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Le conflit Israël-Gaza vu par un dessinateur censuré par le Hamas

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JOL Press: Pouvez-vous décrire la vie quotidienne à Ramallah ? Pouvez-vous continuer à travailler ?

Baha Boukhari:  Ici, tout le monde vit jour et nuit penché sur les journaux pour savoir ce qu’il se passe dans la bande de Gaza. La tension, la colère et la frustration sont indescriptibles. Le conflit à Gaza est en train de tuer et d’abîmer chaque âme palestinienne.
Évidemment, travailler avec cette douleur n’est pas facile, mais, en même temps, cela m’oblige à remplir mon devoir et mes responsabilités en tant qu’artiste et homme palestinien : m’exprimer sur la triste réalité de l’occupation.

JOL Press: Qu’est-ce qui vous a le plus choqué depuis le début du conflit ?

Baha Boukhari : Comme tout être humain … le plus choquant est de voir le nombre de victimes dans ce conflit : des enfants, des femmes, des personnes âgées, et des handicapés. Tout au long de ma carrière en tant que dessinateur, j’ai souvent été amené à suivre les conflits, mais je n’avais encore jamais vu un conflit qui semble, à ce point, cibler et ne pas tenir compte des civils innocents.

« Un traitement médiatique partial »
 

JOL Press : En tant que dessinateur de presse, que pensez-vous de la couverture médiatique du  conflit entre Israël et le Hamas ?
 

Baha Boukhari: Tout d’abord, je ne peux pas parler de la situation actuelle comme d’un conflit entre Israël et le Hamas, puisqu’il a toujours opposé Israëliens et Palestiniens. Malgré mes différends avec le Hamas, il est l’un des partis palestiniens existants.

En ce qui concerne la couverture médiatique du conflit, notamment dans les médias occidentaux, elle a toujours été partiale et très rarement équilibrée. Presque tous les journaux ont tendance à traiter les Palestiniens et les Israéliens comme deux parties égales. Le noyau du problème est ignoré : il y a un occupant et un occupé, un oppresseur et opprimé dans ce conflit. Cependant, je crois que certaines chaînes commencent à faire la lumière sur la vérité, grâce notamment aux médias sociaux et à la présence des journalistes internationaux sur le terrain.

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« Ne pas tomber dans les stéréotypes »
 

JOL Press:  Quelles limites vous imposez-vous dans votre travail ?
 

Baha Boukhari: Je ne me censure que dans une certaine mesure. Je crois que n’importe quel artiste passe par le processus de filtrage des pensées et des émotions afin de maintenir un certain équilibre, un niveau de professionnalisme et de crédibilité. Il y a une chose sur laquelle je suis très strict : je m’efforce de ne pas tomber dans les stéréotypes.

La principale difficulté est parfois de faire en sorte que mes dessins ne soient pas mal interprétés. J’essaie, par exemple, de souligner au maximum que nous voulons une paix juste, qui ne peut inclure que la fin de toutes formes d’occupation.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Baha Boukhari est un dessinateur de presse palestinien. Il publie ses caricatures au journal Al-Ayyam à Ramallah depuis plus de dix ans. Ses dessins lui ont valu les menaces et représailles du Hamas en 2007. Il est membre de Cartooning for peace.

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