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«Créer un dialogue entre Palestiniens et Israéliens via les réseaux sociaux»

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JOL Press : Quel est votre quotidien à Tel-Aviv depuis l’escalade des tensions entre Israël et le Hamas ?
 

Ronny Edry : A Tel-Aviv, nous vivons au rythme de deux à trois attaques par jour. Nous restons à la maison, à proximité des endroits où nous pouvons accéder rapidement à un abri. La situation à Tel-Aviv est relativement calme par rapport au reste d’Israël: au sud, où il y a beaucoup plus d’attaques, à la bande de Gaza sous les bombes. Nous sommes bien sûr sous des attaques de missiles, mais d’autres se trouvent dans des situations bien pires que nous.

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JOL Press : Depuis la mort de trois jeunes israéliens et d’un adolescent palestinien, des messages de haine raciale déferlent sur les réseaux sociaux. Ces outils sont pointés du doigt comme des plateformes qui attisent la haine dans le conflit israélo-palestinien. Votre projet prouve qu’ils peuvent être aussi des espaces pour véhiculer des messages d’espoir et de paix ?
 

Ronny Edry : C’est vrai que depuis quelques jours, les internautes se lâchent sur les réseaux sociaux. Des messages violents déferlent sur les pages…

Mais aujourd’hui, le seul espoir est de réussir à créer une connexion entre les Palestiniens et les Israéliens. Nous vivons dans une réalité où les Palestiniens qui ont la vingtaine ne sont jamais sortis de la bande de Gaza, et n’ont jamais vu un Israélien, à part les avions israéliens qui volent au-dessus de leur tête ou l’armée israélienne.

Même phénomène du côté israélien : la majorité des jeunes n’a jamais rencontré de Palestinien de sa vie. Tout le monde se hait sans pourtant se connaître. Le fait qu’on soit chacun de notre côté attise encore plus la haine. Le premier pas serait de créer un dialogue entre Palestiniens et Israéliens via les réseaux sociaux. Le rêve serait que chaque Israélien ait au moins un ami palestinien sur sa page Facebook. Ce serait le début d’une vraie ouverture vers l’autre, donc le premier pas vers la paix.

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JOL Press :  La fracture dans la société israélienne concernant le conflit israélo-palestinien est-elle palpable ?
 

Ronny Edry : Oui, dans la société israélienne, on sent vraiment qu’il y a une cassure entre Israéliens, une cassure entre la droite et la gauche, entre ceux qui veulent aller jusqu’au bout d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza, et entre le parti de la raison pour qui tout cela ne sert à rien… Il y a déjà eu 200 morts palestiniens.

Je n’avais pas vécu cette cassure dans la société israélienne depuis la mort de Yitzhak Rabin, et j’ai l’impression que nous sommes au bord d’un autre meurtre politique. Depuis que le gouvernement de Benyamin Netanyahu est au pouvoir, aucune mesure sérieuse n’a été prise dans le cadre du processus de paix. Cette guerre est un outil politique : c’est une façon de contourner les vrais problèmes dans le pays.

Pareil du côté du Hamas : plus il y a de morts du côté palestinien, plus le Hamas en sort fortifié, et en tire un appui politique : ils attendent que les Israéliens entrent dans une opération terrestre dans la bande de Gaza.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Ronny Edry est enseignant en graphisme et originaire de Tel Aviv. Il est fondateur du mouvement Israel Loves Iran.

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