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Israël/Hamas: le regard d’un caricaturiste israélien sur le conflit

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JOL Press: Comment dessine-t-on le conflit israélo-palestinien ?

Avi Katz: Nous voyons des dizaines et des dizaines de dessins présentant les Israéliens ou les Arabes comme des monstres sanguinaires, en fonction du camp dans lequel se trouve l’artiste. Cela n’aide personne. Le vrai défi est de comprendre les événements et les différentes problématiques du conflit, de comprendre les sentiments et les souffrances des deux côtés, de connaître les dissensions et d’exprimer tout cela simplement, mais attention, pas de manière simpliste.

JOL Press: Est-il vraiment possible de rester neutre dans ce conflit ?

Avi Katz: Bien sûr que non. Le mieux que nous puissions espérer, c’est d’être équilibré, même si une vision équilibrée est toujours subjective. Un caricaturiste israélien parlera toujours à travers la voix d’Israël, même lorsqu’il critique le gouvernement israélien.

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Autocensure ?
 

JOL Press: Quel est le principal obstacle que vous rencontrez lorsque vous abordez le conflit israélo-palestinien ?

Avi Katz: C’est que le conflit perdure, malheureusement… Nous sommes face aux mêmes événements, aux mêmes espoirs, aux mêmes déceptions et confrontés à de plus en plus de tragédies. Et nous devons pourtant continuer à trouver de nouvelles métaphores et des images : c’est frustrant !

JOL Press: Vous êtes-vous déjà autocensuré dans l’un de vos dessins sur le conflit israélo-palestinien ?

Avi Katz: J’essaie d’éviter de faire de la « pornographie de la mort » en mettant en scène par exemple des enfants démembrés et ensanglantés. Aussi, peu importe mon degré de colère envers certaines personnes que je considère comme mauvaises, je ne les montre pas comme des nazis. Cette comparaison est basse et galvaudée.

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« Critiquer : voilà ce qu’on attend de nous »
 

JOL Press: Quels sont les principaux tabous que vous rencontrez dans votre travail?

Avi Katz: Mes collègues d’autres pays, en particulier les Arabes et musulmans, sont souvent surpris de voir comment, nous, caricaturistes israéliens, pouvons critiquer notre gouvernement, les chefs religieux, et les militaires de manière impitoyable. Mais c’est ce qu’on attend de nous : de critiquer, autrement nous ne faisons pas notre travail. J’ai le plus grand respect pour les caricaturistes qui osent défier l’ordre établi dans leurs pays, alors qu’ils risquent la prison, ou dans certains cas, leurs propres vies.

JOL Press: À votre avis, peut-on rire de tout ?

Avi Katz: Bien sûr. Récemment, lorsque le régime iranien a organisé un concours international de caricatures sur l’Holocauste, mon collègue, Amitai Sandy, a décidé d’organiser une contre-exposition de caricatures sur des juifs antisémites. Si vous riez du mal, vous pouvez le battre. Et si un chef de file ou une institution a peur qu’on se moque de lui, ou d’elle, il ou elle méritent, apparemment, le ridicule.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Né à Philadelphie en 1949, Avi Katz s’installe en Israël après ses études. Ses dessins sont publiés dans plusieurs journaux en Israël – dont le Jerusalem Report – mais aussi à l’international. Il est également membre de Cartooning For Peace.

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