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Crash du vol MH17: Vladimir Poutine pris à son propre piège

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Le président russe Vladimir Poutine (Photo: Shutterstock.com)
 
JOL Press : Sur le plan diplomatique, Vladimir Poutine apparaît en difficulté…
 

Alexandre Melnik : Tout d’abord, il faut souligner que le crash du vol MH17, qui est une véritable tragédie, est la conséquence directe d’une guerre menée depuis plusieurs mois par la Russie contre l’Ukraine. Il s’agit d’une guerre qui ne dit pas son nom et que les Occidentaux refusent de reconnaître comme telle. Vladimir Poutine doit assumer ses responsabilités.

Nous sommes à un tournant dans la crise ukrainienne. Le chef du Kremlin est désormais face à un dilemme : soit il lâche les rebelles pro-russes, au risque de s’aliéner les nationalistes dans son propre pays ; soit il continue de soutenir les séparatistes, au risque d’être mis au ban des nations.

L’enquête est au point mort. Ce week-end, les rebelles ont empêché l’accès au site aux responsables ukrainiens et aux inspecteurs internationaux. La Russie doit mettre fin à cette situation en usant de son influence sur les séparatistes. Autrement, elle deviendra un paria. 

JOL Press : Vladimir Poutine est-il au pied du mur ? 
 

Alexandre Melnik : Oui. Suite à cette catastrophe, le président russe est le grand perdant sur le plan diplomatique. La vérité se fait jour. Moscou a ouvert la boîte de Pandore en armant lourdement la rébellion dans l’Est de l’Ukraine. On voit les conséquences : le crash du vol MH17 a fait 298 morts. Vladimir Poutine ne pourra en aucune manière tirer parti de ce drame. 

JOL Press : Quelles sont les marges de manœuvre des Occidentaux face à Moscou ? 
 

Alexandre Melnik : Sur le plan économique, la Russie est un colosse aux pieds d’argile. Sa croissance s’essouffle inexorablement : en avril, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé sa prévision pour 2014 à 0,2% contre 1,3% auparavant. On est loin des 7% de progression annuelle entre 2000 et 2008 (lors des deux derniers mandats de Vladimir Poutine).

On parle toujours de ce que les Occidentaux auraient à perdre à rompre leurs relations économiques avec Moscou. Toutefois, il ne faut pas oublier que la Russie est très dépendante du reste du monde. De fait, son économie souffre de la crise ukrainienne et des sanctions prises contre elle. Les Occidentaux ne doivent pas avoir peur de mettre Moscou sous pression. 

JOL Press : L’Europe risque-t-elle de pâtir de ce crash ? 
 

Alexandre Melnik : De façon indirecte, oui. L’Europe a laissé pourrir la situation en Ukraine. Le moment est venu d’agir et de parler d’une seule voix pour apporter un nouveau souffle à la diplomatie européenne. L’Europe doit renouer avec ses propres valeurs (liberté, respect de la loi etc.) et s’impliquer davantage sur la scène internationale. C’est la survie de l’Union européenne dans le monde global qui est en jeu.

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