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Israël, coupable de crimes de guerre?

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Mme Navi PILLAY, a appelé à une enquête sur les possibles crimes de guerre commis par Tsahal à Gaza, et a dénoncé aussi les « attaques indiscriminées » menées par le Hamas contre des zones civiles.

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a immédiatement décidé de l’envoi d’urgence d’une commission chargée d’enquêter sur les violations qui auraient été commises dans le cadre de l’offensive israélienne à Gaza. Rien, en revanche, sur « les attaques indiscriminées » du Hamas.

On ne peut qu’être consterné par tant d’aveuglement et d’hypocrisie.

Avant tout, une précision s’impose : la mort d’un civil dans un conflit armé est évidemment regrettable. Quels que soient l’âge, la nationalité, la religion de la victime.

Ce rappel incontestable étant posé, revenons aux fondamentaux.

Que sont les crimes de guerre ?

La Cour Pénale Internationale définit les crimes de guerre comme suit : les infractions graves aux Conventions de Genève ainsi que d’autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux et aux conflits « ne présentant pas un caractère international », telles qu’énoncées dans le Statut de Rome, lorsque ces crimes s’inscrivent dans le cadre d’un plan ou d’une politique ou sont commis sur une grande échelle. On peut citer, entre autres, parmi les actes prohibés, notamment:

• le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile ;

• le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des monuments historiques ou des hôpitaux ;

La question qui se pose est donc simple : le gouvernement israélien et/ou Tsahal ont-il intentionnellement visé la population civile gazaouïe et/ou les écoles et/ou les hôpitaux de Gaza ?

La réponse est évidemment non.

Tout d’abord et au risque de choquer – mais la question vaut la peine d’être posée – comment différencie-t-on un « civil » d’un membre du Hamas ? J’exclue bien sûr de cette question les enfants, les vieillards, et les femmes (quoique, des femmes aussi deviennent des terroristes kamikazes).

Dans la mesure où les membres du Hamas ne combattent pas tous en uniforme, comment l’ONU s’y prend-elle pour faire son décompte macabre ? A ce titre, l’Institut de Recherche des Médias du Moyen-Orient (MEMRI) a publié le mardi 22 juillet dernier une traduction de la nouvelle campagne internet du Hamas visant les utilisateurs des réseaux sociaux à Gaza. Le Hamas publie des vidéos et des posts sur Facebook et sur Twitter, apprenant aux Gazaouis à décrire les terroristes comme des civils innocents.

Morceaux choisis (www.memri.fr) :

“Chaque personne tuée ou chaque martyr doit être appelé civil de Gaza ou de Palestine”. “N’oubliez pas de toujours ajouter ‘civil innocent’ ou ‘citoyen innocent’ lorsque vous décrivez ceux qui ont été tués dans des attaques israéliennes sur Gaza”

« [en parlant] à un ami arabe, commencez par le nombre de martyrs. [Mais en parlant] à un ami occidental, commencez par le nombre de blessés et de morts. Veillez à humaniser la souffrance palestinienne ».

Les précautions de Tsahal

Et en admettant malgré tout qu’il ne s’agisse que de civils, il conviendra de rappeler que l’armée israélienne prend soin – ce qui est reconnu par les Gazouis eux-mêmes – d’appeler ou d’envoyer des SMS sur les téléphones portables, de lâcher par avion des tracts, de procéder à des frappes de sommation à blanc prévenant des frappes à venir et de la nécessité d’évacuer tel ou tel quartier dans lesquels le Hamas est actif ou possède des caches d’armes ou des rampes de lancement de missiles. L’armée laisse quelques minutes, parfois quelques dizaines de minutes, aux habitants pour fuir la zone. L’objectif est de réduire au minimum le nombre de victimes civiles, au risque évident de faire fuir aussi les membres du Hamas ou d’autres groupes terroristes, et de ne détruire que les infrastructures.

Soyons objectifs un instant : quelle autre armée, dans quel conflit, a déjà utilisé cette méthode ? Aucune. Jamais. Cela démontre bien que Tsahal ne vise pas intentionnellement la population civile de Gaza. A défaut, elle ne préviendrait pas.

