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Les coopératives belges s’arment face à l’embargo russe

Des compensations demandées à l’Europe

Pour faire face aux pertes enregistrées dans le secteur de l’agroalimentaire belge, l’Association des coopératives horticoles belges (VBT) compte bien faire entendre sa voix et exiger des compensations financières provenant des instances européennes. A ce titre, la Commission européenne devrait statuer sur les moyens dont elle usera pour compenser les conséquences de l’embargo russe.

Pour Phillipe Appeltans, secrétaire général de la VBT, la situation évolue toutefois dans le mauvais sens. « Ces derniers jours, entre 80% et 85% des poires d’été n’ont pas été vendues. L’augmentation de la consommation en Belgique ne résout pas le problème car 90% des poires sont destinées à l’exportation et seulement 10% au marché intérieur. Et ce qui a été vendu l’est au tiers du prix normal, la situation devient dramatique ».

Afin d’atténuer les effets de l’embargo, l’association avait dans un premier temps décidé d’accroître ses ventes sur d’autres marchés, notamment en Turquie. « C’est vrai mais l’ouverture des nouveaux canaux commerciaux est un travail de longue haleine » déplore Phillipe Appeltans.

« De nombreuses autres opportunités »

Le pessimisme n’est toutefois pas de mise pour les coopératives horticoles belges. En ce qui concerne les poires, « de nombreuses autres opportunités existent », souligne t-on. Dans le meilleur des cas, l’histoire des poires pourrait même demeurer un cas isolé.

« Nous attendons encore une liste avec les produits visés par l’interdiction. Nous savons d’expérience que la Russie travaille avec les codes douaniers spécifiques », explique Phillipe Appeltans. « Par exemple la Pologne [qui fait face déjà depuis plusieurs jours à un embargo russe, ndlr] peut toujours exporter des tomates vers la Russie. Nous temporisons donc quelque peu », précise t-il.

Le secrétaire général de la VBT ne s’alarme donc pas outre mesure pour les cultivateurs belges. « Il n’y a pour ainsi dire aucune exportation en direction de la Russie en août et en septembre. Nous espérons aussi une solution rapide au conflit dans l’est de l’Ukraine », concède t-il.

Mais les producteurs belges nourrissent des espoirs secrets, depuis ce qui se passe en Pologne. En effet, depuis l’instauration de l’embargo russe sur certains fruits et légumes, la consommation a augmenté. « J’ai parlé de cette situation avec un collègue polonais. Depuis l’embargo russe, la demande intérieure y a quadruplé. Il a tout vendu », affirme Phillipe Appeltans.

Si les Belges semblent donc optimistes, les producteurs français ne seront pas forcément épargnés par ce boycott général. Un producteur français, installé à Avignon dans le Vaucluse, a ainsi raconté réaliser jusqu’à 80% de son chiffre d’affaires en exportant ses pommes en Russie. Un autre redoutait l’embargo russe et craignait pour son entreprise de sept salariés. L’exemple belge devrait donc nous inspirer.

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