sur la société grecque, Kostas Kallergis a également réalisé le documentaire « The Wake Up Call » – qu’il a auto-financé – sur le street art politique à Athènes.

« Les graffitis sont une forme d’art éphémère très intéressant qui décrivent ce qui se passe actuellement en Grèce » raconte-t-il. L’idée du projet naît en 2012, lorsqu’il prend en photos quelques oeuvres murales avec son téléphone protable. Les clichés partagés sur les réseaux sociaux et dans son blog rencontrent un franc succès. Kostas Kallergis se rend alors compte de l’intérêt porté à l’art urbain et décide de lancer un projet documentaire dans lequel il consacre un chapitre à chaque artiste rencontré.

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« Une société qui suffoque »

« Aujourd’hui, pour être entendues, certaines voix n’ont pas trouvé d’autres moyens que de s’exprimer illégalement sur des murs d’Athènes » explique-t-il. Issus pour la plupart des partis de gauche, et de la gauche radicale, les street artistes politiques, tels que Bleeps, WD, Absent, Paul ou Syndron, dénoncent la montée du fascisme et le contexte économique à travers des œuvres anti-troïka: « les critiques formulées ici ne sont pas celles que l’on entend dans les grands médias » poursuit-il.

Sur les murs d’Exarchia, nombreux sont les graffitis de Syndron, présentant un visage avec un masque à gaz. Kostas Kallergis y voit plusieurs allusions: « d’une part la société en train de suffoquer, mais cela peut aussi faire référence aux masques à gaz utilisés pendant les manifestations qui ont éclaté dans le quartier il y a cinq ans » estime-t-il.  

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« Les gens pensent à deux fois avant de faire une dépense »

Pour le journaliste, la crise a bouleversé la vie quotidienne des Grecs : « nous avons changé notre manière de dépenser notre argent. Le prix d’un café importe désormais… Les gens pensent deux fois avant de faire un achat ».

Mais le journaliste constate aussi qu’un important sentiment de solidarité s’est développé entre les gens depuis le début de la crise : distribution de nourriture, travail bénévole, professeurs qui enseignent gratuitement aux élèves qui veulent réussir leur examen d’entrée aux universités… Les exemples abondent : « Il y a aussi un réseau en ligne baptisé TimeBanks, qui permet un échange de services sans argent » ajoute le journaliste. « Solidarité, et non charité » précise-t-il, en parlant d’un peuple « fier ». Un thème que les street artistes pourraient être amenés à de plus en plus aborder, afin de montrer que la Grèce n’est pas qu’un pays ravagé par la crise.

Extrait du documentaire de Kostas Kallergis:

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