Alors, pourquoi certains civils ne quittent-ils pas les lieux ? Parce que le Hamas leur dit de ne pas le faire, de rester dans le zones concernées, de ne pas obéir aux tracts distribués par Tsahal. Sur Al Aqsa TV (chaîne officielle du Hamas créée en 2006), le porte parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, encourage l’utilisation des civils comme boucliers humains et à se comporter comme des « martyrs ». Pas tous. Le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, s’est installé au Qatar. La guerre contre Israël, oui, mais pas de trop près.

Et pourquoi le Hamas insiste-t-il tant à appeler les civils à rester dans des zones densément peuplées et proches d’écoles ou d’hôpitaux ? Parce qu’il y entrepose des armes ou se sert de ces lieux pour tirer des missiles sur Israël. Parce qu’il se sert d’ambulances pour transporter des armes, parce que plus le nombre de victimes civiles sera élevé, plus la communauté internationale s’indignera et plus le Hamas, qui terrorise sa propre population, pourra apparaître comme la victime du conflit.

Par deux fois en une semaine, l’UNRWA a découvert des stocks de roquettes dans des écoles qu’elle était sensée contrôler ! Et, preuve de sa neutralité, elle a remis ces roquettes au « gouvernement d’unité nationale », c’est-à-dire, à Gaza, au Hamas… lequel continue tous les jours de tirer des missiles sur les villes israéliennes. D’ailleurs, ces tirs de roquettes sur des civils israéliens ne constituent-ils pas un crime de guerre aux termes de la définition de la CPI ?

Une ONU partisane ?

Pourtant, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU n’a pas demandé d’enquête. C’est à désespérer.

Alors que Tsahal peut-elle bien faire ? Rien ? Laisser le Hamas continuer de tirer des missiles sur Israël sans riposter ?

Israël a investi des sommes considérables dans le Dôme de Fer et les abris. Beaucoup de commentateurs du conflit s’indignent du nombre de victimes palestiniennes et semblent reprocher que le bilan tragique ne soit pas plus « équilibré ». On ne peut, c’est vrai, que regretter que des innocents perdent la vie dans ce conflit comme dans les autres. Mais doit-on reprocher à Israël de défendre ses habitants ?

Israël défend ses habitants avec des armes. Le Hamas défend ses armes avec les habitants. Une question de point de vue.

Le Hamas a déclaré que ses missiles ne visaient que les citoyens israéliens juifs et non les arabes israéliens. Les deux victimes directes à déplorer suite aux tirs de roquettes du Hamas sont un père de famille bédouin et un travailleur thaïlandais… Depuis le 8 juillet dernier, 100 roquettes tirées depuis Gaza sont tombées sur Gaza. Les victimes sont-elles considérées comme celles de Tsahal ? L’ONU fait-elle la différence ?

Le 15 septembre 2009, le juge sud-africain Richard Goldstone avait rendu un rapport de 575 pages sur les prétendues violations des lois de la guerre et du droit international par Tsahal lors de l’opération Plomb Durci à Gaza en 2009. Il y reprochait à Israël, entre autres, des attaques sans discrimination dans un quartier comprenant de nombreux civils, disproportion militaire délibérée…

Il aura fallu attendre un an et demi pour qu’il reconnaisse lui-même, en avril 2011, qu’il « ne disposait pas assez d’éléments pour dire avec certitude qu’Israël a tué intentionnellement des civils. » Il a par ailleurs déploré que le Hamas n’ait, quant à lui, mené aucune enquête et qu’avoir escompté qu’il le fasse était une « erreur » (Washington Post, 1er avril 2011). Trop tard. L’impact sur la communauté internationale avait déjà fait ses ravages. Israël était à nouveau l’agresseur. Comme pour d’autres épisodes tragiques de désinformation. Gageons que Mme Pillay aura plus de recul et d’objectivité. La paix passe aussi par l’honnêteté. 

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