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D’irréductibles indépendantismes… à une balkanisation de l’Union?

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En septembre 2013, les Catalans avaient organisé une vaste chaîne humaine pour demander lindépendance de la Catalogne. (Crédit photo: Nito / Shutterstock.com)

Récemment propulsé à la tête du Royaume d’Espagne suite à l’abdication de son père, le roi Felipe VI s’est rendu fin juin en Catalogne, pour son premier voyage en tant que souverain.

« Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? »

Alors que cette communauté autonome du nord-est de l’Espagne souhaite organiser un référendum d’autodétermination le 9 novembre prochain – référendum jugé illégal par Madrid – le roi a tenté de jouer la carte du rapprochement.

« La collaboration sincère et généreuse est la meilleure voie pour répondre aux aspirations légitimes de chacun, pour atteindre de grands objectifs collectifs au bénéfice du bien commun et de l’intérêt général », a-t-il déclaré.

« Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? » sera la première question à laquelle les Catalans seront invités à répondre à l’automne prochain. S’ils répondent « oui », ils devront ensuite dire s’ils souhaitent que l’État soit indépendant, comme l’avait indiqué Artur Mas, président de la Catalogne, en décembre dernier.

En septembre 2013, plus d’1,5 million de personnes s’étaient rassemblées pour former une chaîne humaine de 400 kilomètres, du nord de la Catalogne à la région de Valence, en faveur de l’indépendance. Selon un sondage paru l’année dernière, ils seraient une petite majorité (52,3%) à se prononcer en faveur de l’indépendance.

L’Écosse, proche de l’indépendance

Même son de cloche en Écosse qui, elle, doit se prononcer dès le 18 septembre prochain sur une indépendance du pays, quittant ainsi le Royaume-Uni. Le référendum, rendu possible par la signature des accords d’Edimbourg, en octobre 2012, par le Premier ministre britannique David Cameron et son homologue écossais Alex Salmond, fait l’objet d’une vaste campagne depuis plusieurs mois.

Si le non à l’indépendance semblait au départ l’emporter haut la main, l’écart se resserre. Un sondage publié début juin par le Financial Times donnait le « oui » à 40% et le « non » à 47% (insistant sur une marge d’erreur de 3 points).

L’Écosse, qui a son propre Parlement et « un gouvernement décentralisé qui gère plusieurs secteurs, notamment la santé, l’éducation, l’environnement et la police », rappelle le site Euractiv, est déjà proche de l’indépendance. Même si d’autres secteurs comme la politique économique, les affaires étrangères et la défense sont toujours contrôlés par Londres.

Pour le Premier ministre écossais Alex Salmond, qui milite depuis son accession à la tête du gouvernement en 2007 pour l’indépendance de l’Écosse, la victoire du « oui » permettrait surtout à l’Écosse de se rapprocher de l’Union européenne, boudée par Londres où les eurosceptiques continuent leur poussée.

Vers une intégration européenne ?

Selon Yves Gounin, délégué aux relations internationales du Conseil d’État, si les nationalismes régionaux en Europe, de l’Écosse à la Catalogne, en passant par le Pays Basque et la Flandre, ne sont pas forcément comparables – certains revendiquent l’indépendance quand d’autres se contenteraient d’une plus grande autonomie – il existe toutefois un point commun à l’Écosse et à la Catalogne : « l’aspiration à l’émancipation nationale y va de pair avec l’aspiration à l’intégration européenne », écrivait-il en janvier dernier dans la revue « Politique Etrangère », publiée par l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Un point qui fait pourtant question. Car une indépendance de ces régions pourrait signifier un « retour à la case départ » dans le processus d’adhésion à l’Union européenne. « Une adhésion de ces régions indépendantes à l’UE n’est pas du tout automatique », rappelle à JOL Press Jacques Lippert, directeur adjoint de l’Institut européen des relations internationales (Ieri). « Tous les constitutionnalistes sont d’accord pour dire que si l’on proclame l’indépendance, cela signifie que la région ou l’État quitte l’UE et l’euro, et doit refaire les démarches nécessaires pour y accéder », ajoute-t-il.

Pas les seules

En Europe, Catalogne et Écosse ne sont pas les seules à revendiquer leur indépendance. La Flandre attend de longue date la création d’un État autonome flamand, idée soutenue par le courant séparatiste porté par le parti de la N-VA et mené par l’influent Bart de Wever.

En Italie, la Lega Nord, parti régionaliste, entend – aujourd’hui moins ouvertement – rendre indépendante la Padanie, région du nord située autour du Pô. En Roumanie, c’est la minorité hongroise qui réclame régulièrement l’autonomie du pays Sicule, en Transylvanie roumaine. Plus de 80% des Hongrois de Roumanie soutiendraient cette autonomie, contre 10 à 15% de l’ensemble de la population roumaine.

L’accession à l’indépendance dune de ces régions ne serait néanmoins pas forcément bien accueillie par Bruxelles. Pour Jacques Lippert, ce serait même « ouvrir la boîte de Pandore ».

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