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Les occasions manquées de la diplomatie européenne

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1955: Alors que les Etats-Unis s’enfoncent dans la guerre du Vietnam, en Europe, les premières divergences se font sentir. (Photo:KeithTirrer/shutterstock).

Les tentatives d’une politique de défense commune

Avec le traité de Maastricht, en 1993, a été instaurée l’idée d’une ligne politique commune en matière de défense et de diplomatie. En 2009, le traité de Lisbonne a mis en place la Politique étrangère de sécurité commune (PESC). Elle a pour but la sauvegarde de valeurs communes à l’UE  – notamment le maintien de la paix -, la promotion de la coopération internationale et le renforcement du principe d’Etat de droit.

L’union a également cherché à répondre à la question de Henry Kissinger qui se demandait : «Who do I call if I want to call Europe ? » – « Qui dois-je appeler si je cherche à  joindre l’Europe ? » en français. Ainsi fallait-il véritablement incarner la politique étrangère de l’Union européenne et la rendre plus lisible. Ce fut chose faite en 2009 avec la création du poste de Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, occupé actuellement par Catherine Ashton.

Une cacophonie européenne ?

En matière de diplomatie européenne, l’Union se heurte à plusieurs obstacles:

L’obstacle principal à une politique de défense commune européenne est l’absence d’une vision partagée par l’ensemble des Etats européens. Ainsi, dans les conflits surgissent des divergences diplomatiques fondamentales qui paralysent la mise en place des forces armées.

Le deuxième grand obstacle demeure la coexistence avec l’OTAN (l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et l’ONU (Organisation des Nations Unies). Comme la majorité des Etats européens sont représentés dans ces deux organisations, peu d’interventions ont été portées sous l’égide de l’Union européenne.

Rétrospective des actions européennes

Vietnam-1955: Dans le conflit qui opposait la République Démocratique du Vietnam et le Front National de libération du Sud Vietnam, les Etats européens, qui ne partageaient alors qu’une coopération économique, n’ont pas su se positionner de manière identique face au conflit. Le Général de Gaulle défendait une alternative au bipolarisme Etats-Unis/URSS et s’opposa à toute intervention militaire. La Grande Bretagne quant à elle préféra se ranger du côté des Etats-Unis et défendit leur intervention militaire.

Union des Républiques Socialistes Soviétiques-1990 : Les autorités européennes avaient demandé à s’entretenir avec les autorités soviétiques pour préparer un projet d’aide à l’URSS: une aide économique transitoire vers une économie de marché. Le président de la Commission, Jacques Delors, s’est alors rendu en URSS afin de donner une nouvelle impulsion aux relations avec l’URSS. Une porte s’est ouverte sur une possible collaboration avec des entreprises française mais n’a pas donné suite.

Yougoslavie-1991: La Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance et l’armée fédérale yougoslave (majoritairement serbe) réprime violemment cette initiative. L’Europe, sous l’égide la Communauté Economique Européenne (CEE) se proclame d’abord en faveur d’un maintien de l’Etat yougoslave. Finalement, la CEE devra se réfugier sous l’égide de l’OTAN.

Kosovo-1999: Les deux principales communautés du Kosovo, les Serbes et les Albanais, entrent en conflit en raison de leur conviction d’être chacun l’unique occupant légitime sur le territoire. Le 12 mars 1998, l’Union européenne propose l’intervention d’un médiateur européen qui fut rejetée. Une partie de l’Union se mobilise à travers le Groupe de Contact et décide d’un embargo sur les investissements contre Belgrade. Là encore, l’Union intervient sous mandat de l’OTAN et de l’ONU.

Irak-2003: Le 20 mars, une coalition menée par les Etats-Unis envahit l’Irak de Saddam Hussein. La guerre est marquée par le refus de la France et de l’Allemagne de participer à l’expédition militaire tandis que le Royaume-Uni et l’Espagne prennent part au conflit.

Libye-2011: Des manifestations se déclenchent à Benghazi et deviennent rapidement un soulèvement général. Beaucoup ont déploré le manque d’efficacité et de cohérence de l’Europe dans ce conflit. Réunis à Bruxelles le 11 mars, les leaders européens n’ont pas su se mettre d’accord à l’instar de la France et du Royaume Uni – seul à défendre une zone d’exclusion aérienne et des frappes ciblées sur les forces de Kadhafi. De plus, chacun a tenté de préserver ses propres intérêts, comme l’Italie qui était favorable à un blocus maritime conduit par l’OTAN, essentiellement pour empêcher un exode massif des migrants en Italie.

Centrafrique-2012: La deuxième guerre civile centrafricaine est née des affrontements entre le gouvernement centrafricain et les opposants regroupés au sein de la Seleka (principalement des mercenaires tchadiens, libyens et soudanais d’origine musulmane). Le 5 décembre 2013, l’ONU vota une résolution afin d’envoyer des troupes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). De plus, la force opérationnelle EUFOR-RCA a été déployée par l’Union européenne afin d’assurer la sécurisation de la zone de Bangui. Des forces armées ont été fournies par 23 pays de l’Union européenne et l’entreprise semble être le premier véritable succès d’une diplomatique commune à l’Union européenne.

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