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Iran: les «net-citoyens» dans le collimateur des autorités

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Plus de quatre millions d’internautes sont incrits sur Facebook en Iran, pays où les autorités exercent une censure sur Internet – Photo DR Shutterstock

Deux mois à peine après la condamnation d’une dizaine d’Iraniens pour leurs activités sur Facebook, huit nouveaux utilisateurs du réseau social ont été condamnés à des peines de prison allant de 8 à 21 ans selon l’IRNA, l’agence de presse officielle du pays. Les internautes ont été reconnus coupables de « complot contre la sécurité nationale » en diffusant de la propagande contre les autorités iraniennes.

Répression en ligne

En Iran, l’un des pays les plus connectés du Moyen-Orient, les autorités exercent une féroce répression en ligne : le débit d’Internet est limité, l’accès des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter est interdit, tout comme l’utilisation de la plateforme de partage You Tube, et de toutes autres médias accusés de véhiculer des idées contraires aux valeurs de l’islam.

Contourner la censure

« Officiellement, les Iraniens n’ont pas le droit d’utiliser Facebook, et de manière générale les réseaux sociaux, mais ils trouvent des moyens de braver la censure », explique à JOL Press Thierry Coville, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Iran. Pour contourner les multiples blocages, certains internautes se connectent grâce à un réseau privé et passent par un serveur proxy – un serveur internet intermédiaire – pour contourner les techniques de filtrage des autorités.

« Un rapport de force entre le gouvernement et le ministère de la Justice »

Elu en juin 2013 à la tête de l’Etat, Hassan Rohani, religieux modéré, a appelé le 18 mai dernier le ministère de la Communication à améliorer la vitesse d’accès à Internet. Peu de temps avant, le chef d’Etat avait exhorté à la fin du blocage de WhatsApp, une application mobile qui permet d’échanger gratuitement des messages et des photos, rappelle France 24.  Peu avant son élection, le président iranien avait déclaré qu’à « l’époque de la révolution digitale, il [était ] impossible de gouverner ou vivre dans un état de quarantaine numérique », rapporte France 24.

« Le gouvernement iranien plaide pour que la censure soit levée sur les réseaux sociaux, mais le gouvernement ne contrôle pas la justice en Iran » poursuit Thierry Coville. « Le gouvernement a fait plusieurs déclarations pour discuter avec le ministère de la Justice pour une levée de la censure, qui est pour l’instant toujours en place… Il y a un rapport de force entre le gouvernement qui veut supprimer la censure et le ministère de la justice », ajoute le chercheur.

Tolérance zéro ?

Les ONG et les défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement cette censure du web et l’arrestation des blogueurs, dont l’un des plus connus, Hossein Derakhshan – blogueur irano-canadien surnommé « the blogfather » car considéré comme le père du blog iranien -, condamné à 19 ans de prison pour ses activités sur son blog.

Mais avec quatre millions d’Iraniens inscrits sur Facebook, une « sorte de tolérance » est exercée par le gouvernement, nuance le spécialiste de l’Iran Thierry Coville: « Les Iraniens sont très friands d’Internet, et si le gouvernement commençait à arrêter tous les utilisateurs de Facebook du pays, la situation deviendrait vite ingérable ».

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