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Ukraine: les séparatistes pro-russes maintiennent leur référendum

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Un manifestant pro-russe brandit le drapeau de la Fédération de Russie devant des drapeaux ukrainiens à Lougansk, Est de lUkraine, 1er mars 2014. (Crédit photo: IgorGolovniov / Shutterstock.com)

Alors que Kiev continue son opération militaire dans le Sud-Est de l’Ukraine afin de chasser les pro-russes qualifiés de « terroristes » par le nouveau gouvernement ukrainien, un référendum doit se tenir dimanche 11 mai à Donetsk, ville de l’Est du pays tenue par les insurgés pro-russes.

Vladimir Poutine avait pourtant demandé, mercredi, un report de ce référendum en échange d’un arrêt de l’opération militaire menée par l’armée ukrainienne. Mais d’un côté comme de l’autre, aucun ne veut céder. Même pour la Russie, les séparatistes pro-russes ne semblent pas prêts à lâcher du lest. Les responsables de la république populaire autoproclamée de Donetsk ont ainsi confirmé jeudi 8 mai la tenue de ce référendum.

Défiance envers le pouvoir de Kiev

La défiance des régions du Sud et de l’Est de l’Ukraine envers le nouveau pouvoir de Kiev n’a cessé de croître ces dernières semaines. Les tensions étaient encore montées d’un cran entre les séparatistes et les partisans d’une Ukraine unie.

À Marioupol, vendredi 9 mai, une vingtaine de séparatistes ont été tués par les forces ukrainiennes, alors quils tentaient de prendre le siège de police. Une semaine avant, à Odessa, l’incendie d’un bâtiment dans lequel sont morts une quarantaine de pro-russes n’a fait qu’envenimer la situation.

« Depuis la deuxième intervention « antiterroriste » lancée par le pouvoir ukrainien, la révolte  commence à ressembler à une guérilla urbaine », explique à JOL Press Éric Aunoble, spécialiste de l’Ukraine à l’université de Genève. « Cette radicalisation est plutôt due à l’incompétence et à l’indécision du nouveau pouvoir de Kiev qu’à une réelle conviction identitaire » en faveur de la Russie, indique le spécialiste.

« Le nouveau pouvoir ukrainien, qui n’a pas été capable de mettre en place ce qu’il voulait, a généré une impression d’insécurité » dans le pays, rassemblant les populations de l’Est autour de pouvoirs et leaders locaux, à l’instar de Denis Pouchiline, chef séparatiste de la république autoproclamée de Donetsk. C’est ce dernier qui a annoncé le maintien de la date du référendum.

Une nouvelle escalade des tensions ?

La consultation populaire qui doit se tenir dimanche a d’ores et déjà été condamnée par le camp occidental. Une porte-parole de l’Union européenne à Bruxelles a ainsi déclaré que la tenue de ce référendum « aggraverait encore la situation » et « pourrait mener à une nouvelle escalade » des tensions, rapporte 20 minutes.

Le gouvernement de Kiev a pour sa part qualifié la consultation de « référendum terroriste », indiquant qu’il le considèrerait comme illégitime.

Un référendum d’autodétermination avait eu lieu en Crimée en mars dernier, portant sur le rattachement de la péninsule à la Russie. Une consultation quelque peu différente de celle de dimanche, qui porte d’abord sur la souveraineté étatique de l’Est ukrainien avant d’envisager un rattachement ou non à la République fédérale russe.

Par ailleurs, si près de 60% des habitants de la Crimée se définissaient comme russes, dans l’est de l’Ukraine, c’est plutôt une minorité. « Récemment, des sondages ont montré que plus de 70% de la population y est favorable à une Ukraine unie », rappelle ainsi Aude Merlin, politologue spécialiste de la Russie à l’Université Libre de Bruxelles, sur le site belge L’Avenir.

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