Site icon La Revue Internationale

Qui sont les juifs extrémistes?

[image:1,l]

Mémorial dressé à lemplacement de lassassinat de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un juif extrémiste à Tel Aviv, en 1995. (Crédit photo: Sean Pavone / Shutterstock.com)

Les policiers israéliens en charge de l’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat du jeune Palestinien Mohammed Abou Khdeir, âgé de 16 ans, ont arrêté six suspects.

Parmi eux, trois ont déjà avoué avoir commis le meurtre du jeune Mohammed, retrouvé brûlé vif mercredi dernier près d’un bois de Jérusalem. Selon les enquêteurs, qui souhaitent divulguer le minimum de détails concernant cette affaire, les six suspects sont des « juifs extrémistes ». Selon les médias israéliens, les suspects auraient avoué avoir cherché « un arabe facile à tuer ».

« Jeunes des collines »

Pour le chercheur Olivier Danino, spécialiste des sociétés israélienne et palestinienne, interrogé par JOL Press, l’extrémisme juif représente aujourd’hui « une position minoritaire » dans la société israélienne, « ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de réseaux extrémistes qui tentent des actions terroristes », ajoute-t-il.

Cet extrémisme se trouve aujourd’hui surtout dans les colonies, et notamment au sein de ceux que l’on appelle les « jeunes des collines », mouvements de jeunes colons juifs ultra-orthodoxes qui défendent les colonies sauvages en Cisjordanie.

Certaines actions menées par ces jeunes souvent âgés de moins de vingt ans contre des Arabes israéliens ou palestiniens consistent « la nuit, à aller taguer des graffitis sur des bâtiments arabes, profaner des mosquées, crever des pneus de voitures », explique au Nouvel Observateur le politologue Denis Charbit, professeur à l’Open University de Jérusalem, qui note une augmentation du nombre de ces exactions ces dernières années.

Œil pour œil, dent pour dent

« Ces six juifs extrémistes arrêtés peuvent faire penser à un certain courant, dans les colonies juives en Cisjordanie, de jeunes extrémistes qui à une époque disaient qu’ils allaient rendre œil pour œil et dent pour dent tous les coups qu’ils allaient prendre », explique M. Danino.

« On ne sait pas encore si le meurtre de ce jeune Palestinien est directement lié au meurtre des trois jeunes juifs quelques jours avant, mais a priori, il y a de grandes chances pour que ce soit le cas, vu la concomitance des faits et la réciprocité dans l’horreur », ajoute le chercheur.

Groupes radicaux

Les « jeunes des collines » ne sont pas les seuls mouvements extrémistes en Israël. D’autres groupuscules, assez présents sur les réseaux sociaux, sont également dans la ligne de mire des services de sécurité israéliens.

C’est le cas de l’organisation radicale « Lehava », connue pour sa lutte contre les mariages mixtes – notamment avec les Arabes – ou encore le groupe de supporteurs d’extrême droite du club de football Beitar Jerusalem, « La Familia », connu pour ses fréquents dérapages racistes et son slogan « Mort aux Arabes », récemment entendu lors de manifestations.

Des précédents

Les réseaux extrémistes juifs ont éclaté au grand jour à la fin des années 1980, lorsqu’un groupe terroriste a été démantelé par la police israélienne. Défendant l’utilisation de bombes à Naplouse et Ramallah, en Cisjordanie, « leur objectif était de faire exploser les mosquées du Mont du Temple [ou Esplanade des mosquées, ndlr], parce qu’ils voulaient reconstruire le Vieux Temple de Jérusalem », explique M. Danino.

L’extrémisme juif a également pris le visage de Baruch Goldstein, militant du parti raciste anti-arabe Kach qui, en 1994, tue 29 Palestiniens musulmans en prière dans la mosquée du tombeau des Patriarches, à Hébron. Armé d’un fusil mitrailleur, il en blesse 125 autres avant d’être battu à mort avec un extincteur par des survivants du massacre. Un an plus tard, c’est le jeune extrémiste juif Yigal Amir qui assassine le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin lors d’une manifestation en faveur du processus de paix israélo-palestinien, à Tel Aviv.

Le kahanisme, mouvement qui tire son nom du rabbin Kahane, fondateur du parti Kach aujourd’hui interdit, est toujours « vivant », rappelle Denis Charbit, et continue d’inspirer les groupuscules d’extrême droite.

Aujourd’hui, ceux-ci restent cependant étroitement surveillés par les services de sécurité israéliens qui « ont infiltré ces réseaux-là comme ils ont infiltré des réseaux palestiniens, et les traitent exactement de la même manière », rappelle M. Danino. « Pour eux, ces mouvements représentent avant tout une menace à la sécurité de l’État ».

Quitter la version mobile